A l'occasion de l'élection présidentielle, Famille & éducation a interrogé les cinq principaux candidats pour connaître leurs réponses aux propositions formulées par l'Apel ainsi que les principaux points de leur programme concernant l'éducation. Les réponses sont ici. Extraits sur l'autonomie des établissements :
François Fillon :
"Notre école est malade de la bureaucratisation et du pédagogisme : à force de refuser de faire confiance aux enseignants, aux parents et aux établissements, on obtient des résultats médiocres dans les évaluations internationales. C’est pourquoi mon projet consiste à changer l’organisation du système en accordant aux établissements des marges de liberté et de responsabilité nouvelles, notamment en matière de ressources humaines. Je veux donc confier progressivement aux chefs d’établissement du second degré public le recrutement des professeurs sur la base de l’adhésion au projet éducatif et pédagogique de l’établissement. Le choix des méthodes d’apprentissage sera, lui aussi, confié aux équipes pédagogiques. La contrepartie de cette liberté nouvelle doit être une évaluation rigoureuse et indépendante des résultats des établissements, qui seront transmis aux familles."
Marine Le Pen :
"Je suis extrêmement attachée aux services publics, particulièrement à celui d’éducation. Or pour que les services publics accomplissent leurs missions, il est essentiel qu’ils soient administrés à partir d’un centre, l’État stratège, et que ses agents aient le statut de fonctionnaires d’État. C’est pourquoi, je suis opposée à une plus grande autonomie des établissements scolaires. Ce n’est pas en effet au niveau des établissements que doit s’opérer le recrutement des enseignants, mais par le biais de concours nationaux. Et ce n’est pas non plus à ce niveau que doivent être décidés les contenus enseignés ou les orientations pédagogiques, mais par des directives et des programmes nationaux. C’est enfin à une instance interne à l’Éducation nationale, où les enseignants de terrain seront pleinement représentés, qu’il appartiendra d’évaluer les effets de la politique scolaire conduite."
Emmanuel Macron :
"Les chefs d’établissement disposent de trop faibles marges de manœuvre pour individualiser les parcours et adapter les enseignements à leurs élèves. Nous proposons que les programmes et les horaires consacrés à chaque discipline restent définis nationalement mais, par exemple au collège, que 20 % des heures soient véritablement rendues. Dès la rentrée scolaire 2018-2019, nous souhaitons rendre possible l’expérimentation d’une part d’autonomie de recrutement pour des établissements pilotes – volontaires –, principalement en éducation prioritaire. Tous les trois ans, chaque collège et chaque lycée bénéficiera d’un diagnostic qui embrassera l’ensemble de ses missions (enseignement, résultats et progrès des élèves, projets pédagogiques, infrastructures, etc.). Il mobilisera l’équipe de direction, conduite par le chef d’établissement, véritable chef de file du diagnostic de son établissement et responsable de la mise en œuvre des recommmandations, et l’équipe pédagogique. Les parents et les élèves seront également consultés."
Benoît Hamon :
"Qu’entend-on par autonomie ? S’il s’agit de considérer les enseignants comme des professionnels à qui il faut faire confiance pour trouver les réponses aux besoins de leurs élèves, j’y suis favorable. J’y suis farouchement opposé, s’il s’agit de supprimer le caractère national de l’éducation en mettant en concurrence les établissements. Lier les méthodes d’apprentissage et les résultats n’est pas une bonne façon de poser la question du défi que doit relever l’école française : reconstruire une égalité des chances. Je veux mettre au premier plan les conditions dans lesquelles les enseignants travaillent."
Jean-Luc Mélenchon :
"Laisser les chefs d'établissement choisir leurs enseignants ? Cette mesure parachèverait “l’autonomie” des établissements. Nous en constatons pourtant les échecs : aggravation des inégalités, concurrence exacerbée entre personnels, dépossession du métier d’enseignant, contrôles hiérarchiques. Elle aggraverait la précarité des personnels et serait contraire au principe d’égalité de traitement de notre projet républicain pour l’école."