Certains catholiques (ici et là), trompés par la propagande des idéologues, en viennent à croire, comme Najat Vallaud-Belkacem, qu'il n'existe pas de théorie du genre mais des théories du genre. Sur la distinction entre la bonne théorie du genre et la mauvaise, je vous renvoie au sketch des Inconnus sur les chasseurs…
Disons le tout net : nous récusons le terme de théorie à ce qui n'est qu'une idéologie. Parler de théorie c'est donner une once de légitimité à un système pervers.
Sur ce sujet, il est utile de lire et relire ce qu'enseigne l'Eglise depuis assez longtemps, soit avant que nous prenions conscience de l'existence et de la nocivité de cette idéologie. Paru en juin 2005, le Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques élaboré par le Conseil Pontifical pour la famille conserve toute sa pertinence aujourd’hui, notamment pour évoquer la question du Gender. Ouvrez-le de la page 559 à la page 594 : vous aurez ainsi exploré dans un détail tout à fait suffisant l’idéologie du Gender, que le Lexique explicite au long de trois articles complémentaires. Et si vous ne l’avez pas, rien n’empêche de se le procurer.
Sur la question du Gender, Oscar Alzamora Revoredo (1929-1999), religieux marianiste et évêque péruvien, écrivait notamment en introduction du thème :
«derrière l’utilisation toujours plus répandue de l’expression « genre », au lieu du mot « sexe », se cache une idéologie qui cherche à éliminer l’idée que les être humains se divisent en deux sexes. Cette idéologie veut affirmer que les différences entre l’homme et la femme, au-delà des évidentes différences anatomiques, ne correspondent pas à une nature fixe, mais sont des produits de la culture et d’une époque.»
Mais l’Eglise avait dénoncé l’idéologie du genre bien avant ce Lexique. C’était en 1995 à la conférence de l’ONU sur les femmes à Pékin. Comme Paul VI sur la contraception, saint Jean-Paul II avait été prophète en la matière. Il a publié une Lettre aux familles avant la conférence du Caire, et une Lettre aux femmes avant la conférence de Pékin. C'est lors de ces conférences que l'idéologies du genre est sortie des cercles intellectuels pour s'introduire dans le combat politique.
Mgr Tony Anatrella, psychanalyste et spécialiste en psychiatrie sociale, consulteur du Conseil pontifical pour la famille et du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé. Il travaille, entre autres, les questions relatives à l'idéologie du genre auprès de plusieurs dicastères romains. Il expliquait en 2009 :
"La théorie du genre présente les relations entre les hommes et les femmes en termes de pouvoir, de rivalité et d'opposition là où, d'une façon réaliste, elles se conçoivent dans la solidarité, la coopération et la complémentarité. Cette théorie désolidarise l'homme de la femme et prétend que les hommes ont, de tout temps, dominé les femmes. Autrement dit, l'inégalité entre les sexes est le produit des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes (un genre domine l'autre). Ainsi, on préfère parler de genre masculin ou féminin, voire d'un genre neutre qui inclut les orientations sexuelles, plutôt que d'homme et de femme car on considère que le genre masculin et le genre féminin, ou encore la différence sexuelle, ne sont que des constructions culturelles de pouvoir. L'identité personnelle du sujet est évacuée puisque l'homme et la femme ne sont que des productions sociales.
La théorie du genre est une idéologie sociologisante produite par les sciences humaines dans laquelle on retrouve des aspects de la dialectique marxiste. La différence sexuelle est devenue la nouvelle caractéristique de la lutte des classes sexuelles dont il faut se libérer. Il faut même délivrer la société de ses normes hétérosexuelles afin de faire droits aux revendications des personnes homosexuelles. Au nom de l'égalité, nous sommes invités à ne plus faire référence à la catégorie même de sexe. Dans un premier temps, on distinguait le sexe du genre, actuellement on franchit une limite supplémentaire en abandonnant le sexe pour le genre. Il faut donc déconstruire tout ce qui peut rappeler les normes d'une société fondée sur la différence sexuelle, ne plus parler de père, de mère, de mariage et de la filiation enracinée sur des rapports biologiques. La famille sociale serait privilégiée au détriment de la famille biologique. Ainsi pour favoriser le mariage entre personnes de même sexe, le Québec a rayé dans son Code civil les notions de « père » et de « mère » au bénéfice de la notion étrange et confuse de « pourvoyeur de forces génétiques »".
En 2008, le même déclarait que
"La théorie du genre est plus pernicieuse que le marxisme et, sous couvert de libération subjective de la différence sexuelle, elle prépare de nouvelles aliénations que l'on retrouve dans la plupart des séries télévisées qui banalisent les confusions du genre. Elle provoquera davantage de dégâts que le marxisme en altérant la symbolique conjugale et familiale qui a mis des siècles pour se construire. […]
La philosophie irréaliste du genre soutien ainsi une vision éclatée de la parenté du géniteur (le créateur de l'enfant), distincte de la parenté sociale (celui qui donne le nom) de la parenté éducative (celui qui éduque l'enfant) sous le seul prétexte du divorce ou de l'existence de familles dite monoparentales ou recomposées (cette dernière étant une fiction de langage car l'enfant n'a pas plusieurs familles). Autrement dit, faute d'une vision sur le sens du mariage, du couple et de la famille se sont les mœurs qui feraient la loi."
Mgr Anatrella est souvent revenu sur ce sujet (ici en 2012).
En 2009, Mgr Robert Sarah, archevêque émérite de Conakry et secrétaire de la Congrégation romaine pour l'évangélisation des peuples, déplorait l'importation en Afrique de ette idéologie :
« La théorie du genre est une idéologie sociologisante occidentale des relations hommes-femmes, qui s'attaque à l'identité sponsale de la personne humaine, à la complémentarité anthropologique entre l'homme et la femme, au mariage, à la maternité et à la paternité, à la famille et à la procréation ».
L'idéologie du genre, a expliqué Mgr Sarah,
« sépare le sexe biologique de l'identité masculine ou féminine en affirmant que celle-ci n'est pas intrinsèque à la personne mais qu'elle est une construction sociale ».
« Cette identité peut – et doit – être déconstruite pour permettre à la femme d'accéder à une égalité de pouvoir social avec l'homme et à l'individu de "choisir" son orientation sexuelle », « les relations hommes-femmes seraient gouvernées par une lutte de pouvoir ».
« L'Afrique doit se protéger de la contamination du cynisme intellectuel de l'Occident. Il est de notre responsabilité pastorale d'éclairer la conscience des africains quant aux dangers de cette idéologie meurtrière ».
En Pologne, les évêques ont publié en 2013 une note très claire pour enseigner les fidèles sur cette idéologie pernicieuse. Extrait :
"L’idéologie du gender est le résultat de changements idéologiques et culturels qui sont, depuis quelques dizaines d’années, profondément enracinés dans le marxisme et le néo-marxisme et promus par certains mouvements féministes et de la révolution sexuelle. Le « genderisme » défend des principes totalement contraires à la réalité et à l’intégrité de la nature humaine. Il affirme que le sexe biologique n’a pas de signification sociale et que compte, par dessus tout, le sexe biologique que chaque être humain peut librement façonner et définir indépendamment des contraintes biologiques. D’après cette idéologie, l’être humain peut à sa guise définir s’il est un homme ou une femme, et peut également librement choisir son orientation sexuelle. Cette « auto-définition » libre n'est pas nécessairement à usage unique et doit conduire à ce que la société accepte le droit à fonder un nouveau type de famille, par exemple, construit sur des unions à caractère homosexuel. Le danger de l’idéologie du gender vient de son caractère profondément destructeur envers les personnes comme envers les relations humaines, et donc toute la vie sociale. Un être humain à l’identité sexuelle incertaine n’est pas en mesure de découvrir ni de remplir les devoirs qui l’attendent aussi bien dans la vie conjugale et familiale que dans la vie sociale et professionnelle. La tentative de mettre sur un pied d’égalité différents types d’union est de facto un affaiblissement du mariage conçu comme l’union d’un homme et d’une femme ainsi que de la famille basée sur le mariage.
Nous observons diverses attitudes vis à vis des actions entreprises par les partisans de l'idéologie du gender. La grande majorité ne sait pas en quoi consiste cette idéologie et ne ressent donc aucun danger. Un petit nombre de personnes – en particulier des professeurs et des éducateurs ainsi que des catéchistes et des prêtres – tentent de trouver par eux-mêmes des moyens constructifs de s’opposer à cette idéologie. Il y a enfin des personnes qui, remarquant l’absurdité de cette idéologie, pensent que les Polonais rejetteront d’eux-mêmes les conceptions utopiques qu’on leur propose. Cependant, sans que la société en soit informée et sans l’assentiment des Polonais, l’idéologie du gender est introduite depuis des mois dans diverses structures de la vie sociale : l’éducation, la santé, des établissements à caractère culturel et éducatif et des organisations non gouvernementales. Dans les relations de certains médias, cette idéologie est présentée positivement : comme une lutte contre la violence ou une recherche de l’égalité.
L’Eglise considère d’une manière intégrale l’être humain et son sexe, en prenant en compte la dimension corporelle et biologique de celui-ci comme sa dimension psychique et culturelle comme spirituelle. Il n’est pas inadéquat de conduire des recherches sur l’influence de la culture sur le sexe. Est par contre dangereuse l’affirmation idéologique tenant que le sexe biologique n’a aucune importance véritable sur la vie sociale. L’Eglise se déclare sans équivoque contre les discriminations à caractère sexuel mais également remarque le danger de l'indifférenciation des sexes. La source des discriminations n’est pas dans le fait de l’existence de deux sexes mais le manque de référence spirituelle, l'égoïsme humain et l’orgueil qu’il faut toujours vaincre. L’Eglise n’est en aucune façon d’accord pour que soient humiliées les personnes ayant des tendances homosexuelles, mais elle souligne avec insistance que l’activité homosexuelle est profondément désordonnée et que l’on ne peut pas socialement mettre à égalité le mariage, étant la communauté d’un homme et d’une femme, avec une union homosexuelle."