Christian Paturel, âgé de 58 ans, avait publié en 1996 un ouvrage intitulé "Sectes, religions et libertés publiques". Ce témoin de Jéhova avait été condamné pour diffamation envers l’Union nationale des associations de défense de la famille et de l’individu (Unadfi), une association française de lutte contre les sectes. Il a obtenu réparation par la Cour européenne des droits de l’homme, qui estime que le requérant a été victime d’une violation de son droit à la liberté d’expression.
Il dénonçait en termes virulents les mouvements antisectes, et l’Unadfi en particulier, qu’il comparait aux mouvements antisémites et antimaçonniques d’avant-guerre, voire à l’Inquisition. Le tribunal correctionnel de Paris avait condamné l’auteur et son éditeur, La Pensée universelle, en mars 1997, jugement confirmé en appel. Dans son arrêt, la juridiction du Conseil de l’Europe "estime que les déclarations incriminées (…) constituent (…) des jugements de valeur (qui n’ont pas à être démontrés) plutôt que des déclarations de faits".
Doit-on se réjouir de ce procès ? Bien que le bénéficiaire soit un témoin de Jéhova, je crois que oui, car la Cour européenne a reconnu ici une atteinte à la liberté d’expression, menacée par ce mouvement antisecte, qui s’en prend notamment à l’Eglise catholique. Ainsi, sur le site de l’Unadfi, on trouve des critiques de communautés catholiques jugées comme sectes : la communauté St Jean ("destruction de la personnalité de beaucoup de religieux suite à la perte de leur intégrité psychique et de leur liberté individuelle de penser et d’agir"), les Béatitudes (l’"emprise s’exerce par la peur du démon qui est omniprésent"), ainsi que la très redoutée Opus Dei. La lutte contre les sectes paraît bien subjective…