Dans Présent, Rémi Fontaine évoque l'essai de François de Lacoste Lareymondie Je refuse ! L’objection de conscience ultime résistance au mal. Extraits :
« Incontestablement, il faut que la société moderne ait atteint un degré de désordre moral extrême pour que l’Eglise en arrive à s’exprimer dans ces termes ! (…) Quel paradoxe que de se battre sur cette ligne de défense ! N’est-ce pas reconnaître que la première ligne, celle du bien pour lui-même et de sa promotion comme objectif naturel de l’agir humain, a déjà été enfoncée ? »
Il y a dans ce paradoxe à la fois une force et une faiblesse, autrement dit une équivoque qu’il faut dissiper, au risque de tomber dans une dialectique idéologique et un piège qui n’ont pas échappé à Mgr Jean Laffite pertinemment cité : « L’acte de refuser en conscience d’obéir à une loi injuste se réalise aujourd’hui dans un contexte de tolérance idéologique qui, par nature, n’est pas disposé à le supporter… La société idéologiquement tolérante ne peut tolérer l’objection de conscience, car elle échappe par quelque manière à son emprise. »
Comme la tolérance, la liberté (de contrainte en matière) religieuse, la dignité de la personne, la saine laïcité de l’Etat (distinction du temporel et du spirituel)…, l’objection de conscience est en réalité un concept sinon « inventé », du moins théorisé et pratiqué par le christianisme. En témoigne la cohorte innombrable et glorieuse des saints martyrs depuis les premiers siècles de notre ère. Mais, selon le mot de Chesterton, ces inspirations chrétiennes sont devenues des vertus folles avec le sécularisme du monde moderne.
En les « récupérant » ou les reprenant à son avantage, sous forme d’une argumentation ad hominem et avec un son contemporain (comme Jean-Paul II a voulu le faire pour les droits de l’homme), l’Eglise peut effectivement ouvrir une brèche dans un monde (du mensonge) clos sur lui-même, restituer en quelque sorte à ces valeurs leur véritable acception par leur (re)connexion à la loi naturelle et à sa transcendance. Elle peut ainsi offrir une réelle « pierre d’achoppement pour les autres ». […]"