C'est la question que pose de façon très pertinente Gabrielle Cluzel ce matin :
"Un rapport vient d’être rendu par l’UNICEF au gouvernement : « Adolescents en France : le grand malaise. » Selon cette étude, 43 % des adolescents français seraient en état de « détresse psychologique ».
On peut s’interroger sur la pertinence de la démarche. Autant demander aux pensionnaires d’une maison de retraite s’ils ne ressentent pas quelques misères physiques et s’esbaubir du résultat. À 81 % des ados sondés, il arrive d’être triste ou « cafardeux » ? Ils ont leur âge, en somme. Que celui qui n’a jamais caressé une demi-seconde l’idée, après avoir été humilié par un prof, de se suicider pour donner à celui-ci des remords éternels — imaginant déjà tous ses condisciples, oui, même les caïds qui ne le regardent jamais, une fleur blanche à la main devant son cercueil — lève la main. Heureusement, il y a loin de la pensée à l’acte.
On peut se demander si l’absence de « grand malaise » autrefois n’était pas simplement défaut de thermomètre – on ne se piquait pas tant alors de psychologie enfantine — ou si ces souffrances morales ne sont pas d’inévitables douleurs de croissance, au même titre que les élancements nocturnes dans les jambes.
Ces réserves faites, on peut aussi accorder quelque crédit à l’UNICEF… en lui conseillant de regarder en direction de l’école, où nos ados passent le plus clair de leur temps. École française républicaine où ils font peut-être une overdose de liberté, d’égalité, de fraternité ?
Égalité des notes, que l’on veut progressivement supprimer : plus moyen de se distinguer par le travail. Or, disons-le cyniquement, un 20 ne vaut que par le zéro des autres. L’école des fans manque d’attrait passé la maternelle. Dès lors, ce n’est plus le mérite qui vous fait sortir du lot, mais des qualités sur lesquelles vous n’avez, hélas, aucune prise : charisme personnel, physique avantageux, fortune des parents par laquelle on a vêtements et high-tech dernier cri.
Égalité des sexes, dans une mixité confuse dont personne ne sort gagnant. Les garçons y seraient « castrés » par des filles dominatrices et fortes en thème, prétendent certains comme Éric Zemmour, mais les filles ne sont pas à la fête non plus. Au collège, la précocité dans les études est souvent inversement proportionnelle à celle de la puberté. Sur le même pupitre, de grands gaillards en échec scolaire – presque des hommes – se retrouvent serrés contre de frêles tendrons. De peur des sous-entendus graveleux, celles-ci préfèrent ne plus lever le doigt. Pour se défendre, elles n’ont d’autre choix que d’assimiler le dialecte vernaculaire : les insultes ordurières. Mais le combat est vain. Nul ne contestera que le garçon a, dans ce domaine, un sens de la formule plus inné que la fille. Et cette « liberté de langage » n’est bridée par personne.
Les autres libertés non plus, d’ailleurs. Or, la liberté dans une cour de récréation porte un nom : la loi de la jungle. L’UNICEF s’étonne donc que les jeunes souffrent « d’insécurité » ? Sans parler, bien sûr, de la liberté sexuelle, encouragée pourvu qu’elle soit aseptisée. Mais une sexualité trop précoce est comme un bon roman lu trop tôt : c’est décevant et le charme de la découverte en est défloré pour la vie.
Trop de fraternité, enfin : il faut travailler en groupe. Monter des projets communs. Partir en voyage scolaire. Faire connaissance à marche forcée avec « l’autre » quand on n’a pas seulement fait connaissance avec soi-même. Les « empruntés », les « introvertis » sont regardés de travers. Et l’UNICEF déplore l’importance démesurée des réseaux sociaux ?
Et si, plus que les ados, l’école était en « détresse psychologique » ?"
louise
pauvres ados, il n’y aura personne pour pleurer avec eux sur la tyrannie du look, de l’ambition et du superficiel,
et leur dire qu’ils ont raison d’être malades de devoir étouffer leur idéal et leurs valeurs,
et que bientôt, leurs sanglots donneront de magnifiques moissons ?
Nad
Il n’y a pas que l’école qui pourrait expliquer ce malaise, l’ambiance familial aussi. Sentiment d’insécurité ? Oui, tu m’étonnes quand tes parents divorcent tous les 5 ans…
grami
aucune mère de famille ne traite ses enfants avec une égalité absolue : le bébé a son biberon pendant que le plus grand tient son petit Lu à la main. Le petit est sur les bras ou dans sa poussette quand les autres marchent fièrement.L’égalité est irréaliste, elle est nuisible en famille parce que chacun réagit à sa façon, avec ses moyens : de coeur, de tête, de corps. Elle est nuisible à l’école parce que l’éducation ne fonctionne que personnalisée puisque chacun comprend à sa façon.
ODE
de manière très basique en effet, dans une école au niveau correct aujourd’hui, quand un enfant comprend ce qu’on lui raconte il est très facilement en tête de classe. Au bout de plusieurs années, les parents ne peuvent que se demander pour quelle raison ils laissent leur enfant végéter plusieurs heures par jour dans un lieu où il n’apprend pas grand chose (les programmes à l’école, c’est beaucoup de redites d’une année sur l’autre), ou mal (voir les programmes d’histoire au collège, ou d’arts plastiques). Ce qu’ils apprennent vraiment, c’est un comportement vulgaire, et tout un stock de gros mots. Plus des images ou videos pornographiques.
Ecoles hors contrat alors? Elles sont souvent chères, les classes sont faites souvent par des parents pas très qualifiés, du coup l’ouverture intellectuelle en prend un coup. On tend à y privilégier la cohérence éducative au détriment de l’ouverture intellectuelle, ce qui est dommage, car on fait des générations de chrétiens un peu bornés intellectuellement.
Restent quelques écoles publiques de qualité car situées dans les beaux quartiers des grandes villes. Ou l’idéal: avoir les moyens de payer un précepteur à ses enfants…
Bref, ce n’est pas la gloire. C’est même un énorme retour en arrière, sauf que maintenant on est coincés avec des structures démentes, tentaculaires, indépassables, des locaux, des habitudes. Pour toutes les générations encore cultivées et intelligentes, ça doit faire mal au cœur de voir ça.
Marie Béthanie
A “Ode”, sur les écoles hors contrat : elles sont de moins en moins onéreuses, même si pour certaines familles elles restent inabordables en comparaison de la gratuité du public (Jules Ferry savait très bien ce qu’il faisait en introduisant la gratuité). D’autre part, la qualité de l’enseignement s’améliore dans ces écoles d’année en année, notamment grâce à l’accent mis sur la formation des instituteurs du hors contrat, je pense en particulier à l’excellent ILFM d’Anne Coffinier (http://www.ilfm-formation.com/), qui forme tous les ans des promotions d’instituteurs de qualité, qui remplacent peu à peu les malheureux parents dont ce n’est pas forcément la vocation. Les écoles hors contrat se multiplient; pour moi, l’avenir de l’école est sans doute là. Du moins, tant que “l’école de la république” sera ce qu’elle est.
Amicalement. M.B.
Hilgegarde
Cette détresse des adolescents n’est pas seulement propre aux jeunes Français. C’est extrêmement grave et douloureux.
Le manque d’amour et nos sociétés malades adonnées à une fausse liberté en sont sûrement des grandes causes. Nous voici devenus un numéro pour les puissants, une chose à dominer quand ce n’est pas à détruire.
La décomposition de tant de familles soutenue par les psychologues modernes, les lois infanticides,la décadence organisée des moeurs sans cesse en vue sur les écrans, la volonté de faire disparaître l’identité des peuples, la dictature de la rupture entre les générations, (1er, 2 eme, 3 eme âge….et plus). C’est la perte d’une certaine harmonie familiale au sens large du terme qui s’effondre et veut être remplacée par les décisions et lois des états sans Dieu, de plus en plus totalitaires. Il y a de quoi sentir une profonde détresse dont seule la Foi en Notre Seigneur peut sauver et relever notre courage.
Les jeunes ont besoin de donner leur vie pour un grand idéal qui les prenne corps et âme, or tout est humainement mis en oeuvre pour empêcher cela. Et un grand idéal peut simplement vouloir fonder une famille. Ou entrer en religion.
Il faut prier beaucoup pour les enfants, pour la jeunesse, que la Très Sainte Vierge Marie protège et défende ses enfants que veut lui soustraire le Malin.