Le philosophe Jean-Noël Dumont explique dans Famille chrétienne ce qu'est l'école libre :
"Le problème de l’éducation, ce n’est pas qu’elle soit catholique, c’est qu’elle soit libre – c’est d’ailleurs pour cela que l’on a manifesté en 1984. Tant qu’on traite les enseignants comme des agents d’exécution, qu’on leur demande de se conformer à des directives, qu’il est impossible de constituer une équipe pédagogique, on ne pourra pas former des hommes libres. Il n’y a que des gens libres qui peuvent éduquer à la liberté. […]
Il y a des écoles catholiques, mais faut-il qu’il y ait un « enseignement catholique », au sens d’une superstructure ? Une école vraiment libre ne doit pas être administrée par l’Église comme une école publique est administrée par le ministère de l’Éducation nationale. Or le système de l’enseignement catholique a tendance à se calquer sur le modèle de l’Éducation nationale, avec sa logique administrative, ses commissions… Nous sommes de fait dans un monopole partagé.
Sur le fond, l’École catholique est-elle encore différente ?
Le vrai drame de l’École catholique, c’est la conjonction de deux éléments historiques : alors même que, par la loi Debré de 1959, l’État reconnaissait l’apport spécifique de l’école privée et l’incitait à s’ouvrir à tous les élèves, les écoles catholiques, sous le coup de la tourmente postconciliaire, sont devenues de moins en moins catholiques, avec une véritable saignée des religieux en leur sein. C’est au moment où elles ont été amenées à accueillir que leur identité a été moins visible.
Ainsi, l’Enseignement public est en crise, mais l’École catholique ne va pas forcément mieux. Son identité est faible. Une partie de la crise vient de l’impersonnalité des établissements. Une école doit proposer un horizon de valeurs qui donnent le goût de la liberté. […]"
PG
EXCELLENT : cela rejoint ce qu’avait rappelé l’évêque d’Avignon il ya qq années. Et depuis rien n’a changé : actuellement la seule revendication de l’enseignement catholique est totalement du même niveau que celui des syndicats d’enseignants : des moyens, des profs, etc…, SANS remettre en cause la loi CARLE le monopole la centralisation, les filières de formation, voire de réclamer certains capacités d’adaptation des programmes ou des matières au niveau local. RIEN, strictement, RIEN.
fauche
L’école catholique aujourd’hui est très souvent libre : elle choisit de ne pas être catholique, de ne pas enseigner la foi catholique, de ne pas proposer de confessions aux élèves, de ne pas évangéliser, de ne pas appeler à la conversion, etc…
Une école catholique doit proposer beaucoup plus qu’un “horizon de valeurs qui donnentle goût de la liberté”. Du moins qi on en croit le Magistère de l’Eglise (dont Vatican II).
Thadée
La position de cette personne est fausse et inacceptable.
Que l’école puisse être libre par-rapport à l’Etat, oui.
Mais la première qualité de nos écoles, ce n’est pas d’être libres, c’est d’être catholiques ! Dumont prend appui sur la nécessaire (en l’admettant …) liberté par-rapport à l’Etat, pour revendiquer aussi la liberté par-rapport à l’Eglise. Eh bien non ! Nous voulons des écoles catholiques, inspirées et dirigées par l’Eglise, pour donner aux enfants une éducation (et pas seulement une instruction) catholique. Ainsi l’enseigne l’Eglise. Tant pis pour les faux philosophes qui se font passer pour nos amis.
exilé
Je crois, chers commentateurs précédents, que vous vous méprenez sur le sens des paroles de Monsieur Dumont.
Il parle de la façon d’administrer les écoles, qui dans le cas de l’Etat comme de l’Enseignement diocésain est technocratique et soumis à une certaine dictature (contenu des enseignements, formation des maîtres)
La vraie Liberté, pour nous chrétiens, c’est de choisir le bien, de se conformer au plan de Dieu.Nul doute qu’une vraie école libre catholique, comme on peut l’apprécier dans le hors contrat actuel, peut etre parfaitement soumise au magistère de l’Eglise et former de bons chrétiens.
Nul nécessité absolue de l’intervention de l’Eglise sur le plan temporel pour cela, comme en témoignent les écoles fondées par les parents.
ODE
Je pense que ce qu’il veut dire c’est qu’une administration diocésaine n’est pas forcément une bonne idée car on y retrouve tous les problèmes, les copinages et le tracasseries liés à tout système trop figé et administratif. Il ne veut pas dire qu’un établissement catholique doit s’éloigner de l’Eglise!
Quant un directeur d’école privée par exemple est copain comme cochon avec un directeur diocésain, quelle chance de se défendre a un professeur?
LB
L’école n’est vraiment libre que si elle est vraiment catholique. Le problème est d’avoir accepté tous les compromis face à l’État dont la religion est la laïcité, il ne faut pas l’oublier.
Tonio
@Thadée
Être catholique c’est être soumis à la doctrine catholique, au magistère de l’Eglise catholique, pas forcément à la bureaucratie ecclésiastique ou au caporalisme clérical.
PG
@ Thadée
Vous faites erreur : la responsabilité des parents par rapport à l’Etat est une liberté de droit qu’ils n’ont pas à abdiquer par rapport à des clercs. Car même des parents incroyants ont cette liberté par nature, et l’Eglise ne fait que proposer de former chrétiennement la jeunesse et de faire bénéficier les parents d’une aide, ainsi que de l’expérience pédagogique des congrégations spécialisées dans l’éducation et l’enseignement.
Expérience qui s’est perdu en France, la plupart des congrégations enseignantes ayant quasiment renoncé à enseigner en France et ayant bradé leurs écoles aux directions diocésaines, qui sont le pire relais du Ministère pour faire accepter aux familles les délires idéologiques et pédagogiques de l’Education Nationale.
Expérience qui manque souvent également dans les écoles et collèges ou lycées totalement hors contrat, dont certains manquent de directions et de cadres expérimentés : il ne suffit pas à un prêtre, même un saint prêtre, de célébrer selon le rite de 62 pour être un bon directeur d’établissement.
AP
@ Tonio
“Être catholique c’est être soumis à la doctrine catholique, au magistère de l’Eglise catholique, pas forcément à la bureaucratie ecclésiastique ou au caporalisme clérical.”
Non Monsieur !
Etre catholique c’est aussi et surtout suivre son évêque que cela nous plaise ou pas !
Sinon, on appelle cela le protestantisme !…
De plus :
Une école ne peut être catholique que si elle est reconnue par l’évêque du lieu !!
C’est dans le droit canonique !
[Certes, mais il y a tout de même une vocation propre au laïcat chrétien, rappelé dans un document du Concile Vatican II, Apostolicam Actuositatem :
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decree_19651118_apostolicam-actuositatem_fr.html
Par ailleurs, pour l’éducation, ce sont les parents, avant les clercs -fussent-ils évêques- qui sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants :
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decl_19651028_gravissimum-educationis_fr.html
MJ]