Bernard Zeller vient de publier un ouvrage préfacé par le professeur Olivier Dard, dans lequel il présente et annonce le compte rendu intégral du procès du commandant de Saint Marc. Il a accepté de répondre aux questions du Salon beige :
Vous publiez un nouveau livre sur le commandant de Saint-Marc. Qu’apporte de nouveau cet ouvrage, notamment par rapport aux Champs de braise, les Mémoires d’Hélie de Saint Marc ?
Par rapport aux ouvrages d’Hélie de Saint Marc publiés à ce jour, le compte rendu de son procès et, plus spécialement, les dépositions des témoins apportent sur le commandant du 1er R.E.P. les appréciations de ses camarades de déportation comme celles de ses camarades de la Légion et de l’armée et aussi celles, plus inattendues, de grands reporters présents à Alger lors des quatre journées d’avril 1961. La question que pose le défenseur d’Hélie de Saint Marc à nombre de témoins est celle-ci : Pouvez-vous dire au tribunal ce que vous pensez du commandant de Saint Marc ? Et ils disent ce que celui-ci, par modestie, ne pouvait écrire.
De plus, les divers témoins fournissent des détails inédits sur l’investissement de la ville d’Alger dans la nuit du 21 au 22 avril 1961 ainsi que sur les évènements qui suivirent.
Le procès a une puissance dramatique que les récits ou les mémoires n’ont pas. C’est une pièce en plusieurs actes dont on ne connaît le dénouement qu’à la toute dernière minute.
Pourquoi revenir sur le procès de l’ancien commandant du 1er REP, alors qu’il a été réhabilité ?
Je ne sais si l’on peut parler au sens juridique de réhabilitation. Moralement, il est sûr que la Grand’Croix de la Légion d’honneur décernée en 2011 par le président de la République a été une distinction pouvant être assimilée à une réhabilitation. Mais le procès du commandant de Saint Marc est celui d’un homme qui a eu à choisir entre l’obéissance et l’honneur. Ce choix à faire est intemporel. C’est Antigone face à Créon. Nombreux sont ceux qui ne choisissent pas.
A l’heure où un certain nombre d’officiers, et notamment d’officiers généraux, sonnent publiquement le tocsin en raison du délitement de la France, que peut apporter l’exemple du Cdt de Saint-Marc ?
L’exemple d’une totale honnêteté intellectuelle et morale. Quand, à Buchenwald, court le bruit qu’il pourrait être proposé à certains détenus de choisir le statut infiniment plus favorable du S.T.O., Saint Marc réagit vivement malgré son état physique très dégradé : « Il n’en est pas question ! »
L’exemple aussi, bien entendu, du courage. Une vertu peu pratiquée de nos jours. Nous avons besoin aujourd’hui de courage et d’honnêteté. Sans cela, nous ne pouvons rien bâtir de solide.
Saint Marc a réfléchi et a choisi.
Si le pouvoir s’avère incapable de rétablir l’ordre public, faut-il espérer un putsch militaire ?
La fronde des généraux de 1961 n’était pas un putsch ; c’était une révolte. Un putsch est une prise du pouvoir politique par des militaires et cela se termine toujours mal, à court ou à long terme. En France, ce serait la guerre civile et il n’y a pas plus atroce qu’une guerre civile. Ce ne peut être en aucun cas la solution à apporter à une poursuite de la dégradation de la situation que connaît la France. La solution ne peut être que politique, résultant du choix des Français : la France veut-elle vivre ou accepte-t-elle de mourir ?
CesarevitchAlexei
J’ai eu l’honneur de rencontrer saint-Marc : un regard lumineux, une voix envoutante, une humilité déconcertante, des propos qui élevaient l’âme…et surtout une conviction qui firent de cet homme moins un “putschiste antinational “que la personification de la fidélité à la parole donnée quand de Gaulle et ses ministres bradaient l’empire après avoir menti à tout le monde.