Evoquant, dans Zénit, la presse catholique, le père Michel Viot revient sur le décret Inter Mirifica du concile Vatican II sur les moyens de communications modernes.
[…] Mais il semble bon de faire partir notre réflexion d’un texte du Concile Vatican II sur cette question, daté de 1963, période durant laquelle, la télévision grandissait en même temps que l’audience de la radio et des journaux s’accroissaient. Ce Concile qui s’est voulu complémentaire de Vatican I, inachevé à cause de la guerre franco-prussienne, il ne faut jamais l’oublier, voulut aussi et surtout être un Concile pastoral. Je crois que les papes de cette époque, comme quelques pères conciliaires ont eu l’intuition de la déchristianisation commençante depuis 1960, ce dont nous avons la certitude aujourd’hui (voir l’excellent livre de Guillaume Cuchet « Comment notre monde a cessé d’être chrétien » Editions du Seuil, 2018). Aussi est-il intéressant de se reporter au texte que signa le pape Paul VI le 4 décembre 1963, avec les autres pères, Inter mirifica – « Parmi les merveilleuses découvertes » – décret sur les moyens de communication sociale. Voici comment le problème y est posé :
« L’Église sait que ces instruments (de communication), quand ils sont utilisés correctement, rendent de grands services au genre humain… Mais elle sait aussi que les hommes peuvent les utiliser à l’encontre du Créateur et les tourner à leur propre perte. » (IM, 1)
L’Église entend donc, à la fois sauver les moyens modernes de communication pour qu’ils ne se pervertissent pas eux-mêmes (car ils sont humains et menacés par le péché) et qu’ils puissent contribuer à l’annonce du salut au monde d’aujourd’hui. Le Concile fait ainsi de l’information un devoir d’Église qui doit pousser à utiliser les techniques les plus modernes pour viser un maximum d’efficacité.
Deux choses sont à remarquer : le Saint Siège lui-même avait donné l’exemple en 1929 après la signature des accords de Latran, en consacrant sa première grosse dépense à partir de l’argent reçu du gouvernement italien, à la mise en place de Radio-Vatican qui joua un rôle capital pour diffuser la pensée du Saint-Père, très particulièrement pendant la guerre où Pie XII put y faire subtilement entendre sa voix. Une deuxième remarque concerne l’appel aux laïcs qui doivent y agir « principalement ». Ce vœu implique une formation, que confirment d’ailleurs les lignes qui suivent et qui se réfèrent à la loi morale. On appréciera cette référence à 1 Corinthiens8,1b qui complète le constat, oh combien vrai : « … la connaissance rend orgueilleux, tandis que l’amour fait œuvre constructive. »
La spécificité de ce que doit être la presse catholique se trouve, semble-t-il, ici décrite. N’imaginons pas qu’il s’agit ici de prôner, d’une manière camouflée, une quelconque censure. La multiplicité des médias, comme celle des événements qui se produisent dans le monde, oblige à des choix. Si, comme le veut le Concile, l’information catholique fait partie du ministère de l’Église, elle doit s’attacher, plus que d’autres à certains événements, et les commenter. Il y a des faits qui n’appellent pas de commentaires dans une information qui se veut au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle. On peut les mentionner éventuellement. D’autres médias commenteront… […]