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Liqueurs monastiques : découvrez-les, dégustez-les

Liqueurs monastiques : découvrez-les, dégustez-les

Monastère de la Grande Chartreuse, Abbaye de Lérins, Abbaye de la Maigrauge… voilà autant d’invitations à voyager, prier, méditer… Mais aujourd’hui, on vous propose d’en savoir plus sous l’angle de leur travail manuel, dont ils ont besoin pour subvenir à leurs besoins : la production de spiritueux d’abbayes !

Depuis 1605 jusqu’à aujourd’hui, traversons les siècles, humons les plantes, les agrumes et mettons nous au temps monastique… C’est parti pour découvrir tout comprendre sur les liqueurs monastiques !

Plusieurs siècles de savoir-faire

Vers le XIIe siècle, la distillation a été introduite en Europe par les érudits arabes. Par la suite, elle a été adoptée dans les monastères pour extraire les principes actifs des plantes, domaine que les abbayes maîtrisaient déjà grandement. Ainsi sont nées les premières liqueurs monastiques, conçues comme des élixirs thérapeutiques. Par exemple, au XIXe siècle, la Revue d’Histoire de la Pharmacie établit que l’élixir végétal de la Grande Chartreuse avait de nombreuses vertus contre l’asphyxie, l’épilepsie, les fièvres, la typhoïde, le choléra etc… Amusant, non ?

Au fil du temps, les liqueurs monastiques ont évolué, et leur usage aussi, pour devenir davantage festives, parfois même servies lors des grandes occasions. Par exemple, vite après sa création en 1840, la chartreuse jaune se trouvait sur toutes les plus grandes tables d’Europe, y compris celle du tsar de Russie ! C’est de là qu’est venu son surnom : « la Reine des liqueurs ».

Crédits photos – ©chartreux.org et ©Nicolas Villion

Un succès qui tient à de nombreux secrets…

Tout d’abord, les liqueurs d’abbayes portent avec elles un savoir-faire et une histoire depuis des siècles ! A l’abbaye de Lérins par exemple, la Lérina Jaune a été créée en 1897. L’élixir végétal de la Grande Chartreuse, créé en 1764, s’appuie sur un parchemin de 1605 ! Et la recette de l’Eau Verte de l’abbaye de la Maigrauge daterait de 1798…

Autre facteur de succès : un savoir-faire bien spécifique et secret, que personne n’a encore dérobé. L’exemple le plus connu et le plus emblématique est celui du monastère de la Grande Chartreuse. Là-bas, seuls deux ou trois moines connaissent les secrets de fabrication des liqueurs. Ils se transmettent à l’oral, de frère en frère, depuis plusieurs siècles, dans le silence du monastère…

Comme dans tout produit d’exception, les matières premières jouent un rôle crucial ! Une grande liqueur a forcément d’excellents ingrédients, et en la matière, les abbayes sont exemplaires. Voici quelques exemples à la volée :

  • pour la liqueur de verveine de l’abbaye de Lérins, les moines la récoltent sur leur île, sans aucun engrais ou traitement chimique;
  • la Chartreuse verte repose sur 130 plantes qui viennent en partie des montagnes environnantes;
  • les sœurs de l’abbaye de la Maigrauge cultivent leurs plantes dans leur petit jardin
  • le Dry Gin du monastère d’Helfta est en partie issu de la mélisse et du basilic du jardin des sœurs

La liste serait encore longue pour expliquer le succès des spiritueux monastiques : limitation des volumes, fabrication lente, vieillissement prolongé en foudre de chêne etc… Mais on en restera là dans cet article.

Crédits photos – ©Abbaye de Lérins

Les quatre vraies liqueurs monastiques : quelles sont-elles ?

Grande-Chartreuse

La Chartreuse, liqueur emblématique, est le plus ancien et célèbre des spiritueux d’abbayes… Il trouve ses origines en 1605, lorsque le maréchal d’Estrées aurait remis la recette d’un “élixir de longue vie” aux moines de la Chartreuse de Vauvert, à Paris. Mais la fabrication ne commencera au monastère de la Grande-Chartreuse que bien plus tard, en 1737, sous l’impulsion du moine apothicaire, frère Jérôme Maubec. Aujourd’hui encore, seuls deux ou trois moines en connaissent les secrets de fabrication !

Voici les cinq liqueurs de Chartreuse les plus connues, par ordre chronologique de création :

  • l’élixir végétal de la grande Chartreuse : créé en 1764 selon la recette historique de 1605, sur la base de 130 plantes médicinales
  • La Chartreuse Verte. La recette date de 1840, et est tirée de celle de l’élixir végétal. Elle titre à 55% de volume d’alcool, et développe des notes de menthe, poivre, anis, citron et gingembre.
  • La Chartreuse Jaune. Comme sa sœur, elle est créée en 1840 et est issue de la recette de l’élixir, mais elle est plus douce, avec des notes de fleurs, miel et épices.
  • Le Génépi. En plus du génépi, toutes les autres armoises (fleurs de haute montagne) de cette liqueur viennent du vallon de la Chartreuse dans les Alpes !
  • Le vin de Noix apéritif. Les Pères chartreux ont remis au goût du jour cette recette typique de la région du Dauphiné, pour un délicieux apéritif qui titre à 23% vol.

Les amateurs apprécient en particulier les cuvées spéciales de Chartreuse, parmi lesquelles :

  • la Chartreuse VEP (Vieillissement Exceptionnellement Prolongé) : c’est une version vieillie de la Chartreuse, verte ou jaune selon les cuvées, qui révèle des notes encore plus complexes et subtiles.
  • la Liqueur du 9e centenaire. Créée pour la première fois en 1984 pour commémorer le 900e anniversaire de la fondation de l’Ordre des chartreux en 1084 par saint Bruno. C’est une liqueur d’assemblage qui titre à 47% vol., issue de profils de vieillissement différents.
  • la “Liqueur d’élixir 1605”. Créée pour la première fois en 2005 pour commémorer les 400 ans de la remise du manuscrit de l’Élixir de Longue Vie, par le Duc d’Estrées, aux chartreux de Vauvert à Paris. Cette liqueur s’inspire de la “Liqueur de Santé” ou “Élixir de Table” développée au début du 19e siècle, devenue en 1840 la Chartreuse Verte.
  • la Chartreuse Jaune MOF (Meilleurs Ouvriers de France-Sommeliers). Créée pour la première fois en 2008 par les Pères Chartreux en collaboration avec les MOF. C’est une liqueur d’assemblage issues de différentes Chartreuse Jaune traditionnelles.
  • la “Liqueur du Foudre 147”. Cette cuvée spéciale a été commercialisée pour la première fois en 2019, et fait perdurer le vieillissement de liqueurs dans le fameux “Foudre 147” à Voiron, dans la plus longue cave à liqueur du monde.

Crédits photos – ©Chartreuse.fr

Abbaye de Lérins

Sur l’île Saint-Honorat, au large de Cannes, se trouve l’abbaye de Lérins, un des plus anciens lieux monastiques de France, puisqu’on date sa fondation vers l’an 400-410. L’activité historique de l’actuelle communauté de moines cisterciens est l’élaboration de liqueurs, et ce, depuis les années 1890 !

Certains moines s’occupent de faire macérer les plantes dans l’alcool, tandis que d’autres s’occupent de la distillation (aux côtés d’un alambic de 1948 !), quand d’autres encore de la mise en bouteille et de l’étiquetage. C’est un véritable travail communautaire et monastique !

Voici les différentes liqueurs distillées par les moines cisterciens de l’abbaye de Lérins :

  • Lérina Verte. Élaborée depuis la fin du XIXe siècle par les moines de l’abbaye de Lérins, à base de 44 plantes, elle possède des notes de thym et de menthe.
  • Lérina Jaune. Créée en 1897 par les moines, elle est aussi issue de 44 plantes, dont une partie est récoltée sur l’île. Sa couleur jaune est 100% naturelle, grâce au safran !
  • Liqueur de verveine, distillée depuis 1948/1949 avec la verveine récoltée directement sur l’île. Avec ses 35% de volume, elle est parfaite pour terminer en beauté un bon repas !
  • Liqueur de mandarine, recette inventée en 1994, et titrant à 42% vol.
  • Lérincello (liqueur de citron), la dernière de la collection, obtenue après une longue macération du jus, des pulpes et une toute petite partie d’écorces.
  • Liqueur Sénancole. Comme son nom l’indique, elle est fabriquée au départ à l’abbaye de Sénanque (“berceau de la congrégation”), mais à Lérins depuis 1969. Elle est constituée de 19 plantes macérées plusieurs semaines dans l’alcool, et titre à 40%.
  • Eau de vie de Marc. Cette liqueur, qui titre à 44% vol., est issue d’une distillation de marcs de raisin et de lies provenant du vignoble en culture biologique des moines cisterciens.

Crédits photos – ©Divine Box

Monastère d’Helfta

En Allemagne en 2021, grâce à l’aide d’un frère d’une abbaye voisine, les huit sœurs cisterciennes du monastère d’Helfta se sont lancées dans une nouvelle activité manuelle : la distillerie ! Chaque cuvée (≈ 600 bouteilles) porte un nom de pape différent. Amusant, non ?

Voici les trois spiritueux produits à ce jour par le monastère d’Helfta :

  • Monastic Dry Gin. Un gin classique à 42% d’alcool, élaboré notamment avec la mélisse et le basilic du jardin des sœurs. Une partie des autres ingrédients vient d’autres monastères français et autrichiens ! Pas mal, non ?
  • Monastic Gin vieilli en fût de chêne : une version améliorée aux saveurs plus riches avec des notes boisées.
  • Monastic Coffee : une crème de café ressemblant au Baileys

Abbaye de la Maigrauge

Les sœurs cisterciennes de l’abbaye de la Maigrauge, à Fribourg (Suisse), produisent notamment deux liqueurs emblématiques : l’Eau Verte et l’Eau de Noix. Ces deux cuvées sont confidentielles, et vendues uniquement à la boutique des ​​sœurs, ou à distance mais en Suisse uniquement.

Voici les deux spiritueux de l’abbaye de la Maigrauge :

  • Eau verte : un élixir de 20cL titrant à 55% de volume d’alcool, fabriqué à partir de plantes biologiques soigneusement sélectionnées et cultivées dans le jardin des sœurs. La recette daterait de 1798, date à laquelle les Ursulines se seraient réfugiées à l’abbaye, pendant l’invasion de Fribourg par les troupes révolutionnaires françaises.
  • Eau de Noix : une liqueur artisanale mettant en valeur la richesse des noix.

N’y a-t-il pas d’autres liqueurs monastiques ?

Réponse courte : oui et non ;-)

En France, on pourrait prolonger l’analyse en citant des spiritueux fabriqués pour des abbayes, comme notamment “Amelino de Madaleno” pour l’abbaye du Barroux, ou encore les liqueurs Eyguebelle, héritées du savoir-faire de l’abbaye d’Aiguebelle en Provence. Mais ce ne sont pas des productions assurées par les moines, donc on préfère les mettre de côté.

En parcourant le monde, on pourrait toujours découvrir des cuvées de liqueurs d’abbayes confidentielles ici et là, en particulier dans les abbayes trappistes, où le travail manuel a une grande part.

Enfin, on pourrait poursuivre l’étude en évoquant les produits monastiques qui incluent de la liqueur dans leurs ingrédients, comme par exemple les “framboises savoureuses” de l’abbaye de Rosans, les “bouteilles à la liqueur” de l’abbaye de Bonneval, ou encore les “gros bouchons” de l’abbaye du Val d’Igny.

Si cela titille votre curiosité, vous pouvez cliquer ici pour en savoir plus sur ces liqueurs monastiques !

Crédits photos – ©Divine Box

Où acheter des liqueurs ou spiritueux d’abbaye ?

Pour cela, allez donc visiter une abbaye sur place, pour partager un office avec les moines (ou moniales) et faire un tour à la boutique !

Mais si c’est un peu loin, alors privilégiez l’achat en ligne, par exemple sur la boutique monastique en ligne de Divine Box.

 

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