Chaque jour ayant son mot à dire, Etienne de Montety en décortique un fameux, qui n'a pourtant pas réussi à donner le coup de grâce à l'AFP : "Mort".
"[mor] n. f.
Info qui tue.L'Agence France-Presse a annoncé par erreur la mort de Martin Bouygues.Le mot vient du latin mors, mortis, et vaut bien un article. Le poète Malherbe nous a appris depuis longtemps que le pauvre en sa cabane est sujet à ses lois, et le PDG d'un géant du bâtiment aussi. Même si Bouygues, grand brasseur d'affaires devant l'éternel, est à ce jour plus fameux pour son mortier et ses mortaises que pour sa mort subite.La nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Tous les médias l'ont prise très au sérieux, et aussitôt le mors aux dents. On les comprend : si mort il y avait eu, c'est d'un monument. Mais bien vite, le décès s'avéra, comment dire, mort-né.On voit d'ici le journaliste proprement mortifié ; et l'agence, la mort dans l'âme, de démentir avant de s'excuser. Car donner une info c'est bien mais donner la mort, c'est plus discutable surtout si l'intéressé se révèle, in fine, plus vif que mort. Scoop, où est ta victoire ? Une bévue de cette ampleur, c'est la mort sinon du petit cheval, du moins de la confiance dans les médias.Il y a plus grave. Si Alphonse Allais assure très justement que la mort est un manque de savoir-vivre, combien davantage l'annonce erronée de celle-ci."