De Laurent Dandrieu dans Valeurs actuelles :
"Au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, il fut un (court) temps question de mener une “politique de civilisation”, concept intéressant disparu aussi vite qu’apparu. La civilisation, pour aller vite, c’est le processus qui permet de savoir d’où l’on vient, afin de pouvoir savoir où l’on va. Comment donc pourrait-on mener une “politique de civilisation” quand tout est fait par ailleurs pour que l’individu moderne ne sache plus d’où il vient ?
Quand tout, des plaques d’immatriculation automobiles aux programmes scolaires, conspire à en faire un nomade sans appartenance et sans mémoire ? Dans un récent recueil d’annotations portées par des professeurs sur leurs élèves (les Perles des bulletins de note, éditions Jean-Claude Gawsevitch), on relevait cette remarque désabusée d’un professeur sur l’un de ses lycéens : « Année sans histoire… et sans géographie non plus d’ailleurs. » Boutade qui, comme toujours, est plus vraie qu’elle ne le croit. En effet, comme nous l’apprend une récente tribune de Rémy Knafou publiée dans le Monde du 5 octobre, les programmes de géographie des classes de première entrés en vigueur en septembre 2011 consacrent ni plus ni moins que la disparition de la France en tant que telle : « L’entité “France”, celle de la République française, a purement et simplement disparu au profit de deux autres niveaux : le niveau européen, d’un côté, et celui des territoires qui composent la France, de l’autre, la part belle étant faite aux “territoires de proximité” », explique ce professeur émérite de la Sorbonne. […]
On dit célébrer l’identité européenne, mais on édite un agenda ponctué des fêtes du monde entier… à l’exception des chrétiennes. On voudrait que les Français délaissent les délices de la repentance pour retrouver une certaine fierté nationale, mais on les prive, dans les manuels d’histoire, des grandes figures du passé, Clovis, Jeanne d’Arc ou Louis XIV, pour les entretenir du Monomotapa et des beautés de la civilisation dogon. On les somme d’agir en acteurs économiques responsables de la planète, mais on ne leur présente, sur les billets de banque, qu’un monde imaginaire et abstrait : ponts qui ne conduisent nulle part, vitraux vierges de toute représentation qui n’éclairent aucune cathédrale, absence de toute figure identifiable conduisent à se considérer comme une monade anonyme, le rouage impersonnel d’un système sans visage. […]
On fabrique surtout des générations de déracinés, balayés par la première bourrasque faute d’avoir la moindre fondation, propres à former les gros bataillons de la barbarie qui vient.
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On peut remarquer aussi que dans le programme d’histoire consacré à l’Afrique, ce n’est pas l’empire millénaire et chrétien de l’Éthiopie dont de nombreux Africains noirs pourraient être fiers car son histoire est très remarquable sur le continent noir et même comme entité civilisationnelle et de résistance aux invasions, qui a été choisi. Là encore ce n’est pas par hasard.
l'anarcho
Mais nos propres élites ne savent plus ce qu’est être Français et aussi ce qui sépare l’homme de la femme avec cette théorie américaine du gender… En fait, la France s’américanise à vitesse grand V…
trahoir
On attend avec impatience les chapitres sur Saint Augustin et Sainte Monique.
SD-Vintage
Malheureusement, on peut en dire autant du catéchisme. Il y a une vingtaine d’années, Michel Tournier regrettait que l’on n’enseigna pas les pères de l’Église au catéchisme. Malheureusement, il n’y a pas eu d’évolution depuis lors. Comme si le but de nos élites en général était de fabriquer un peuple amnésique, sans histoire et sans repères.