A son tour, Thierry Boutet réagit à ce qu'il qualifie "d'anti FN primaire":
"En déclarant : « Le FN c’est le rejet de la différence, de l’étranger, le rejet de l’Europe, de la mondialisation, le repli, la préférence nationale. L’Église, par ses écrits, sa doctrine sociale, son universalité, c’est l’accueil, le partage, l’ouverture », l’homme politique et le prêtre confondent une nouvelle fois deux questions différentes. Le cardinal Barbarin le rappelait dernièrement, l’Église est toujours du côté de l’immigré, du pauvre, de celui qui frappe à la porte. Mais cela ne signifie pas que le politique n’ait pas le devoir de faire respecter l’ordre public. C’est de cela qu’il s’agit quand une minorité de fondamentalistes terrorise sa propre communauté dont l’immense majorité ne souhaite que s’intégrer. Assurer ce respect de l’ordre public passe par un ensemble de mesures dont certaines, en effet, ne sont pas douces, sympathiques ni gentilles. La fermeté aussi peut-être évangélique.
Étienne Pinte et Jacques Turck reconnaissent qu’il existe des problèmes. Mais que proposent-ils en dehors de l’accueil et du dialogue ? Pour dialoguer il faut être deux. Certains musulmans n’en ont aucun désir. Dans ce cas, que peux faire la République ? Leur dire « faites comme vous voulez, continuez de détruire, de haïr la France et d’obliger les autres à suivre vos prescriptions religieuses et votre lecture fondamentaliste du Coran », ou bien fixer des limites ? Or, à lire Étienne Pinte et le Père Jacques Turck, chaque fois qu’un responsable politique dit « stop » ou adresse un message légitimement plus menaçant, il ferait le jeu du FN. Un FN qui n’est que rejet en bloc de « la différence, de l’étranger, le rejet de l’Europe, de la mondialisation, le repli, la préférence nationale. »
Là encore cet amalgame n’est pas honnête car on ne parle pas de réalités de même nature. « L’étranger », est ici un concept si large qu’il en est creux. Quel étranger rejette le FN ? Celui qui détruit les cages d’escalier ou celui qui, levé tôt, les reconstruit le matin. À supposer qu’ils soient l’un et l’autre de confession musulmane, ce ne sont pas les mêmes. Et pourquoi n’aurait-on pas une attitude différente avec les uns et les autres. La justice, c’est aussi de protéger les faibles contre les truands, fussent-il religieux.
Rejeter l’Europe, la mondialisation ? Laquelle ? Même Benoît XVI met en garde comme une mauvaise mondialisation et une fausse conception de la construction européenne. Est-il lui aussi dans « le repli et la préférence nationale ».
Et la préférence nationale, parlons en… Est-elle nécessairement immorale ?"