Tribune d’Henri Marès, Permaculteur, membre de la commission Laudato si du diocèse de Séez et du Conseil d’orientation de l’Académie pour une Ecologie Intégrale de Notre Dame du Chêne (le présent texte n’engage évidemment pas ces deux institutions) :
Sidéré, hébété, ne parvenant à trouver sens à ce que je percevais, je me suis mis en quête d’une réalité à saisir avec certitude sans être mis en confusion par les contradictions. A tâtons, j’arrive à moi, non ce moi vaporeux plein de doutes, mais ce moi physique qui est bien là, avec une certaine constance.
Au premier regard il saute aux yeux que ce n’est pas exactement un « moi » mais un « nous ». En ce corps qui donne vie à ma volonté on m’a dit que grouillent 2 à 4 kg de microbes, 100 fois plus nombreux que les cellules de mon organisme. Il y aurait 1000 espèces de bactéries, 500 espèces de virus et autant de microscopiques champignons, acariens et autres vibrions. Je passe sur leurs noms mais retiens que la combinaison qui m’habite est unique, comme le code génétique, l’empreinte digitale et le visage, ce qui suggère que l’Auteur de ce « nous » pourrait être le même que Celui du « moi ». Je suis rassuré qu’ils ne m’habitent pas en parasites ; sans eux il me faudrait une double ration [1]. Ils habitent toutes muqueuses, de la bouche au colon en passant par les poumons. S’ils se dérobent à ma vue, ils ne se cachent pas car les plus nombreux occupent mon épiderme, surtout mes mains. Ils y sont 500 espèces différentes, 500 000 individus par cm² en surface et sous face, consacrés à l’entretien de ma peau, régulant mon film lipidique, se précipitant pour soigner mes blessures, repoussant l’indésirable, accueillant et orientant le nouvel invité attendu avec impatience car le savez-vous : c’est de la biodiversité de cette colonie que dépend ma santé. Ça je l’admets sans difficulté par mon expérience en permaculture. Si une espèce vient à manquer, une autre s’installe en excès. Comment savoir si le compte y est ? C’est très simple : la pathologie est le signal qu’il manque au rapport quelques talents nécessaires à la colonie. Le parfum qu’elle libère m’informe si la qualité des repas servis est à la hauteur de ses efforts. En ce monde laborieux, le virus doit sa mauvaise réputation à l’excès de zèle d’un tout petit nombre [2] qui incommode l’organisme privé de diversité [3]. Spécialiste des situations imprévues, il court ici pour tempérer l’ambition d’une bactérie et là pour instruire une cellule à la fabrication d’une nouvelle molécule. Si la science ne parvient à expliquer l’efficacité de cette multitude anarchique, Sainte Hildegarde a sa petite idée :
« C’est Toi qui relies tout l’univers. Par Toi vont les nuages et l’air parcourt les espaces, des rochers suintent les eaux. Elles jaillissent en ruisseaux et la terre déploie son manteau de verdure ».
La coordination, ce n’est pas mon affaire mais celle de l’Esprit Saint, un peu comme en permaculture où je me contente d’enrichir la biodiversité.
Il ne fait nul doute que ces précieux auxiliaires étaient présents dans le souffle de vie que le Créateur répandit dans les narines d’Adam. J’imagine l’abondant et divin postillon ! Ils me furent transmis par ma mère lors du passage de la naissance et lorsque je m’acharnais sur son sein, ils me furent donnés par les câlins de mon père et les coups échangés dans la cour de récréation. Aujourd’hui je les reçois à chaque baiser de ma bien-aimée, à chaque poignée de main et postillon adressés par un ami. En cercle vertueux, la relation sociale enrichit le microbiote et le microbiote riche porte à la relation sociale [4]. A la messe, lorsque je partage un geste de paix avec mon voisin je devrais dire : « la paix du Christ et l’immunité du Saint Esprit », en générosité que sauront apprécier nos aînés dont le microbiote est affaibli par une vie sociale au ralenti. J’enrichis enfin ma biodiversité à chaque fois que je mange des fruits et légumes diversifiés et non traités, crus ou lacto-fermentés.
En question miroir, quels sont ces gestes qui ruinent mon immunité ? C’est l’application de produits cosmétiques [5] ou l’ablution hydroalcoolique [6], antiviraux et antibiotiques [7], vaccins bricolés à la hâte [8], c’est l’habitat confiné, climatisé et déserté par les microbes [9], c’est le manque de sommeil, le stress et la terreur, c’est la nourriture empoisonnée du modèle industriel [10], les conserves stérilisées ou congelées, c’est l’eau chlorée [11], c’est l’absence de câlins et de poignées de mains, c’est le masque qui entrave le sourire, le postillon et l’oxygénation [12]. En cercle vicieux, le microbiote affaibli éloigne de la société [13] et s’affaiblit davantage encore [14] précipitant le malheureux vers la mort. Il faut souvent plusieurs semaines [15], mois ou années [16] pour reconstituer l’immunité dégradée. Pasteur conclut son œuvre par ces mots : « Le microbe n’est rien. Le terrain est tout », un terrain façonné par la multitude des bienveillants microbes.
Ainsi la relation physique tendre ou virile, en tout respect, féconde ma propre immunité et celle de mon prochain. Les deux vies intérieures s’unissent à la vie extérieure. Entrelacées et animées par le même Esprit de Vie, elles se nourrissent mutuellement, non en cycle autocentré mais par la communion à la fois spirituelle et charnelle liant toutes les créatures. Quant au Créateur, à l’ouvrage depuis le commencement pour mon bonheur, le voici implorant un espace parmi cette flore bigarrée en mon jardin secret. Tout est lié en sublime unité qui révèle l’immense amour de Notre Seigneur. Qu’en faisons-nous ? Le grand Bernanos [17] prophétisa :
« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure ».
Elle y parvient par la terreur hygiénique qui chasse des temples le sacré et s’empare de nos destinées, créant
« un cadre qui finit par conditionner les styles de vie, et orienter les possibilités sociales dans la ligne des intérêts de groupes de pouvoir déterminés. Certains choix qui paraissent purement instrumentaux sont, en réalité, des choix sur le type de vie sociale que l’on veut développer » [18].
Gustave Thibon [19] annonce la conclusion :
« ceux que la peste aurait épargnés mourraient quand même – de terreur ! ».
Je n’ai pas la prétention de vous convaincre des vertus d’une poignée de main ou d’un postillon en temps de contagion. Au cimetière des idées reçues mes paroles échoueront. Mais l’on ne peut comme Pilate, fuir le véridique et s’en laver les mains au gel chimique. Entrons dans l’année jubilaire Laudato si par la quête personnelle, curieuse, honnête et persévérante, menant à la contemplation des secrets de la vie les plus intimes, à l’adoration de leur Créateur éminemment sublime et au courageux témoignage de la Vérité.
[1] Selon une expérience réalisée sur des souris privées de microbiote intestinal, il leur faut un apport énergétique supérieur de 30%. On sait aussi que le microbiote synthétise des vitamines.
[2] Sur 5000 virus répertoriés, 129 sont considérés pathogènes, c’est-à-dire environ 2%
[3] Selon le professeur Raoult, le COVID 19 n’affecterait que 20% de ceux qui le portent, le plus souvent âgés et présentant déjà d’autres pathologies
[4] Selon cette expérience : une souris sans microbiote ne cherche plus la relation sociale
[5] Les additifs sont souvent des perturbateurs endocriniens : 12 ont été répertoriés dans ce parfum portant bien son nom : « Poison ». Les désordres constatés sur la peau et les cheveux sont provoqués par les cosmétiques qui détruisent les systèmes protecteurs naturels. En naturopathie, on conseille de ne jamais mettre sur sa peau un produit que l’on ne voudrait pas manger ou boire. Si l’usage du savon de Marseille est recommandé, on constatera les bienfaits du simple lavage à l’eau claire, y compris pour les cheveux.
[6] Le gel hydroalcoolique détruit 100% du microbiote cutané et provoque des inflammations s’il est utilisé trop souvent dans la journée, comme le sait bien le personnel hospitalier. Le microbiote cutané se reconstitue en quelques heures en partie grâce à la flore présente en zone sous-cutanée, en partie par de nouvelles poignées de main. Conclusion : après un lavage des mains au gel hydroalcoolique il faut multiplier les poignées de main avec des personnes qui ont évitées de se laver selon ce procédé.
[7] C’est pourquoi lorsqu’un médecin prescrit un antiviral, il lui associe en général un antibiotique, les virus n’étant plus là pour réguler les bactéries. Ces traitements sont malheureusement nécessaires, en urgence, quand l’immunité est trop dégradée pour régler le problème.
[8] Il faut 5 à 10 ans pour mettre au point un vaccin qui se tient, et encore on y trouvera de l’aluminium qui est hautement toxique et souvent du « matériel génétique » issu de fœtus humain. Dans le cas du COVID 19, plusieurs laboratoires utilisent la technique mARN consistant à modifier l’ADN du vacciné, une technologie dont l’interdiction pourrait être levée au titre de « l’urgence » et sans aucun recul.
[9] La pauvreté de l’environnement en microbes est une des causes de l’asthme reconnue par la médecine
[10] Par ces additifs chimiques qui peuvent perturber des fonctions du corps, par la pasteurisation quasi systématique qui interdit tout apport microbien.
[11] D’autant que depuis la mise en place de Vigipirate, la dose a été augmentée de 30% au-dessus du seuil maximum autorisé par les autorités sanitaires.
[12] Ce que l’on pouvait très bien vérifier au service militaire à l’occasion des exercices avec masque respiratoire. Cette observation ne remet pas en cause l’utilisation d’un masque respiratoire sur un champ de bataille, au bloc opératoire ou lorsqu’une usine chimique est en feu.
[13] Une expérience réalisée sur des souris démontre que l’individu au microbiote affaibli fuit la vie sociale.
[14] Du fait de la « distanciation sociale » qui empêche la reconstitution du microbiote
[15] Dans le cas d’une prise d’antibiotiques, on estime qu’il faut une à deux semaines pour reconstituer le microbiote
[16] En naturopathie on estime qu’à l’échelle du corps il faut deux bonnes années d’alimentation « vivante » pour reconstituer un microbiote affaibli
[17] Dans La France des Robots
[18] Encyclique Laudato si, 107. L’étude des moteurs du paradigme technocratique permet de comprendre que le temps que nous vivons n’est pas une parenthèse de l’histoire. Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle bulle spéculative que l’on pourrait nommer « santé, sécurité et transhumanisme » dont l’arsenal est suffisamment doté pour nous infliger quelques nouveaux cataclysmes…
[19] Dans « l’Homme devant la nature », 1973, par Gustave Thibon, paysan et philosophe
Chantal de Thoury
Merci Henri Mares,
d’avoir si bien decrit ce que certainement d’autres dont je suis ont comme rapport avec leur microbiote.
C’est a partir du moment ou les boreli de Lyme ont pénétré mon corps par le biais d’une morsue de tique que j’ai fait une méditation qui m’a fait remonter des annees en arrière au moment de mes etudes en Chimie biologie apres le bac quand le Directeur de l’Ecole qui enseignait les cours de biologie a son amphiteatre d’une cinquantaine d’etudiants nous repetaient constamment de ne pas nous laver au savon sauf les mains et les pieds vraiment encrassés et …parties un peu odorantes et de n’utiliser que le savon de Marseille ou pour les etudiants etrangers les equivalence de leurs pays.
De ne se doucher qu’a l’eau sans rajouter meme de savon.
Il nous donnait comme exemple de ces bonnes habitudes efficaces, le contre-exemple americain deja homnubile par l’Hygiene qui fit que les americains furent plus vaincus au Viet nam par les maladies de tout genre qu’ils attraperent que par les combats avec les Viets alors que les Français etaint resistants car beaucoup moins attachés a une proprete totale.
Je suis totalement en phase avec tout ce que vous indiquez.y compris au niveau spirituel et j’avoue en public que il m’arrive souvent quand je communie en manduquant le corps de Jesus-Christ, d’adorer et de demander a toutes mes bacteries et virus , particulierement la borelia de Lyme d’adorer rux aussi leur createur qui vient en moi et les sanctifie en meme temps par tous mes reseaux sanguins et lymphatiques.
Quand je cultive mon potager je le fais en compagnie de St Fiacre et je remercie le Seigneur et y associe Sa Creation inferieure si belle me souvenant que Jesus a dit que les pierres elles memes glorifient le Fils de L’Homme.
Vivre en symbiose avec la Creation inferieure de Dieu apporte une paix interieur intense meme Elle et nous subissons trop souvent les consequences des peches des Hommes dont nous memes ne sommes pas exempts.
Tous ces dereglements dont nous souffrons par notre faute a ne pas avoir suffisamment de volonté souvent a dominer notre corps par notre esprit en demandant au Seigneur directement ou par l’intercession de la Tres Sainte Vierge Marie des Saints, ces epreuves peuvent nous servir par la grace de Dieu a faire nous meme penitence pour nous memes et pour tous ceux que nous aimons et ceux pour lesquels par Son Saint Esprit Il nous inspire de prier.
Henri Marès
Merci pour ce beau témoignage
marti15
Ceux qui prônent la vie des microbes, rejoignent ce qui, au nom de la lutte contre la pollution, veulent anéantir la famille, et réguler les naissances.
L’Église a des commission pour les nouvelles idéologies marxistes, pourquoi pas une sur les biens faits d’un marché intérieur libre!? Que les évêques s’occupent de la foi plutôt que de chercher à rattraper tous les vents qui passent!!
Henri Marès
Il doit y avoir quelques exceptions puisque j’ai une famille plutôt nombreuse… Concernant votre remarque suivante, puisse le Ciel vous entendre ! D’habitude je ne m’intéresse pas au microbiote. Mais un jour on m’a interdit d’aller à la messe puis on a remplacé l’eau bénite par l’ablution alcoolique. Ce n’était pas normal et cela justifiait des recherches pour comprendre. C’est étonnant par exemple de constater que d’une certaine manière la possibilité de communier sur la langue est liée au marché mondial des laboratoires. Si l’on veut briser ce lien, il faut améliorer nos connaissances et engager notre volonté avec un courage certain.
marti15
Excusez mon agacement. Mais, sans douter de vos connaissances scientifiques, des grands papes ont condamné clairement l’idée faire des raisonnements humains sur les questions théologiques. Les mystères de Dieu sont dans la bible pas dans la science. Alors dès que je vois une théorie – qui plus est souvent plus politique que scientifique pour l’écologie – associée à Dieu [qui a ma connaissance n’a pas établi de commandement sur la protection des lapins] ça m’agace !!
Bref, afficher sa religion pour parler de la vie HUMAINE, ou des sacrements ok, mais pour faire des raisonnements sur la permaculture, non à l’hérésie, je n’adore pas Dame Nature !
La biodiversité, ça n’a plus rien avoir avec le bien et le mal, juste une question de connaissances et de techniques pour vivre avec ou sans, en fonction de ce qui est mieux.
Henri Marès
“Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité. Ils n’ont donc pas d’excuse” Rom 1,20
marti15
Le fait de voir Dieu à travers la création est une chose, le fait d’adorer la création à la place de Dieu en est une autre.
sivolc
D’accord avec vous marti15
Jeanne
Au sujet de l’écologie, d’église verte et Laudato Si: leglaivedelacolombe.fr/2020/03/30/de-leglise-manageriale-eglise-verte-ou-le-catho-bobo-labellise/
Henri Marès
Les microbes sont “programmés” par le Créateur pour vivre en symbiose avec notre organisme. Si nous décidons de jouer le jeu prévu, ce sera une forme de communion – certes de degré inférieur – avec ces petites bestioles, mais qui quelque part nous relie à Celui qui les a placé là à notre service. C’est en tout cas la vision de Saint François d’Assise. Si nous négligeons ces petites bestioles, elles feront ce qu’elles peuvent mais s’affaibliront progressivement jusqu’au moment où elles ne pourront plus réaliser leur tâche.
Michel Janva
oui