La fête du couronnement de la Rosière de Salency, dans l'Oise, a provoqué une polémique médiatique. Pour en savoir plus, Le Salon beige a interrogé Bertrand Tribout, Président de la Confrérie de Saint Médard de Salency.
Présentation
L’Institution de la fête de la Rosière à Salency (Oise), remonte au VIème siècle, ce qui en fait l’une des plus anciennes, sinon la plus ancienne fête de France. Saint Médard, évêque de Noyon, bien connu des observateurs de la météo, est né à Salency vers 450. Il voulut récompenser la vertu ou les vertus sur la terre qu’il tient de son père et institue donc la « Fête de la Rose ». Chaque année, les habitants s’assemblent pour choisir trois jeunes filles entourées de l’estime publique. Elles seront présentées à Saint Médard, qui désignera celle qui lui paraît la plus méritante.
Récompenser les vertus : de quoi s’agit-il ? Tout simplement, mettre en valeur une jeune fille qui a toute la force morale pour tendre au bien et fuir le mal. Mettre en valeur la jeunesse heureuse et saine d’esprit. Valoriser les bons sentiments de probité, de respect, d’assiduité au travail ou dans les études, être à l’écoute des autres et les aider si nécessaire. La récompense consistait en une dot de 25 livres et surtout en une couronne ou « chapeau de roses ». Afin d’assurer la perpétuité de son institution, Saint Médard a distrait de son domaine environ douze arpents de terre, dont les revenus devaient servir à couvrir les frais de la fête, mais aussi à doter l’heureuse élue. Ces terres porteront et portent toujours aujourd’hui, le nom de « Fief de la Rose ». La première rosière couronnée a été la propre sœur de l’évêque, devenue par la suite Sainte Médrine, imposée par les habitants eux-mêmes, en dehors de tout autre choix. La fête se renouvela ensuite tous les ans le 8 juin, « Jour de Monsieur Saint Médard » comme on disait alors, selon un cérémonial bien précis, mais sans que sa notoriété ne dépasse, au cours des siècles, les frontières de la contrée.
Dans les années 1760, la cérémonie fut mise sous le feu des projecteurs. Le sujet correspondait à l’air du temps. Sous l’influence de Rousseau notamment, on prônait un certain retour à la simplicité, à la vie campagnarde, aux traditions paysannes, aux vertus morales. Et une femme de lettres de cette fin du XVIIIème siècle, Félicité de Genlis, de passage à Salency et ayant eu vent de cette rosière, décida de la faire connaître à la France entière. Elle en fit une petite pièce de théâtre sentimentale, suivie par Favart, qui écrivit une comédie et la fit jouer devant le Roi en 1769. Grétry continua avec une pastorale en trois actes en 1774. Greuze illustra le thème, gravé par Moreau pour un frontispice. Huet en fit également un dessin pour une toile de Jouy et Boizot, un biscuit de Sèvres. Le couronnement des rosières s’est ainsi étendu à beaucoup d’autres villages français, chacun d’eux voulant avoir « sa » rosière. En outre, un procès retentissant, opposant les habitants de Salency (qui le gagnèrent) à leur seigneur, eut lieu devant le Parlement de Paris en 1774 et aboutit à un arrêté édicté par cette institution, qui fixe dans les moindres détails – souvent surprenants – le déroulement de la cérémonie.
A la suite de l’abolition de l’autorité seigneuriale, la commune s’est substituée au seigneur tant pour le choix de la Rosière, que pour subvenir aux frais de la fête. Et au cours de l’Assemblée Municipale du 6 mai 1798, il a été décidé que le sort désignerait la Rosière, pour « ne faire injure à aucune des trois ». A Salency, la coutume s’est poursuivie chaque année sans interruption, jusqu’en 1914. La tradition fut reprise en 1922 et l’on a continué au cours du XXème siècle à couronner les rosières, mais de manière beaucoup plus épisodique. La dernière cérémonie de la Rosière de Salency remonte à 1987, année du millénaire capétien.
La Confrérie de Saint Médard de Salency, association laïque soumise à la Loi de 1901, dont on trouvera ci-dessous l’objet social, a décidé de renouer avec la tradition l’année prochaine, le 2 juin 2019, avec l’accord et les encouragements de la municipalité. Avant que le maire de Salency ne cède aux pressions féministes et fasse non seulement voter l’annulation de la subvention accordée par son conseil municipal, mais présente ses excuses aux initiatrices d’une pétition hostile (Les Effronté-e-s) en les assurant de son soutien… Lamentable ! A toutes fins utiles, voici l’adresse de messagerie de la mairie de Salency : [email protected]
Les Reproches
C’est le titre scandaleusement mensonger d’un article du Parisien, en date du 9 août écoulé, commis par un journaliste de la presse locale, qui a attiré l’attention sur la fête. « Ici, on célèbre… « la pureté » des filles » disait ce titre ! Immédiatement, la machine infernale féministe, relayée par les médias, somnolents en ce mois d’août, s’est emballée… Le maire du village a reçu une centaine de courriels, le sommant de cesser de soutenir cette fête. On reprochait pêle-mêle, à la fête de la Rosière d’être sexiste, rétrograde, passéiste, de vouloir régenter la vie sexuelle de nos contemporaines, d’exiger de la Rosière la virginité et la chasteté (ce qui n’a jamais été le cas, même dans les temps les plus anciens), de s’opposer à l’égalité homme/femme et bien sûr d’atteinte à la laïcité, tant il est vrai que la Rosière est couronnée par un prêtre et que la cérémonie est précédée d’une messe, qui sans faire partie intégrante de la fête, a le tort d’exister…
Salency, village paisible de quelques 800 habitants, a donc été le théâtre d’un ballet de voitures de presse et de télévision, inconnu jusque-là ! Plus de 40 médias français et internationaux se sont fait l’écho de la polémique. Ce qui, somme toute, a permis de rétablir la réalité des choses. Car je dois à la vérité de dire que certains médias, même parmi les plus improbables, ont été relativement honnêtes. Les réseaux sociaux ont pris le relais et les commentaires lus sur ceux-ci, aussi bien qu’à la suite des articles de presse parus sur le Web, démontrent que le bon sens n’a pas perdu tous ses droits ! En effet, innombrables ont été les posts favorables, soutenant cette charmante fête de la Rosière, ainsi que la réaffirmation de nos traditions et la préservation de notre patrimoine local.
Quant à la population de Salency, hélas, je la trouve quelque peu indifférente. Les journalistes qui ont pu interroger certains salenciens, m’ont clairement confirmé avoir rencontré bien des personnes leur affirmant que cette tradition devait absolument être maintenu et très peu d’habitants hostiles. Contrairement à ce qu’affirme aujourd’hui et depuis peu de temps, le maire, qui cherche à justifier sa pleutrerie.
Il faut ajouter qu’il existe aujourd’hui en France en 2018, environ une quarantaine de couronnement de Rosières, sans qu’aucune de celles-ci ne déclenche l’ire des féministes échevelées… Une association des « Villes des Rosières de France » a même été fondée en 2000, dont le siège est maintenant à Montreuil-le-Gast (Ile-et-Vilaine) et dont le but est de solidariser à l’échelle nationale, les lieux où la tradition a été maintenue…
Nous aider
Nous avons lancé une pétition pour le maintien de la fête. Celle-ci a recueilli presque 700 signatures. C’est encourageant, mais insuffisant. Le Salon Beige peut nous aider en faisant connaître la fête de la Rosière de Salency, en suivant les évènements qui ne manqueront pas d’intervenir dans les semaines qui viennent et en relayant notre pétition que l’on trouve sur le site « change.org ».
La Confrérie de Saint Ménard de Salency
L’objet social de l’association dite « Confrérie de Saint Médard de Salency » consiste à :
Promouvoir le culte de Saint Médard, faire connaître et aimer ce grand saint né à Salency, sa vie, ses œuvres, son histoire, organiser toutes cérémonies paroissiales ou communales en son honneur, notamment la procession et la messe de la fête patronale du 8 juin (ou dimanche suivant) de chaque année, la fête dite « de la Saint Médard d’Hiver ou Translation des Reliques » qui a lieu annuellement le douze janvier ou le dimanche qui suit.
Sauvegarder, valoriser, restaurer le cas échéant, le patrimoine tant paroissial que communal se rattachant directement ou indirectement à Saint Médard.
Susciter et créer des liens de toutes natures (échanges, jumelages) avec d’autres paroisses et lieux, en France et dans le monde entier, ayant Saint Médard pour Patron ou s’en réclamant à un titre quelconque.
Participer activement à la mise en place, l’organisation, la préparation, la promotion et la publicité de la fête dite « de la Rosière de Salency » lorsque celle-ci a lieu. Veiller avec soin à respecter et faire respecter tous les détails tant au plan civil que religieux de la cérémonie, conformément à la tradition immémoriale. A cet effet, le conseil d’administration pourra désigner une commission composée d’un maximum de six membres chargés spécifiquement de cette tâche.
L’association n’oubliera pas d’associer éventuellement à l’objet principal, le frère jumeau de Saint Médard, Saint Gildard et leur noble sœur Sainte Médrine, qui fut la toute première rosière de Salency.
Aux fins de réalisation dudit objet, l’association utilisera tous les moyens d’action légaux et habituels en pareilles circonstances.