Eric Mestrallet, président de la Fondation Espérance banlieues, publie dans Le Figaro une lettre ouverte au président sur la liberté scolaire. Extrait :
"[…] la Fondation Espérance banlieues développe depuis 2012 des écoles bien spécifiques pour répondre à la grande urgence éducative qui caractérise certains quartiers. L'objectif de ces écoles-collèges innovants est de faire aimer la France à ces jeunes pour qu'ils aient envie de s'y intégrer et d'apporter une contribution positive à la vie de notre pays. Outre leurs méthodes éducatives originales, elles se distinguent aussi par des méthodes et progressions pédagogiques spécifiques. Elles ont fait le choix de prendre le temps qu'il faut pour faire assimiler les matières fondamentales que sont le français, les mathématiques et l'histoire à tous leurs élèves. Pas question d'avancer au pas de course pour couvrir à tout prix des programmes très extensifs alors que l'essentiel n'est pas acquis! Car toutes les matières ne sont pas équivalentes, et il n'est pas efficace pédagogiquement de disperser l'attention des enfants ayant des difficultés scolaires entre trop d'apprentissages différents. Ainsi, apprendre l'arabe à des enfants qui ne maîtrisent pas bien la langue française ne revêt aucun caractère d'urgence.
Les écoles Espérance banlieues ont rencontré un très grand succès sur le terrain et constituent aujourd'hui un véritable espoir par les solutions qu'elles apportent. De nombreux projets d'ouverture sont en préparation pour la rentrée partout en France. Elles méritent le soutien de la République par les missions de service public qu'elles assument au profit des plus défavorisés.
Et pourtant, c'est tout le contraire qui se passe puisque nous apprenons que votre propre Ministre de l'Education nationale prépare un décret qui entend réduire la liberté de programme des établissements hors contrat, et qui, s'il doit effectivement le jour, aura pour conséquence directe de rendre impossible le développement d'écoles Espérance banlieues. En effet, il est prévu que les inspecteurs vérifient désormais à chaque fin de cycle (donc en CE2, 6ème et 3ème) que les élèves ont bien acquis les mêmes choses que les programmes obligatoires de l'Education nationale. Que restera-t-il de notre liberté pédagogique si nous n'avons plus le choix du moment d'introduire telle ou telle matière secondaire par exemple? Nous avons besoin de pouvoir adapter notre progression pédagogique non par rapport à un programme officiel défini à coup de circulaires administratives mais aux besoins réels de chacun de nos élèves sur le terrain, dans le respect bien sûr des objectifs du Socle commun de connaissances défini par l'Etat. Si un enfant ne maîtrise pas la lecture et l'écriture en 6ème- situation qui n'a rien d'improbable hélas-, rien n'est plus urgent et fondamental que de lui apprendre à maîtriser l'écriture et la lecture. Et vouloir lui administrer le programme normal serait criminel. Peu importent la SVT ou la technologie tant qu'il ne sait pas lire et écrire. Il rattrapera vite son retard plus tard si aujourd'hui nous osons nous donner le temps de lui transmettre l'essentiel pour qu'il accède à l'autonomie des apprentissages. […]"