Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) et qui a dirigé l’ouvrage collectif Le XXIe siècle du christianisme (Éditions du Cerf), a été interrogé dans Le Figaro. Extrait :
[…] Le christianisme est, en effet, l’une des sources majeures de l’idée démocratique. Celle-ci participe d’un entrelacs mêlant Jérusalem, Athènes et Rome, judaïsme, philosophie grecque et droit romain. L’idée d’une condition humaine universelle, d’une égale dignité naturelle, de droits humains fondamentaux, de questionnement critique ne serait pas sans le christianisme. De même la séparation de la religion et de l’État. Le christianisme est une religion propice à la sécularisation. Il faut toutefois distinguer le christianisme comme vision de l’humanité et l’Église comme institution.
Quel est alors le rôle de l’Église dans la démocratie?
En dépit de son histoire contrastée, oppressive et libératrice, l’Église est une source trop méconnue et pourtant déterminante de la civilisation électorale que nous connaissons, à côté du pouvoir communal. Pendant dix siècles, le millénaire médiéval, l’Église catholique et romaine est restée la seule institution où l’élection n’a pas disparu. Les notions d’unanimité, de majorité qualifiée, de pluralité et les techniques électorales qui les produisent et nous sont familières n’ont pas été catapultées jusqu’à nous depuis la démocratie antique. C’est ainsi que l’Église a fortement contribué au triomphe du principe fondamental selon lequel l’autorité ne saurait être légitime sans avoir obtenu le consentement des gouvernés.
Le rejet de la culture chrétienne est, dites-vous, une menace pour la démocratie. Le XXIe siècle sera-t-il celui des modèles autoritaires ou théologico-politiques?
Je soutiens, dans mon texte, que nous sommes aujourd’hui confrontés à deux modèles refusant la séparation du politique et du religieux: d’un côté, l’islamisme, qui porte un projet théologico-politique, y compris au cœur du monde occidental supposé sécularisé ; de l’autre côté, le régime chinois, où la religion est placée sous la direction du Parti communiste et soumise à la répression du pouvoir. Ces deux négations de la séparation menacent la religion autant que la démocratie. Cela s’illustre tragiquement par les persécutions dont sont victimes en Chine les Ouïgours et les chrétiens, mais aussi par celles dont souffrent les chrétiens dans le monde musulman.
Je rappelle dans le livre que, selon l’Index mondial de persécution des chrétiens – la source de référence -, le nombre de chrétiens tués en raison de leur foi a augmenté de 60 % entre 2019 et 2020, passant de 2983 à 4761 individus. La quasi-totalité (91 %) des chrétiens assassinés en 2020 l’ont été sur le continent africain. C’est l’une des conséquences du développement des groupes djihadistes en Afrique subsaharienne. L’islamisme et le totalitarisme chinois mènent à la fois une guerre à la séparation du politique et du religieux et une guerre à la démocratie. Si le christianisme est aujourd’hui la religion la plus persécutée dans le monde, c’est parce qu’elle est une religion de la séparation et, en tant que telle, l’une des conditions d’une société démocratique. Christianisme et démocratie ont destin lié. […]
Bainville
Le christianisme n’est pas une religion de la séparation des pouvoirs spirituel et temporel. Ces pouvoirs sont distincts mais ils doivent collaborer.
Tout pouvoir vient de Dieu, et l’Eglise doit être appuyée dans sa mission de salut des âmes, bien premier.
Le Roi de France était l’Évêque du dehors.
S’ils sont séparés , puis en opposition, c’est la civilisation qui se corrompt rapidement.
La démonstration est aveuglante aujourd’hui, n’en déplaise à notre philosophe improvisé.
Léon XIII ne rappelait-il pas, dans son encyclique “Immortale Dei” que les sociétés qui ne rendent pas un hommage public à Jésus Christ, sont criminelles.