Dans le dernier numéro de L’Appel de Chartres, Thibaud Collin évoque une journée d’études sur la question de l’identité de genre, organisée par le secrétariat général de l’Enseignement catholique le 23 novembre :
[…] Le point de départ est très concret : que faire lorsqu’un élève demande qu’on l’appelle désormais par un prénom de l’autre sexe ? Tout le registre du compte-rendu de cette journée d’études sur ce sujet révèle les tentations et les dangers auxquels sont confrontées l’école catholique sous contrat d’association avec l’Etat et plus généralement l’Eglise.
Il convient de citer les propos de Nathalie Tretiakow, adjointe au secrétaire général de l’enseignement catholique :
« Le sujet est délicat car il vient bousculer une conception anthropologique à laquelle, en tant que chrétiens, nous sommes attachés. Nous tenons à la fois au respect de la dignité inaliénable de la personne, à sa protection et à la prise en compte nécessaire des repères éducatifs qu’une situation vient convoquer : temporalité, co-éducation, accompagnement de l’ensemble de la communauté… Chaque situation étant singulière, elle appelle à nourrir un discernement partagé permettant d’éclairer et évitant à tout prix la tentative de modélisation ou de conclusion hâtive ».
Ce texte peut être pris comme un bel exemple dans l’art de noyer le poisson ! En effet, ce sujet est d’abord déclaré « délicat » en tant qu’il placerait les gens dans une situation inconfortable en raison d’un dilemme moral entre plusieurs objectifs opposés. Aucune conclusion universelle ne pourrait être tirée. Il faudrait discerner au cas par cas.
Mais il n’y a de conflits de devoirs que pour celui qui considère que « le respect inaliénable de la personne et sa protection » peut rentrer en conflit avec la vérité de la personne en tant qu’être sexué. Le présupposé de cette approche est justement qu’elle met en balance une approche procédurale de l’éducation (être à l’écoute, accompagner) et une « conception » anthropologique, ce qui laisse entendre que celle-ci n’en est qu’une parmi d’autres et que l’on n’y adhère qu’en tant que catholiques. Or dans un Etat laïque, une telle conception anthropologique est vue comme confessionnelle et à ce titre elle doit s’effacer devant le respect des « droits de l’homme ». Il faut absolument refuser cette confessionnalisation de la différence des sexes et plus généralement du vrai bien humain. La République française est devenue une entreprise de déconstruction massive de l’anthropologie et de la morale communes. Cela se manifeste très concrètement par toutes les injonctions à « la lutte contre la transphobie » qui instrumentalise la souffrance de certaines personnes pour peu à peu promouvoir une indétermination et une confusion dans le domaine de la sexuation.
Ainsi on peut lire dans la très officielle Fiche pratique sur le respect des droits des personnes trans (éditée par la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) que
« des chercheurs ont démontré que la transidentité n’a rien de pathologique. L’Organisation Mondiale de la Santé l’a donc retirée des maladies mentales en 2019. Être trans n’est pas un fantasme ou un phénomène de mode. La transidentité s’impose à l’individu. »
La négation du caractère pathologique de tels phénomènes implique que la parole de jeunes en souffrance devient ipso facto normative de la manière dont les éducateurs doivent se comporter envers eux. L’appareil d’Etat pris en mains par des minorités idéologiques met en place une structure de péchés dont les premières victimes sont ces enfants qui dans leur mal-être ont plus que jamais besoin d’entendre une parole vraie. Le meilleur moyen de les respecter est donc de refuser d’entrer dans leur fantasme. Il est de la responsabilité de l’Eglise et de ses institutions de rester fidèle à la vérité sur l’homme, à temps et à contretemps.