A l'heure où la société matérialiste et individualiste se demande si toute vie mérite d'être vécue, ce témoignage vient montrer que la souffrance se transforme en chemin d’amour. Martha écrit :
"j'étais à mille lieues de saisir ce que l'un de nos proches m'avait dit, avec une bienveillance désarmante, après la mort de Philippe : "ça doit être une délivrance pour vous."
Une délivrance ? Un soulagement ? Non, absolument pas !
En toute honnêteté, je préférerais vivre encore ce portement de croix, à cause de tout l'amour qu'il y avait en chemin. Et s'il y avait des jours, c'est vrai, où j'avais voulu que ça s'arrête, des jours où j'en avais eu assez, ce n'était jamais de Philippe, mais plutôt de cette souffrance en continu. La souffrance, évidemment, on n'en veut pas, on fait tout pour la repousser, pour la refouler, pour qu'elle s'arrête, et c'est normal, et légitime. Mais un être qu'on aime, même s'il est dans la souffrance, on veut être pour toujours à ses côtés.
Au plus fort de notre épreuve, j'osais maintenant écrire :
"Quand je regarde Philippe, ma vie est belle. Malgré toutes les souffrances ? Oui, malgré toutes les souffrances."
Je le répète : la mort de Philippe n'a pas été pour moi une délivrance que j'aurais pu attendre, ou que j'aurais voulu hâter."
