Mons. Mario Iceta, évêque de Bilbao et président de la commission pour la famille et la défense de la vie, parle clairement de la réalité actuelle de la famille, des messages du récent Synode extraordinaire, et des problèmes auxquels est confrontée la famille de nos jours.
Ce Synode a tenté de mettre l’accent sur les aspects fondamentaux que l’Eglise doit illuminer dans l’évangile de la famille, afin d’identifier les obstacles et difficultés de la pastorale actuelle du mariage et de la famille. Il s’agissait d’une ‘prise de pouls’, évaluant les approches de la pastorale familiale à travers les diocèses, faisant ressortir ses forces et ses faiblesses, ses difficultés et ses opportunités. Ainsi furent tirées les questions fondamentales qui seront illuminées durant le prochain Synode, avec la grâce de Dieu.
Les causes des douloureux échecs matrimoniaux sont nombreuses et de différentes natures. Il existe une difficulté ambiante, une société qui vit installée dans une ambiance diffuse de relativisme, d’individualisme, d’hédonisme, et où ne fleurissent pas les valeurs fondamentales qui rendent possible la réalité du mariage. On observe aussi une durée rallongée de ce que l’on appelle ‘l’amour liquide’, en termes plus classiques l’amour romantique, émotiviste et sentimentaliste, qui enferme la personne dans ses propres émotions et qui se meut principalement avec les pulsions des sentiments, sans atterrissage dans la réalité et sans implication de la volonté de s’atteler à aimer et à se livrer au conjoint.
De plus, est évidente la nécessité d’une éducation affective et sexuelle profonde et vraie, qui pose les piliers et rend la personne capable d’un don personnel et durable, de faire front aux difficultés propres à la vie matrimoniale, et de grandir au milieu de celles-ci. Beaucoup de jeunes ont peur d’assumer un engagement à vie, surtout parce qu’ils pensent que cela n’est pas possible, ou parce qu’on ne les a pas préparé à cela. Dans ce sens, les témoignages des mariages qui célèbrent leurs noces d’argent et d’or constituent une aide précieuse pour eux.
Je pourrais signaler enfin l’initiation chrétienne déficiente de nos jeunes, qui empêche d’accéder au sacrement du mariage avec la profondeur de la vie de la foi, de l’espérance et de l’amour que cette vocation requiert.
Le modèle de la famille :
Parler de famille traditionnelle c’est semble-t-il parler de quelque chose passé de mode. Je crois que ce n’est pas un terme adéquat. Nous devons parler de la famille comme réalité fondée sur l’amour mutuel et fécond du don de soi irrévocable de l’homme et de la femme, avec une dimension publique et comme cellule fondamentale de la société. Je ne crois pas que ce soit une réalité qui s’étiole, mais la référence fondamentale de la vie humaine et une promesse certaine d’espérance et d’avenir pour la société. D’une façon ou d’une autre, toute famille fait référence à cette réalité fondamentale, même les familles qui ont perdu un de leurs membres, celles qui ont traversé l’échec, la séparation, des blessures irrécupérables.
Les médias relèguent la réalité belle et féconde du mariage et de la famille, donnant l’impression que c’est une institution passée de mode. Il me semble nécessaire d’annoncer de nouveau la beauté de la vocation matrimoniale, en partant d’une anthropologie adéquate, où se révèlent les fondements de la vérité sur l’être humain et les principes qui conduisent à son développement véritable, tant personnel que familial et social.
Un toit est fort et sain quand ses cellules sont fortes, saines et entretenues. Lorsqu’on ne prend pas soin de la réalité du mariage ou de la famille, et que cette réalité s’affaiblit, apparaît une décadence générale de la société, un obscurcissement de la vérité sur la dignité de la personne humaine. Survient une espèce d’effondrement social et culturel. Et je crois que c’est ce que nous percevons dans la situation actuelle, une espèce d’éclipse de principes, de pensée affaiblie et désorientée sur la façon dont nous pouvons fortifier la dignité humaine et construire une société digne de tous. Nous avons réitéré qu’à travers la crise économique et financière nous traversons une autre crise plus profonde, anthropologique, éthique et culturelle. Cette crise de fonds est la plus préoccupante, celle qui fait le plus de mal et celle à laquelle il faut faire front avec vigueur et sans tarder.
Comme j’ai commenté antérieurement, l’éducation sexuelle affective est un élément clé pour que les jeunes acquièrent la capacité à réaliser avec plénitude leur vocation profonde à l’amour, et qu’ils ne souffrent pas des échecs affectifs douloureux qui laissent toujours des cicatrices profondes. Nous devons préparer les jeunes à assumer la beauté de l’engagement et à vivre la vie conjugale. Cela nécessite une éducation globale intégrant la dimension spirituelle et transcendante. La commission pour la famille prépare donc un livre à cette fin. Nous croyons que cela fera un bien immense pour que nos jeunes découvrent la beauté de la vocation à aimer, qu’ils soient éduqués de manière adéquate dans leur affectivité, qu’ils découvrent le sens profonds de la corporalité et de la sexualité, qu’ils apprennent à aimer avec un cœur grand, et à construire en communion une vie qui mérite la peine d’être vécue.