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Pays : International

L’opération Barkhane a-t-elle encore un sens ?

D’Antoine de Lacoste sur Boulevard Voltaire :

La France a annoncé, le 3 juin, la suspension de ses opérations conjointes avec le Mali dans le cadre de l’opération Barkhane. Cette annonce n’a guère surpris. Deux coups d’État militaires se sont succédé au Mali, l’un en août 2020, l’autre le 24 mai dernier. Le nouveau président, le colonel Goïta, n’a guère la confiance de Paris et il est illusoire d’espérer une stabilisation de la situation à court terme. Surtout, derrière Goïta, se profile l’ombre de l’imam Dicko. Proche des islamistes, il prône la réconciliation des Maliens, ce qui sous-entend un rapprochement avec les combattants djihadistes. Dicko et son allié Maïga, dont on parle pour le poste de Premier ministre, ont provoqué plusieurs rassemblements dans la capitale Bamako réclamant le départ de la France.

C’est à cause du Mali que la France a lancé l’opération Barkhane en 2013. C’est à cause du Mali qu’elle risque d’y mettre fin.

En effet, le nord du Mali était tombé aux mains des djihadistes dès 2012 et la faiblesse de l’armée malienne (mais est-ce vraiment une armée ?) laissait présager une rapide victoire complète des islamistes dans tout le pays. L’intervention de l’armée française avait empêché ce scénario catastrophe qui pouvait entraîner l’ensemble de la région dans le chaos islamiste.

Mais huit ans après, la question se pose : faut-il poursuivre cette intervention coûteuse à tout point de vue ? Car jamais la France n’a trouvé un appui militaire conséquent dans ces pays qu’elle est venue aider : la force conjointe, appelée G5, et regroupant des troupes venues du Burkina Faso, du Tchad, du Niger, du Mali et de la Mauritanie, est à peu près totalement inefficace. Un seul pays fait exception, le Tchad, dont les troupes sont les seules à faire preuve de combativité. La mort récente du président tchadien, Idriss Déby, dans des conditions d’ailleurs assez troubles, est un rude coup et Paris a perdu son interlocuteur le plus fiable.

Aujourd’hui, avec des moyens limités sur un territoire grand comme plusieurs fois la France, il faut sans doute donner un autre format à Barkhane. Certes, son bilan est loin d’être totalement négatif et de très nombreux djihadistes ont été mis hors d’état de nuire (il est impossible d’en connaître le nombre). Mais si les opérations au sol ont été souvent couronnées de succès, chacun s’accorde à dire que ce sont les interventions aériennes qui ont provoqué le plus de dégâts chez l’ennemi.

Or, ces interventions aériennes pourraient fort bien, en cas d’urgence, être organisées depuis les bases françaises de Côte d’Ivoire, du Sénégal ou du Gabon.

Mais cela ne résoudrait pas le problème d’un pouvoir malien devenu de plus en plus complaisant avec les djihadistes et qui pourrait finir par pactiser avec eux. Comment intervenir, alors, dans un tel contexte ?

Ce qui est certain, c’est que les efforts considérables de l’armée française pour former des cadres militaires maliens ont échoué. L’armée malienne est une armée de papier, il ne faut pas se le cacher.

Alors, faut-il continuer à risquer la vie de nos meilleurs soldats pour un pays qui ne veut même pas se défendre ? Poser ainsi la question, c’est déjà y répondre.

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4 commentaires

  1. Je trouve cet article décevant par son simplisme. La France n’est pas intervenue au Mali par philanthropie ou par amitié pour son gouvernement de l’époque, mais pour entraver une déstabilisation totale de la zone qui ferait tâche d’huile. Si l’objectif n’est pas atteint, le bilan représenté par un gain de plusieurs années n’est pas négatif. Quid si les troupes qui tiennent le nord s’en vont ? La puissance aérienne ne remplace jamais ceux qui occupent le terrain. Mais peut-on rester si l’ensemble de l’environnement devient hostile ? Tout le problème est là : dans l’arbitrage entre le maintien ou le départ, sur le moment où une bascule devient préférable. Est-il atteint à ce jour ? Pour quelles conséquences ? C”est là-dessus que l’on aimerait lire des propos éclairés.

  2. Pourquoi? Parce que si ce gouvernement pactise effectivement avec les Islamistes, ils auront une base légale et mettrons tout le Sahel depuis le Mali…. Avant de déstabiliser l’Algérie, et pourquoi pas organiser des attentats chez nous. Il faut vraiment n’avoir aucune vision pour croire qu’on peut les laisser se débrouiller entre eux et que leur guerre ne va pas s’amplifier chez nous

  3. Le péché mignon des français c’est de croire que les populations locales peuvent les aimer. On a essayé en Algérie pour le plus grand malheur de ceux qui nous ont fait confiance. La solution des bases françaises au Sénégal, en Côte d’Ivoire, et au Gabon est probablement la bonne. A l’américaine ou à la russe. Plus facile que d’aller du Bourget à Kolwezi.

  4. ils ont envoyé nos jeunes gars se faire trouer la peau en indochine, en algérie pour “défendre la patrie”
    ils ont envoyer nos jeunes gars se faire trouer la peau à beyrouth, en afghanistan et maintenant au sahel pour défendre la “civilisation” européenne!

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