De quoi ? On ne sait pas encore… La présidence finlandaise de l’UE a donné jusqu’à début décembre à la Turquie pour respecter ses engagements sur Chypre, faute de quoi les 25 devront "envisager les implications pour le processus d’adhésion" d’Ankara. Cela ne signifie pas grand chose sinon que l’on veut rassurer tant les idéologues de l’adhésion de la Turquie (pas de menace de suspension des négociations) que les opposants (fermeté de l’ultimatum). "Des décisions devront être prises dans trois semaines" à la réunion des ministres des Affaires étrangères du 11 décembre, a indiqué le Premier ministre finnois. "Ce n’est pas un bon scénario mais cela voudra dire un futur incertain", a-t-il ajouté.
L’UE est divisée. Certaines capitales, Londres en tête, soutiennent une suspension très partielle des négociations, limitée aux seuls chapitres directement liés à l’union douanière, sur les quelque 35 chapitres thématiques concernés par les négociations. D’autres Etats, Chypre en tête, poussent pour une suspension beaucoup plus large des pourparlers, même s’ils assurent de pas être favorables à un gel total du processus.
Cette menace, toute en diplomatie, qui vise à ne froisser personne et à concilier les positions, est un bon exemple de la différence entre la volonté générale chère à Rousseau (résultat du compromis entre les volontés particulières, qui ne satisfait vraiment personne) et la recherche du bien commun, qui ne consiste pas à essayer -par un compromis- de faire plaisir à chacun mais à chercher le bien. Autrement dit, on ne cherche pas à savoir si l’adhésion de la Turquie est un bien pour l’Europe (mais encore faut-il savoir ce qu’est l’Europe).