"L'Union européenne estime que l'adoption d'une loi en Albanie autorisant l'ouverture des dossiers secrets de l'époque communiste dénote un manque de dialogue politique et d'indépendance du système judiciaire dans le pays, alors que Tirana envisage un processus d'adhésion à l'UE. […] Le texte adopté fin décembre interdit l'entrée dans la fonction publique jusqu'en 2014 aux anciens membres des organes d'Etat qui ont pratiqué la violence sous l’atroce régime stalinien ou qui ont servi d'informateurs aux implacables services secrets. Cette loi de “lustration” a déjà été condamnée par le Conseil de l'Europe et les Etats-Unis. Le Premier ministre albanais Sali Berisha avait dit s'inspirer du modèle tchèque…"
MJ
Thomas
Cher Monsieur Janva, je crains qu’avec cet article vous ne fassiez un raccourci. Je ne vous le reproche pas, car je pense que vous ne connaissez pas assez la réalité de ce pays qui a beaucoup souffert de 500 ans d’empire ottoman et de 50 ans de communisme stalinien. Cette réalité je la connais très bien pour différentes raisons et je peux vous dire qu’il n’y a pas de loi plus liberticide et abusive que celle proposée par le Gouvernement. Il faut dire que la plupart des personnes qui avaient pu tremper directement dans les crimes communistes ont, soit disparu, soit quitté le territoire, sans compter ceux qui se trouvent aujourd’hui à la tete meme du Gouvernement. Sali Berisha, le Premier ministre, a été très longtemps secrétaire du Parti communiste des hopitaux de la capitale, Tirana. En vérité, cette loi vise tout simplement les opposants politiques de M. Berisha, qui ne sont pas meilleurs que ce dernier, mais qui n’ont pas à servir de prétexte à des éliminations politiques et administratives par une loi inique et aux sanctions disproportionnées aux objectifs qu’elle s’est assignés. Les Albanais n’ont toujours pas assez de recul pour “digérer” l’ouverture des dossiers. Ceux qui pronent, du reste, cette ouverture, ont déjà fait disparaitre les documents compromettants les concernant, tout le monde le sait en Albanie.
L’UE, quels que soient ses défauts, a au moins le mérite de bien connaitre la réalité dans les Balkans et d’essayer de ne pas créer les conditions de guerres civiles qui y couvent.
Amicalement
Dritani
Très cher Monsieur JANVA,
Je ne peux que vous remercier pour votre article qui ne souffre d’aucun raccourci. La réalité de mon pays est semblable à celle d’autres pays ex-communistes. La loi de « lustration » adoptée par le Parlement albanais, démocratiquement élu, n’est en rien abusive et encore moins liberticide. Mais, voilà. Cette loi fait peur à ceux qui aimeraient que l’on les croit disparus ou ayant quitté le pays. Le texte de cette loi ne vise pas l’ouverture des dossiers des années 50 ou 60. La dictature communiste en Albanie a pris fin en 1992. Or, les membres des organes d’Etat qui ont pratiqué la violence sous cet atroce régime ou qui ont servi d’informateurs aux implacables services secrets occupent aujourd’hui des postes importants dans les institutions du pays. En effet l’on trouve encore aujourd’hui dans les tribunaux les mêmes procureurs qui hier réclamaient la déportation dans les goulags, les mêmes juges qui rendaient des sentences de mort et de déportation. Il suffit de rappeler que des juges siégeant à la Cour Constitutionnelle sont concernés par cette loi. Sans oublier certains députés socialistes et autres hommes politiques de « gauche ». Le seul but de cette loi est de rétablir la Justice. Comment des criminels peuvent-ils continuer d’exercer des fonctions au sein des institutions ou bénéficier de mandats politiques alors que leurs mains sont maculées de sang innocent ? Bien sur ces criminels sont devenus aujourd’hui des personnes « respectables ». Aiment être considérés comme défendeurs des droits de l’homme, et donnent volontiers des leçons de démocratie et de tolérance. Evidement si vous leur demandez des comptes, vous vous rendez coupables d’incitation à la guerre civile. Du passé faisons table rase…c’est un leitmotiv qu’ils n’ont pas oublié.