Dans l’ouvrage déjà évoqué du Polonais Ryszard Legutko la démocratie moderne, l’auteur, qui est élu député européen, aborde l’Union européenne :
L’Union européenne reflète l’ordre et l’esprit de la démocratie libérale sous sa forme la plus dégénérée. Si les aspects les plus forts de la démocratie étaient les élections et leur capacité à changer le gouvernement et ses programmes, l’Union européenne a fait tout son possible pour réduire cette possibilité à son étiage. Il n’existe pas de mécanismes clairs de transfert de pouvoir, ni de manière institutionnalisée permettant aux électeurs d’influer sur la direction que devrait emprunter l’Union européenne. Le parlement de l’UE n’est pas à l’origine de la constitution du gouvernement et ne dispose pas de pouvoirs étendus. En outre, il est probablement le seul organe parlementaire du monde, si l’on fait abstraction de certains régimes communistes ou autoritaires, où il n’existe pas d’opposition. Peu importe qui remporte les élections, les décisions clefs du Parlement européen sont prises par le même cartel politique et la même politique est poursuivie depuis des années. Le gouvernement européen, ou plutôt quelque chose qui ressemble à un gouvernement, c’est-à-dire la Commission européenne, ne résulte pas d’une décision prise par les électeurs, mais reste complètement indépendante de la volonté des électeurs. Les principales fonctions de l’Union européenne sont dirigées par des gens qui n’ont pas été élus et que ne peuvent pas être révoqué par les électeurs, lesquels ne disposent d’aucun outil politique efficace.
Comment donc, à une époque de rhétorique démocratique si omniprésente et si déterminée, a-t-on pu créer une institution aussi antidémocratique ?