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Europe : politique / Pays : Turquie

L’UE n’a pas vocation à s’occuper des problèmes asiatiques

Henri Froment-Meurice, Ambassadeur de France, écrit dans Ouest-France, sous le titre "L'Europe serait-elle en Asie ?" :

F "À entendre les arguments des partisans de l'adhésion de la Turquie à notre Union européenne, l'on en vient à se poser cette question. Pour eux, l'appartenance de la Turquie à l'Europe relève de l'évidence : la Turquie a, en Europe, une partie de son territoire ; elle contrôle les détroits ; avec Istanbul, elle est l'héritière de Byzance ; elle siège au Conseil de l'Europe ; au sein de l'Union européenne, elle ne pourra qu'évoluer vers nos valeurs de démocratie et de laïcité ; la rejeter en ferait un voisin hostile et favoriserait la poussée de l'islamisme.

Mais tous ces arguments pèsent bien peu face à une réalité plus dominante : la Turquie n'est pas d'Europe. Certes, elle a conservé, avec Istanbul et la Thrace orientale, l'ultime reste d'un Empire ottoman […]. Cependant, ce territoire ainsi conservé ne représente que 3% de la superficie totale du pays et 10% de sa population. Et pour cause puisque tout le reste se trouve en Asie où la Turquie voisine avec la Syrie, l'Irak, l'Iran, l'Arménie, la Géorgie. Il en résulte que, si elle est, à tous égards, une vraie puissance, elle exerce son influence bien moins en Europe qu'en Asie : sur le Caucase, au Proche et au Moyen-Orient, et, bien au-delà, en Asie centrale, dans un espace largement turcophone.[…]

Au-delà de toute discussion sur la compatibilité du régime turc, tel qu'il évolue actuellement, avec les valeurs de l'Union européenne, la question fondamentale est donc de savoir si celle-ci, en laissant la Turquie adhérer, doit devenir une puissance qui ne serait plus seulement voisine de l'Asie, mais qui serait territorialement implantée en Asie et impliquée dans tous les problèmes que suscite ce voisinage, qu'il s'agisse, entre autres, des rapports étroits de la Turquie avec Israël, de la douloureuse question kurde ou des séquelles du génocide arménien (même si un rapprochement entre Erivan et Ankara s'esquisse). En vérité, il est vital, pour l'avenir de notre Union européenne, qu'elle ne s'étende ni en Asie ni sur l'autre rive de la Méditerranée."

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7 commentaires

  1. ceci est frappé au coin du bon sens. Si Sarkozy pouvait lire cela est surtout le comprendre…
    malheureusement, notre ambassadeur n’est pas ministre des affaires étrangères.

  2. Remarquable synthèse. Merci
    On confond trop souvent les turcs et les arabes.
    A l’origine les turcs sont des nomades apparentés aux Mongols issus de la steppe asiatique.Au VIII° siécle(A peu près à l’époque de Charles Martel),un de leurs chefs converti à l’islam prend le pouvoir à Bagdad, alors capitale de l’empire arabe. et s’octroie le titre de sultan; le calife arabe n’a plus alors que des pouvoirs religieux.Les arabes deviennent pour l’autorité turque des sujets de seconde zone.Plus tard un chef nommé Osman crée l’empire ottoman qui durera jusqu’à la 1° guerre mondiale.La Turquie c’est l’Asie….

  3. La Turquie se rapproche actuellement des autres pays musulmans, comme l’Iran et la Syrie. C’est son droit et c’est bien, mais il me semble que notre presse en parle peu. Le fait est que c’est évidement incompatible avec sa candidature à l’U.E.
    En outre, l’U.E. nous a couté cher :
    « La coûteuse présidence française de l’UE »
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/10/20/01011-20091020FILWWW00286-la-couteuse-presidence-francaise-de-l-ue.php

  4. Enfin un argument vraiment recevable !
    Mais cela ne pèse pas très lourd face à la chance que représenterait l’entrée de la Turquie pour de vrais eurosceptiques : voyez déjà ce que font la République Tchèque, l’Irlande, la Pologne, ou les Anglais… les Turcs sont beaucoup plus nationalistes et souverainistes et ne s’en laisseraient pas conter : avec le loup turc entré dans la bergerie européiste, plus aucun approfondissement en vue !

  5. – L’ entrée de la Turquie dans l’ U.E. entraînera aussitôt l’entrée…d’ Israël !
    – Bien évidemment, avec l’entrée de la Turquie, entreront chez nous tous les
    problèmes du moyen-orient (kurdes,etc…).
    – Et avec Israël…

  6. Il me semble que par 3 fois les dirigeants européens ont estimé offciellement que la Turquie faisait partie de l’Europe politique. Un point c’est tout. Au lieu de perdre son temps à s’offusquer et regarder en arrière, les euro-sceptiques devraient travailler ensemble avec les Turcs pour accélérer l’ancrage de ce pays à l’UE! Rien n’est prédestiné dans l’histoire, l’Europe n’a été une démocratie que pendant une toute petite partie de son histoire. D’après quelle théorie (raciste) les Turcs ne seraient pas capables d’en faire autant? Quelles théories (racistes) se cachent derrière cette méfiance?
    [Pourquoi parler de racisme ? Avec ce genre d’argument, on pourrait rattacher l’Iran et la Chine à l’UE.
    MJ]

  7. Attention…
    Pour fréquenter chaque jour des pro-Turcs, je peux vous assurer que cet argument ne prend absolument pas. Tout simplement parce qu’il est géographique. Et en ce sens, il pose problème:
    C’est la question des frontières (naturelles me direz-vous: Atlantique, Oural, Mer Méditerranée): le problème, c’est que ce n’est qu’une convention sans légalité: ils vous répondront qu’elles sont subjectives et votre débat n’ira pas plus loin. Frontières qui posent problème: la Russie est-elle dans l’Europe? Pourquoi pas jusqu’en Oural avec le bornage géographique. Chypre est-elle en Europe? Certainement pas. Si la Turquie n’est pas dans l’Europe géographique, Chypre n’a aucune raison d’y être. On pourrait également parler de Ceuta, Melilla, des Canaries et de nos DOM-TOM (bien que ce soit des exceptions et que leur cadre légal soit finalement assez différent).
    Toujours est-il que vous ne pouvez pas opposer cet argument à des pro-Turcs, ça ne marche pas. Les seuls qui portent, à ma connaissance, sont
    -les problèmes de fonctionnement à 27 et la perspective de 100 millions de Turcs en 2050 (le plus rationnel, le seul indiscutable vu que les embrouilles européennes sont unanimement reconnues).
    -l’apport culturel européen: Athènes, Rome, le Christianisme (qui ont encore la Turquie, ils vous rappelleront le passé chrétien de ce pays), puis le cartésianisme, et les Lumières, que n’a pas suivi la Turquie, véritablement séparée de l’Europe en 1453.
    -et l’argument arménien colle tant que la Turquie ne se sera pas excusée, donc il n’est pas valable pour un non de principe, mais uniquement pour un non provisoire. Pas plus que l’argument du rapport religion-Etat (auquel les laïcistes vous rétorqueront par les cas de l’Irlande et de la Pologne… sans omettre le Royaume Uni anglican).
    Voili voilou, si vous avez d’autres idées d’arguments qui tiennent la route, je suis preneur!
    Mais celui-ci, en tout cas, ne tient malheureusement pas.
    [Cet argument tient car l’UE n’a pas été conçue pour régler les problèmes frontaliers qui ne manqueront pas de survenir avec l’arrivée de la Turquie : Syrie, Iran, Irak, Kurdes… tout ceci deviendra une préoccupation européenne, alors qu’il s’agit de l’Asie.
    MJ]

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