Dans le numéro de La Croix du 14 octobre, le Père Christian Delorme publie une Tribune intitulée Et maintenant, on fait quoi ?, à propos de l’islam en France et après l’hommage national rendu le 8 octobre aux quatre policiers tués à la Préfecture de police de Paris et le discours d’E.Macron.
Le Père Delorme est une figure du diocèse de Lyon, de l’antiracisme institutionnel et du dialogue interreligieux entre catholiques et musulmans. De l’antimilitarisme de jeunesse, il passe au sacerdoce (il est ordonné en 1978) et a été l’un des initiateurs de la Marche des beurs en 1983, un an avant la création de SOS-Racisme. Il a été membre du Haut-Conseil à l’intégration. Il est actuellement (c’est indiqué dans sa tribune) délégué épiscopal pour le dialogue interreligieux à Lyon. C’est un fréquenteur avisé des musulmans.
Dans son discours, E.Macron avait dit entre autres :
« Je suis venu parmi vous enfin pour que nous regardions la vérité implacable et en tirions toutes les leçons pour prendre devant vous l’engagement au nom de l’Etat, d’empêcher que se perpétue de telles dérives. Vos collègues sont tombés sous les coups d’un islam dévoyé et porteur de mort qu’il nous revient d’éradiquer. Face au terrorisme islamiste nous mènerons le combat sans relâche… c’est la Nation toute entière qui doit s’unir, se mobiliser, agir. Nous ne l’emporterons que si notre pays qui est venu à bout de tant et tant d’épreuves dans l’histoire se lève pour lutter contre cet islamisme souterrain qui corrompt les enfants de France. Une société de vigilance voilà ce qu’il nous revient de bâtir ».
Et voilà ce que dit le père C.Delorme :
« Pour la plupart des musulmans, l’islam est obligatoirement pur, parfait par nature, et il ne saurait exister d’ « islam dévoyé ». Chez eux, la distinction qu’essayent de faire nombre de chercheurs, de politologues, de sociologues, de responsables politiques entre « islam » et « islamisme », est généralement incomprise ».
Autrement dit, Harpon n’était pas un islamiste, il n’a pas dévoyé l’islam : il était… musulman. Il s’est conformé de façon stricte à certains enseignements de l’islam et de la loi coranique. La radicalisation n’est pas un changement de nature. Ce n’est qu’un changement de degré dans la mise en œuvre de cette loi coranique. Un déplacement du curseur.
Dans le continuum de cette soumission aux lois musulmanes, Harpon a déplacé le curseur jusqu’à l’assassinat.
Une remarque d’ailleurs à propos de Harpon et des informations très divergentes sur la date de sa conversion de Harpon à l’islam (depuis 2 ans ? depuis 10 ans ?). Peut-être eût-on pu, surtout dans une structure policière focalisée sur la compréhension de la radicalisation, remarquer que si un musulman peut épouser une non-musulmane, il est interdit à une musulmane d’épouser un non-musulman. Or, d’après le contenu des textos échangés avec son mari le jour de la tuerie, la femme de Harpon paraissait plutôt pratiquante…
Dans son blog du 11 octobre 2019, P.Bilger qualifiait ce discours d’E.Macron de somptueuses banalités :
« Pourquoi ce verbe volontariste et qu’un citoyen de bon sens ne peut qu’approuver sonne-t-il pourtant non pas faux mais en quelque sorte “impuissant”? ».
Une imposture, avait déjà écrit le Salon beige. Comme le met en évidence sans fard le Père Delorme, une des explications tient au fait que tout le raisonnement macronien est fondé sur un contresens (volontaire aveuglement ?) sur la nature de l’islam. Et est donc en réalité impuissant parce que faux.