Guillaume de Prémare, Rédacteur en chef de la revue Permanences, éditée par Ichtus, réagit à la tribune des “6 000 chrétiens” mobilisés, publiée dans La Croix :
[…] Que des chrétiens jugent personnellement et expriment publiquement que le vote RN leur est impossible en conscience, c’est une chose. C’en est une autre d’affirmer que l’Évangile écarte absolument un vote particulier pour tous les chrétiens et que cela doit être affirmé explicitement par les responsables religieux. Or, ces derniers sont fondés à condamner de grandes idéologies telles que le communisme et le nazisme, mais pas à intervenir directement dans des choix électoraux.
Je désapprouve cette manière de mettre l’Évangile au service de ses propres opinions : cela conduit à exercer sur les autres fidèles une pression morale, et sur la hiérarchie ecclésiastique une pression politique. Le vote est un choix personnel qui, pour être libre et éclairé, doit être, autant que possible, à l’abri de telles contraintes. D’autre part, disqualifier par principe un vote conduit à écarter sans examen les idées susceptibles de le motiver.
Or, de mon point de vue, la nécessité d’une politique migratoire plus ferme et restrictive fait partie des options qui ne méritent pas une réprobation religieuse via l’agitation de l’épouvantail RN. Au contraire, cela demande un examen politique sérieux au lieu de culpabiliser des chrétiens qui ont des inquiétudes légitimes pour l’avenir de leur pays et de leurs enfants.
J’estime plus fructueux de débattre en se fondant d’abord sur la raison politique et en acceptant des options divergentes plutôt que d’ériger en absolu ce qui est jugé « catholiquement correct » ou non. Par ailleurs, je me méfie du littéralisme appliqué aux textes sacrés, notamment : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. » Le chapitre XXV de Matthieu est un sommet de l’Évangile mais ne constitue pas une politique migratoire.
Le fait de voir des chrétiens invoquer leur livre sacré, pour qualifier ou disqualifier de manière irréfragable une option politique, ne me convient pas. Cependant, je ne veux pas dire que l’Évangile n’ait rien à nous dire en matière de choix politiques. Il est nécessaire, en effet, de passer ses propres opinions au tamis de la foi ou de la loi naturelle. Mais j’affirme, en ce domaine, le primat de la conscience et le refus de la pression sur celle-ci.
Je suis catholique et cela ne heurte pas ma conscience d’envisager une politique migratoire qui conduirait à une reprise en main de nos frontières, à l’expulsion des immigrés clandestins et des délinquants étrangers, à la redéfinition de notre politique de visas ou encore des conditions d’accès à la nationalité française, dans le cadre d’un État de droit et dans le respect de la dignité humaine. Il n’y a, selon moi, pas de trahison de l’Évangile dans le fait de penser que, si notre pays ne met pas un terme au désordre migratoire actuel, notre sécurité intérieure et notre cohésion nationale, déjà largement affectées, plongeront dans l’abîme.
En revanche, cela heurterait ma conscience que la France aille au-delà des nécessités politiques pour abandonner absolument toute possibilité d’asile, pour refuser de secourir des migrants sur un bateau en Méditerranée et/ou pour organiser un mouvement de « remigration », c’est-à-dire des expulsions visant des personnes qui n’ont fait aucun mal et des mouvements de populations inhumains. De tels projets ne sont heureusement pas portés par le RN. Je reconnais ainsi bien volontiers que la froide rationalité politique n’est pas seule en cause dans un choix.
D’une certaine manière, il y a un double mouvement dans une délibération personnelle, au moment de choisir son bulletin de vote : d’une part, évaluer la pertinence de mesures précises, leur faisabilité concrète, mais aussi la capacité personnelle et collective de ceux qui les proposent à les mettre en œuvre, ou encore le contexte et les rapports de forces politiques du moment ; d’autre part passer ces mesures précises au crible de la loi naturelle et de nos principes de civilisation qui doivent tant à l’Évangile du Christ.
Au cœur de ce débat, il me semble nécessaire d’évoquer le défi brûlant du paradigme ethnique. L’ethnicisme est à la fois étranger à la tradition française – la France n’est pas une nation-ethnie – et contraire à la vision chrétienne universelle de l’égale dignité de tous les hommes. Il est vrai que l’ethnicisme peut faire son nid de manière glissante dans les questions migratoires. Mais j’observe qu’il se loge aujourd’hui dans la dialectique des luttes de la gauche radicale, opposant en quelque sorte « blancs » et « racisés ».
Jean-Luc Mélenchon l’affirme : « Il faut tout conflictualiser ! » Jusqu’à conflictualiser la race ? Monsieur Mélenchon a théorisé le concept de « créolisation » comme moyen d’aboutir à ce qu’il nomme « un nouveau peuple », allant jusqu’à affirmer que « ceux qui s’appellent Français de souche posent un problème à la cohésion nationale ». Voici comment il conflictualise clairement l’enjeu ethnique…
Enfin, il faut souligner que les signaux d’alerte concernant une fracturation grave de la nation française vont bien au-delà de l’immigration : fracture sociogéographique, fracture entre le peuple et les élites, fractures religieuses, etc. Probablement les chrétiens ont-ils une spécificité à apporter – comme artisans de paix.
Mais il ne me semble pas qu’il suffise d’appeler à lutter contre tel « diable », comme si un seul « démon » menaçait la concorde et la fraternité, ou encore d’appeler à « rejeter les extrêmes », comme le fait le bloc central pour garder la main. Il faut surtout traiter les enjeux sur le fond : déclassement social, sentiment de dépossession, insécurité culturelle, violence endémique dans nos rues, précarité grandissante, injustices sociales, faillite éducative, absence de projet commun, etc. Alors, in fine, pour qui voter, dans ce marasme politique, face à la crainte des radicalités et de la violence et compte tenu de la maigre confiance que nous accordons aux partis ? À chacun de se déterminer… en conscience.
C.B.
« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. »
À traiter selon le principe de subsidiarité:
-je dispose dans mon logement d’une “chambre d’amis”: est-il pertinent que je la propose pour y accueillir un migrant?
-je milite dans une association qui cherche (et trouve) des hébergements chez l’habitant moyennant un loyer (assuré? garanti? par cette association)
Ce n’est pas à “l’état” d’accueillir uniquement d’un point de vue théorique.
« remigration »
Je ne l’ai pas entendu définir comme “des expulsions visant des personnes qui n’ont fait aucun mal”; en revanche, naguère, entrer illégalement sur notre territoire était un délit (si vous avez laissé la porte de votre logement entr’ouverte quelques minutes, trouvez-vous normal que n’importe qui s’introduise chez vous et s’y installe?)
ExtraEcclesiamnullasalus
En automne de 1972, le journal La Croix, dans l’affaire du Procès de Bobigny, s’était joint aux journaux séculiers pour défendre un pseudo-droit à l’infanticide intra-utérin. Je n’ai que faire des aigreurs d’estomac des six mille militants politiques de la Gauche haineuse et génocidaire, autoproclamés catholiques, contre un parti politique.
Le journal apostat La Croix manipule et instrumentalise la foi catholique sur laquelle il vomit depuis des décennies, afin de jeter le discrédit sur le programme d’un courant politique qui prône la fermeté en matière de sécurité et de contrôle de nos frontières. C’est une des tâches régaliennes normalement dévolues à l’Etat français. Tout catholique devrait souhaiter et prier pour que nous puissions vivre et travailler en toute sécurité en France et cela passe obligatoirement et inévitablement par un vrai contrôle de nos frontières ainsi que de l’immigration. Qu’il soit nécessaire d’expliquer cette lapalissade montre l’efficacité du travail de sape des consciences et de l’esprit critique entrepris par cette Gauche haineuse et viscéralement intolérante.
ThMortier
Il est à mon sens très clair qu’une politique de maîtrise des frontières n’est pas anti-chrétienne, il n’y a rien contre cela dans l’Evangile, et les paroles d’accueil de l’étranger concernent des étrangers qui repartent.
Mais la maîtrise des frontières repose sur le postulat que les peuples ont le droit moral d’exister en tant que peuple, et en toute logique cela autorise parfaitement le chrétien à souhaiter une politique de remigration, compte tenu du réel : nous subissons une immigration au delà du raisonnable (solde net de 200.000 par an, autant que les IVG), et ces immigrés ne peuvent pas s’assimiler, faute de partager la même culture, voire comme résultat d’une volonté colonisatrice portée par le ressentiment de l’histoire coloniale (cf « Avec le ventre de nos femmes nous vaincrons l’Occident », Boumediene, en avril 1974 à la tribune de l’ONU, source https://www.revuepolitique.fr/limaginaire-en-deca-au-dela-de-la-mediterranee/).
Prémare pointe du doigt le risque de l’ethnicisme, qui serait effectivement un écueil s’il était érigé en dogme, auquel cas il deviendrait un succédané de racisme. Mais les analyses ADN montrent que le patrimoine générique de la “race française” est très stable, du moins jusque vers les années 1850, ou il y a les apports très modestes de peuples européens venus en France. Non, la France n’est pas une “poubelle génétique” issue de migrations imaginaire, mais un peuple homogène, bien que les discussions sur ses origines ne soient pas fermées. Le niveau d’immigration reste globalement raisonnable entre 1850 et 1950, mais après 1950, avec la conjonction des transports peu coûteux, et des officines qui ont délibérément voulu métisser la population, qu’il s’agisse de Sarkozy (discours de Palaiseau), ou de Mélenchon, c’est objectivement une invasion pacifique en apparence, mais bel et bien une colonisation, qui aboutira à la prise de pouvoir, bien naturelle et légitime, du groupe ethnique le plus puissant. C’est déjà commencé aujourd’hui dans certains quartiers, d’ailleurs. Et pour l’avenir, la natalité est à 60% d’origine africaine en Ile de France : encore quelques petite années, et les petits blancs seront traités comme en Afrique du Sud.
Aussi, je pense qu’un chrétien peut parfaitement trouver l’expression de la charité en secourant les naufragés volontaires qui traversent la Méditerranée, en les escortant jusque dans leur port d’origine, et non vers les côtes européennes, et en souhaitant une remigration qui est une nécessité vitale pour notre peuple.
TuTux0743
“l’agitation de l’épouvantail RN” –> C’était en 1985 qu’il fallait comprendre cela ! Maintenant, c’est beaucoup trot tard, en plus de la soumission ou acceptation veule = Peuple faible, pour qu’un changement puisse s’opérer sans casse importante ! Vous allez mettre 40 hivers pour comprendre là aussi ? Dans 1 bon voisinage, faut vite comprendre, QUI et QUI et POURQUOI ?!… Les Flics, sans la justice, c’est pas possible.
EmmaIHS
Leur version de la Bible et du nouveau testament doit être incomplète… ils estiment que la politique migratoire du RN est contradictoire avec l’accueil de l’étranger, admettons… Mais visiblement, ils estiment que les autres programmes sont compatibles avec leur foi.. donc que font ils du « Tu ne tueras point“? De la protection des plus faibles ( le bébé dans le ventre de sa mère , les personnes âgées, malades, en fin de vie.. ) ?
Je n’ai que faire de ces donneurs de leçons qui devraient relire leur bible entièrement avant de vouloir imposer leur point de vue sous le prétexte fallacieux de la religion..
Arwen
Deux bons livres sur ce sujet:
Église et immigration: le grand malaise, de Laurent Dandrieu et Catholiques et identitaires, de Julien Langella.