Visant essentiellement l’activité des mouvements qui se réclament de l’islam, les procès pour extrémisme religieux et terrorisme se multiplient un peu dans toutes les régions, du Caucase du Nord à l’Oural en passant par la Volga. La sociologue Svetlana Akkieva estime que les facteurs sociaux sont prioritaires dans les conflits que connaissent certaines régions russes : "Le radicalisme religieux, c’est en premier lieu une lutte sociale et non une lutte religieuse. Pour les jeunes, la religion est le seul moyen à pouvoir garantir l’égalité entre les gens et rétablir une quelconque justice sociale. Ils utilisent dans leur lutte des slogans religieux, mais ils revendiquent subconsciemment la justice sociale".
Cependant, la possibilité de conflits ethniques n’est jamais à exclure, puisque partout où cohabitent des gens de différentes ethnies la situation est potentiellement explosive : un cocktail de facteurs extérieurs (mouvements terroristes internationaux) et de règlements de comptes au sein de la communauté musulmane locale auxquels s’ajoutent la corruption des autorités, le chômage, les disparités de revenus de la population et la haine vis-à-vis des forces de l’ordre. En outre, il y a des forces qui ont intérêt à faire exploser les régions, mais les idées extrémistes ne peuvent pas prendre racine sur un terrain stérile.
La montée extrémiste est également due au fait qu’en URSS les institutions religieuses ont été quasiment interdites pendant des décennies, et, au début des années 1990, les associations religieuses, toutes jeunes, n’ont pas su résister à l’influence des missionnaires. Les jeunes musulmans de l’ex-URSS sont essentiellement des néophytes. Beaucoup de jeunes musulmans qui, au milieu et à la fin des années 1990, sont partis étudier l’islam dans les pays arabes en ont rapporté une nouvelle vision de la religion et de la vie. Il ne s’agit pas seulement de ceux qui, recrutés par des mouvements terroristes, ont pris des armes de retour en Russie, mais de ceux qui ont décidé de respecter strictement les règles de l’islam. La nouvelle génération veut avoir ses mosquées, ses imams, elle veut vivre sa vie et donc entre en conflit avec les directions spirituelles locales.
Les terroristes ont deux moyens d’influer sur les communautés religieuses : par le biais de réseaux scolaires d’enseignement de la langue arabe et des principes religieux et par le biais de tribunaux de la charia. La corruption et la vénalité des tribunaux laïques russes ajoutent à l’argumentation en faveur de la mise en place de tribunaux islamiques. Après la construction de mosquées, la mise en place de tribunaux islamiques ?
Une situation que pourrait connaître la France.