Dom Courau, père abbé de l'abbaye bénédictine de Triors, est interrogé dans l'Homme Nouveau. Extrait :
"[O]n lit fréquemment sous la plume des historiens que, comme l’homme, toute civilisation est mortelle. La nôtre, chrétienne en Europe, doit largement sa naissance et son développement à l’Ordre de Saint Benoît. Or, cette même civilisation connaît un déclin qui semble annoncer une mort certaine. Que vous inspire cette objection latente du climat actuel ? Les bénédictins se sentent-ils la vocation d’empêcher l’inéluctable ?
Les historiens auxquels vous faites allusion contredisent frontalement un concept d’histoire que l’Église promeut, depuis La Cité de Dieu de saint Augustin en particulier. L’Occident vivait alors une problématique assez analogue à celle de notre époque. Peu après la mort de l’évêque d’Hippone, assiégé par les Vandales (430), survint Benoît (480-547) qui eut la grâce d’exorciser les craintes légitimes des honnêtes gens face aux invasions barbares, avec leurs dégradations morales horribles et inévitables. Saint Benoît, pour lui-même et ses moines, sut confier l’avenir à Dieu seul, organisant pour sa part le quotidien avec les moyens dont il disposait : moyens sociaux modestes, mais dans un contexte décisif de foi et d’humilité. Le Moyen-Âge est né de l’apaisement progressif dû à cette attitude. La situation présente que vous décrivez (le dernier des Mohicans avant le postchristianisme !) a besoin à nouveau de Benoît pour confier l’avenir à Dieu seul. Le gouvernail n’est dans les mains que de la Providence. Je suis frappé du faux sérieux de notre génération et de l’âpreté des débats, si mal posés, auxquels elle se livre. De temps en temps, j’ai envie de lui crier que les enfants sont plus doués qu’elle par leur fraîcheur naïve remplie de belles intuitions. La Parole de l’Évangile est plus actuelle et urgente que jamais : «Si vous ne redevenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux»… et vous continuerez à détériorer l’ordre temporel. Croyez-moi, les lois universelles du coeur humain retrouveront peu à peu leur équilibre par les moyens que Dieu seul connaît si nous lui ouvrons nos coeurs par la foi et l’humilité, usant modestement de cet ensemble des petits moyens qui restent toujours à notre portée.
Mais votre question demande une réponse plus précise. Je ne veux pas l’éluder. La réponse me paraît se situer entre la formule du Qohélet («Rien de nouveau sous le soleil : tout changera toujours, flux et reflux») et celle de l’Apocalypse sur le Christ, Alpha et Omega, auquel appartiennent tous les temps. La Révélation qui aboutit à l’Incarnation du Verbe de Dieu est l’unique axe autour duquel tourneront sans cesse les versatilités humaines. Stat Crux dum volvitur orbis, dit la devise des chartreux (La Croix demeure tandis que le monde tourne)."
lulo
Un extrait intéressant, mais qui mérite d’être bien compris… L’abbé tend à souligner justement que le providentialisme n’est pas une attitude juste, et que si nous devons travailler, c’est Dieu qui récompense nos efforts:
“Souvenons nous que pour continuer de jouir de Sa grâce, le Bon Dieu nous demande notre participation, notre effort, notre zèle à travailler pour le bien de nos semblables. Autrement dit, Il nous demande d’œuvrer selon nos moyens pour le bien commun, et par voie de conséquence, pour l’institution qui seule peut assurer durablement l’unité harmonieuse. L’enseignement de la très légitimiste sainte Jeanne d’Arc est à ce sujet très explicite : « les hommes d’arme batailleront et Dieu donnera la victoire. »
C’est à travers l’action humaine, surtout si le rapport de force Lui est défavorable que Dieu manifeste Sa toute puissance. C’est ce qu’illustrent fort bien les exemples de David contre Goliath et de la petite bergère lorraine contre les Anglais…”
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DAUGAN Bernard
Et : Dieu de Clotilde si tu me donnes la Victoire…Si ma mémoire est bonne ça se passait à Tolbiac…………..
PK
Notre nouveau Benoît sera-t-il notre… Benoît XVI ?