Le prince Louis de Bourbon a été interrogé dans Famille d'abord, la lettre du Mouvement Catholique des Familles. Extrait, à propos de la loi Taubira :
"Je me suis élevé contre ce qui se passait alors qu’habituellement, compte tenu de ma position, je m’efforce de rester en dehors du débat politique quotidien. Or, ce qui était en train de se passer était d’une toute autre nature. Avec cette loi la famille qui était en France, comme dans la quasi-totalité des sociétés humaines, le socle de la société, devenait un produit artificiel et modulable, soumis aux caprices de lois de circonstances.
Votre message a été assez peu relayé ? Pourquoi ?
Mon message a été, sans doute, intégré au sein de l’énorme vague de protestation, et c’est très bien. Dans mon message, j’en appelai à la prudence et au respect des enfants. Ne pas bousculer ce qui fait les fondements de la société humaine. Les hommes politiques ont refusé cette prudence alors que bien souvent ils font appel au principe de précaution. Ils n’avaient pas à faire entrer la France dans une option dont chacun comprend bien qu’elle va au-delà d’une simple mesure législative, mais qu’il s’agit d’un véritable changement de civilisation. Les Français ne voulaient pas d’une rupture de l’ordre naturel, pas d’une rupture anthropologique. D’ores et déjà, nous voyons les conséquences de l’adoption de cette loi avec la promotion de l’idéologie du genre et la gestation pour autrui qui commencent à poindre.
Cette vague s’est transformée en une déferlante. De très nombreuses voix se sont élevées et la presse les a souvent relayées en offrant ses colonnes aux opposants, mais le gouvernement n’a pas voulu les entendre et les a même travesties. Il devra un jour s’en expliquer. L’histoire nous a appris qu’il y avait toujours un moment où il fallait assumer ses erreurs.
Les familles françaises se sont levées nombreuses pour s’opposer à la dénaturation du mariage, que vous inspirent ces campagnes de protestation ?
Je les ai trouvées admirables. Ces millions de personnes dans la rue, ces familles, ces parents et grands-parents, ces enfants, tous ont voulu montrer leur attachement à la famille traditionnelle, creuset de la société. Famille où, en se partageant les responsabilités entre un papa et une maman, les enfants sont élevés et éduqués pour que la société puisse se perpétuer. Ces familles représentent la vie. Ce fut un mouvement spontané et c’est en cela qu’il est grand, et qu’à mon sens il va se poursuivre. Il s’est accompagné d’un réveil des consciences et d’une redécouverte du réalisme contre la tentation idéologique qui a empoisonné le XXème siècle. Ce que les familles ont semé le printemps dernier, finira par éclore.
Quelles priorités vous semblent devoir être posées en matière de politique familiale ?
La première est d’assurer une politique économique et sociale soucieuse de l’intérêt des familles. S’y ajoute, compte tenu des évolutions actuelles, celle de la garantie du droit des enfants. Les enfants ne sont pas des choses, des objets dont l’Etat ou les adultes peuvent disposer selon leur bon vouloir, à leur guise. Les discours entendus autour de « droit à l’enfant » sont particulièrement choquants. Tous les parents ne peuvent être que déconcertés par cela. Chacun imagine ce qui pourrait arriver à ses propres enfants s’ils devaient devenir orphelins.
Les enfants ont besoin d’un père et d’une mère. C’est incontournable. Pourquoi légaliser un système qui produit l’absence, le manque de l’un des deux ? Le deuil d’un des parents.
Dans un autre contexte, au XIXème siècle, ce sont les députés légitimistes qui s’opposèrent au travail des enfants et firent voter les premières lois sociales. De nos jours ce sont les familles qui imposeront par leur sagesse, leur ténacité et leur sens du devoir la nécessaire abrogation de la loi sur le mariage pour tous tout en maintenant, bien évidemment, le respect dû à chaque individu. […]"