Les cris d’indignation suite à l'attentat contre les bureaux de Charlie Hebdo ont interpellé l'hebdomadaire « Minute », qui a connu une quinzaine d'attentats depuis sa fondation en 1962. Quinze actes qui avaient suscité une compassion bien plus mesurée de la part de la classe politico-médiatique. Thierry Normand écrit :
"Rappelez- vous: 2 décembre 1963. « Minute » existe depuis un peu plus d’un an. Un incendie criminel dévaste ses locaux. Il faudra attendre dix-sept ans pour apprendre que l’opération a été montée par les services secrets. Motif: « Minute » détiendrait des documents relevant de la défense nationale. 30 juin 1968. Une bombe de forte puissance explose au domicile du co-fondateur de « Minute », Jean-François Devay. Auteurs présumés: les barbouzes. La violence va monter en intensité. Le 14 mai 1971, attaque contre les nouveaux locaux de « Minute », rue Marceau à Paris. Un commando glisse une bombe dans le soupirail menant aux soutes à mazout et jette deux cocktails Molotov contre la porte d’entrée du journal. L’attentat est revendiqué par un mouvement gauchiste, « Nouvelle résistance populaire ». « Le Nouvel Obs » lui ouvre ses colonnes pour qu’il justifie son acte.
15 juin 1972. Un éboueur algérien, Saïd Mekki, ramasse un paquet devant le portail du domicile de François Brigneau, éditorialiste de « Minute ». C’est une bombe qui explose. Le malheureux a une main arrachée et l’autre broyée. Il faut l’énucléer et il restera aveugle. Le maire Jean-Pierre Fourcade, futur ministre des Finances de Giscard d’Estaing, ne se manifeste ni auprès de la victime, ni auprès de François Brigneau. 30 août 1974. Une 4L piégée explose devant le journal à 2 heures du matin. L’attentat est revendiqué par des terroristes palestiniens. Six mois plus tard, une nouvelle bombe explose. L’enquête aboutira au terroriste international Carlos.
19 août 1982 et 13 avril 1985. Les terroristes d’extrême gauche d’Action directe font exploser les locaux de « Minute » à deux reprises. Cinq kilos d’explosifs pour le second attentat! Jamais la charge n’a été aussi importante. L’immeuble manque de s’effondrer. Seule bonne surprise, pour cet attentat: les mots de soutien de François Léotard, de Jacques Toubon et de… Jacques Chirac […]. Pierre Joxe, ministre socialiste de l’Intérieur, lui, s’était rendu sur place pour jeter un coup d’oeil, mais n’avait pas eu la délicatesse de saluer le directeur du journal au milieu des décombres… On sourit donc un peu, aujourd’hui, en voyant les « pucelles satiristes » de « Charlie hebdo » aller faire lécher leurs plaies de radios en plateaux télé – encore tout étonnés qu’ils sont d’avoir vraiment déplu. Pour la première fois."