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Immigration

L’immigration : un droit mais pas un bien

Lu dans le dernier numéro de Monde & Vie :

E "La position de l’Eglise sur l’immigration s’enracine dans le récit de la Genèse et la paternité de Dieu sur tous les hommes, issus à l’origine d’un couple unique. La paternité de Dieu fonde à la fois la maternité universelle de l’Eglise et la fraternité entre les hommes. Le Catéchisme de l’Eglise catholique affirme: «Grâce à la communauté d’origine le genre humain forme une unité.» De la paternité de Dieu procède aussi le commandement d’amour du prochain, et le devoir pour les plus riches de partager avec les plus pauvres, rappelé avec force par Léon XIII dans l’Encyclique Rerum Novarum et récemment encore par Benoît XVI dans Caritas in Veritate. C’est pourquoi l’Eglise, établissant la destination universelle des biens, "reconnaît l’émigration comme un droit naturel", notamment lorsque des personnes cherchent à échapper à des conditions de vie éprouvantes pour en trouver de plus décentes […] si l’Eglise considère l’immigration comme un droit, elle ne la tient pourtant pas pour un bien. Dans l’encyclique Laborem Exercens, en 1981, Jean Paul II écrivait que l’émigration est «en des circonstances déterminées, ce que l’on appelle un mal nécessaire», puisque, comme le soulignait déjà Léon XIII, personne «ne consentirait à échanger contre une région étrangère sa patrie et sa terre natale, s’il y trouvait les moyens de mener une vie plus tolérable». En outre, l’émigration constitue, rappelait Jean Paul II, «une perte pour le pays d’où on émigre», puisque «vient à manquer un sujet du travail qui, par l’effort de sa pensée ou de ses mains, pourrait contribuer à l’augmentation du bien commun dans son pays».

Cette notion de bien commun […] concerne aussi les pays d’accueil, comme l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise catholique : «Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent. Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont elles ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs de migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges». […]

Le pape Benoît XVI, qui insiste sur le «développement dans une société en voie de mondialisation», aborde dans son encyclique le phénomène des migrations, «qui impressionne en raison du nombre de personnes qu’il concerne, des problématiques sociale, économique, politique, culturelle et religieuse qu’il soulève, et à cause des défis dramatiques qu’il lance aux communautés nationales et à la communauté internationale.» « Nous pouvons dire, écrit-il, que nous nous trouvons face à un phénomène social caractéristique de notre époque, qui requiert une politique de coopération internationale forte et perspicace sur le long terme afin d’être pris en compte de manière adéquate. Une telle politique doit être développée en partant d’une étroite collaboration entre les pays d’origine des migrants et les pays où ils se rendent; elle doit s’accompagner de normes internationales adéquates, capables d’harmoniser les divers ordres législatifs, dans le but de sauvegarder les exigences et les droits des personnes et des familles émigrées et, en même temps, ceux des sociétés où arrivent ces mêmes émigrés. Aucun pays ne peut penser être en mesure de faire face seul aux problèmes migratoires de notre temps. Nous sommes tous témoins du poids de souffrances, de malaise et d’aspirations qui accompagne les flux migratoires. La gestion de ce phénomène est complexe, nous le savons tous ; il s’avère toutefois que les travailleurs étrangers, malgré les difficultés liées à leur intégration, apportent par leur travail, une contribution appréciable au développement économique du pays qui les accueille, mais aussi à leur pays d’origine par leurs envois d’argent. Il est évident que ces travailleurs ne doivent pas être considérés comme une marchandise ou simplement comme une force de travail. Ils ne doivent donc pas être traités comme n’importe quel autre facteur de production. Tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance. » Pour Benoît XVI, le défi que pose les migrations est donc lié à la mondialisation."

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