La Croix publie un article sur une initiative du cardinal Scola, archevêque de Milan, concernant notamment la procédure de vérification de la nullité du mariage.
Cet article ne fait que reprendre un texte de 15 pages publié fin 2014 par le cardinal Scola dans la Nouvelle revue théologique, dirigée par les jésuites de Bruxelles, et accessible ici. En voici un extrait :
"[…] Ceux qui, après l’échec de leur vie matrimoniale commune, ont contracté un nouveau lien, se sont fermé l’accès aux sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie.
Souvent l’Église est accusée d’insensibilité et d’incompréhension face au phénomène des divorcés remariés, sans que l’on mesure attentivement le motif de cette position que l’Église elle-même reconnaît fondée dans la révélation divine. Bien au contraire, il ne s’agit pas d’un jugement arbitraire du magistère ecclésial, mais de la conscience de l’indissolubilité du lien entre l’Eucharistie et le mariage. À la lumière de ce rapport intrinsèque, il faut dire que ce qui empêche l’accès à la réconciliation sacramentelle et à l’Eucharistie n’est pas un péché singulier (ou particulier), qui peut toujours être pardonné quand la personne se repent et demande pardon à Dieu. Ce qui rend impossible l’accès à ces sacrements est en revanche l’état (la condition de vie) dans lequel viennent à se trouver ceux qui ont contracté un nouveau lien. État qui, en soi, est en contradiction avec ce qui est signifié par le lien entre Eucharistie et mariage. Cette condition demande à être changée pour correspondre à ce qui se réalise dans les deux sacrements. Sans nier la douleur et la blessure, la non-accessibilité à la communion eucharistique invite à un parcours allant vers une pleine communion qui viendra dans des temps et selon des modes déterminés à la lumière de la volonté de Dieu.
Au-delà des diverses interprétations de la pratique de l’Église ancienne, qui cependant ne semblent pas attester des comportements substantiellement différents de ceux d’aujourd’hui, le fait qu’elle ait toujours mûri toujours davantage la conscience du lien fondamental entre Eucharistie et mariage dit la fécondité d’un chemin, parcouru sous la conduite de l’Esprit-Saint, en analogie avec la configuration dans le temps de tous les sacrements de l’Église et de leur discipline.
Cela fait comprendre pourquoi tant Familiaris consortio (n. 84) que Sacramentum caritatis ont confirmé «la pratique de l’Église, fondée sur la Sainte Écriture (cf. Mc 10,2-12), de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition de vie contredisent objectivement l’union d’amour entre le Christ et l’Église, qui est signifiée et mise en œuvre dans l’Eucharistie».
Dans cette perspective, il faut rappeler deux éléments qu’il est nécessaire de continuer à approfondir. Certainement dans l’Eucharistie, à certaines conditions, est présent un aspect de pardon, cependant elle n’est pas un sacrement de guérison. La grâce du mystère eucharistique actualise l’unité de l’Église comme épouse et corps du Christ et cela exige pour celui qui reçoit la communion sacramentelle la possibilité objective de se laisser incorporer parfaitement à Lui.
En même temps, il est important de mettre davantage en relief que, pour ceux qui ont contracté un nouveau lien, la non-accessibilité aux sacrements de la réconciliation et de l’Eucharistie n’est pas à être considérée comme une punition à l’égard de leur condition, mais comme l’indication d’un chemin possible, avec l’aide de la grâce de Dieu et de l’insertion dans la communauté ecclésiale. Pour cette raison, chaque communauté ecclésiale est appelée à mettre en œuvre toutes les formes adéquates à leur participation effective à la vie de l’Église, dans le respect de leur situation concrète et pour le bien de tous les fidèles. […]
Enfin, en recourant à mon expérience de pasteur, je voudrais rappeler qu’il n’est pas impossible de proposer à ces fidèles, à certaines conditions et avec un accompagnement adéquat, comme l’a affirmé saint Jean-Paul II, «l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux». Je peux dire, après de nombreuses années de ministère épiscopal, que c’est là un chemin — de sacrifice, mais aussi de joie — que la grâce de Dieu rend effectivement praticable. Il m’est arrivé de pouvoir admettre à la communion sacramentelle des divorcés remariés qui avaient mûri un tel choix."