Jacques Chirac a adressé une lettre à 145 chefs d’Etat en vue de lancer son projet de taxation des billets d’avion au sommet du "Millénaire+5" à l’Onu du 14 au 16 septembre : "Je vous propose de vous associer à la mise en place d’une contribution internationale de solidarité sur les billets d’avion destinée, notamment, au financement de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, urgence de notre temps". Cette taxe serait de l’ordre de trois à cinq euros sur les billets de classe économique. Elle serait acquittée au départ du pays qui aurait fait le choix de ce prélèvement. Les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler de ce projet, qui se heurte aux réticences de plusieurs partenaires européens de la France (Autriche, Portugal, Espagne, Irlande, etc.) et des compagnies aériennes.
Pour que cette taxe ait un sens, il faudrait que tous les pays sans exception se mettent d’accord, ce qui est impossible, sinon il y aura des effets de délocalisations. Chirac oublie que le commerce est la meilleure forme d’aide et constitue le seul facteur de développement. Il ignore que seule l’aide privée est efficace, car elle atteint en général son but, sans gaspillage ni corruption. Les dernières statistiques de l’Institut de finance internationale montrent qu’en 2004 les flux de capitaux privés vers les pays émergents ont représenté 165 milliards de dollars, alors que les flux publics ont été négatifs de 18,5 milliards de dollars…
Cette taxe internationale ne fera que créer une nouvelle bureaucratie. Chirac croit-il sérieusement que les pays du tiers monde qui se sont développés si vite l’on fait grâce à des taxes internationales ? Et ceux qui ont pu se débarrasser du fléau des grandes épidémies l’ont-ils fait en recourrant à l’impôt mondial ? Chirac cherche à faire plaisir à ses amis alter mondialistes et aux présidents d’extrême gauche comme Lula. Mais ces questions de développement ou d’épidémies sont trop sérieuses pour qu’on prétende les traiter avec des remèdes incantatoires dignes des médecins de Molière.