D'Aymeric Pourbaix à propos de la loi santé :
"[…] De prime abord, aucune logique n’apparaît vraiment dans ce texte, qui relie pêle-mêle la banalisation du recours à l’avortement – par la suppression du délai de réflexion notamment – mais aussi le tabac, le vin, le don d’organes et l’autorisation des salles de shoot .
Dans ce labyrinthe, il existe pourtant un fil d’Ariane : la déresponsabilisation des Français, dont on étouffe les libertés. Outre la généralisation du tiers payant, qui focalise l’attention des médecins car générateur d’assistanat, le texte restreint aussi la liberté de choisir ou pas le don d’organes. Et il rend plus difficile de privilégier une éducation affective et sexuelle autrement que par la contraception.
Autre exemple, celui des salles de shoot. N’y a-t-il pas d’autres manières de lutter contre le fléau de la drogue que d’encadrer le phénomène, comme s’il était inévitable ? Certes, la déviance existe et fait des ravages. Et plus que d’autres, les catholiques s’investissent pour accompagner les drogués. Mais l’Église n’enferme pas pour autant l’homme dans sa maladie ou son vice. Elle croit aussi à la bonté de la Création, même abîmée par le péché originel, et à la maîtrise de soi, voire à l’abstinence. Les résultats de la communauté du Cenacolo, qui prône l’abstinence totale conjugué à l’adoration eucharistique, sont à cet égard édifiants.
À dire vrai, cette confiance en l’homme a un pendant : l’apprentissage des vertus – terme dont l’étymologie renvoie davantage à la force, à la virilité antique et chevaleresque, qu’à une morale bourgeoise du XIXe siècle… Mais cette éducation de la volonté et le travail des vertus ne sont hélas pas assez valorisés aujourd’hui.
Là réside pourtant la pierre d’angle pour quiconque refuse tout fatalisme sur l’homme et la société. Il s’agit de prendre parti, de choisir librement le bien, sans l’échappatoire d’une neutralité impensable, affirmait Simone Weil. À la fin des fins, l’alternative est même de se prononcer « pour ou contre Dieu ». La philosophe allait jusqu’à dire que « lorsque César ne veut pas s’incliner devant le Christ, il ne demeure pas neutre : il devient hostile… » Dès lors, il serait temps que l’homme renoue son alliance avec Dieu : voilà qui serait un gage de bonne santé ! […]"