Bernard Antony écrit :
"La campagne pour les élections présidentielles sera sans doute encore très fertile en rebondissements. Mais voilà qu’avec la présentation demain à Lyon du programme du Front National on rentrera enfin dans le débat sur les idées et propositions. Et naturellement, nous les étudierons et les commenterons. […] Nous commenterons aussi, bien sûr, après lecture attentive, ce qui a trait à ce que l’on appelle les lois sociétales. Sans doute, beaucoup de nos amis se détermineront sur cela pour opter entre l’abstention et un vote pour Marine.
Comme je l’ai déjà écrit précédemment, alors que l’affaire Fillon n’était pas encore déclenchée, celle-ci peut en effet être élue et désormais la « pénélopade » joue en sa faveur. N’étant pas de ceux qui tirent sur les ambulances, je n’ai pas trop envie désormais de dénigrer Fillon et encore moins sa Pénélope. La malheureuse file depuis des jours du bien mauvais coton alors qu’il me paraît évident qu’elle n’a fait que se soumettre à une mauvaise manière de son mari pour améliorer leurs revenus, plaidant sans doute qu’il n’était pas payé à la hauteur de son travail et de son talent.
Mais ce dernier, pour l’heure, est encore candidat et n’ayant pas attendu l’éclatement de la saga pénélopienne pour exprimer mon affliction quant à sa contradiction sur l’IVG, sur laquelle je reviendrai un instant, je crois devoir encore manifester mon irritation sur sa référence au général de Gaulle car elle est désormais un lieu commun incantatoirement repris de la gauche chevènementiste au Front National marino-philippotard.
Fillon, rappelons-le, a d’abord manifesté d’une manière très sotte son opposition à l’IVG, à titre personnel, mais combien il ne remettrait jamais en cause le droit et la pratique. Au lieu de dire pour le moins qu’il était partisan de favoriser les mesures alternatives à un acte de mise à mort et pour favoriser l’accueil de la vie. Et sur ce point, il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour dire non à la loi Veil mais simplement partisan du respect de la vie innocente, ce qui est le fondement de toute écologie authentique.
Il a été bien maladroit aussi dans sa manière d’invoquer son christianisme sur la question de la sécurité sociale. Il eût été en effet plus intelligent de rappeler que l’institution de la Sécurité Sociale avait pour origine la pensée et l’œuvre des catholiques sociaux sur les XIX° ET XX° siècles et non des socialistes qui ne formulaient alors que des utopies ou des désirs révolutionnaires de grand soir, façon Lénine. Mais aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’on est chrétien que l’on doit affirmer vouloir ou ne pas vouloir toucher à notre système de sécurité sociale largement sclérosé et plus encore, détourné de sa finalité. […]"
Comme le répétait le grand Richelieu, « la politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire ». C’est à ce que nous croirons percevoir de sa conception du nécessaire – selon ses « dits » et ses « non-dits » – que nous dirons notre choix pour l’échéance du mois d’avril."