Alors que la population totale du Malawi se compose d’une majorité d’environ 80 % de chrétiens et de seulement 13 % de musulmans, le taux de musulmans dans le diocèse de Mangochi atteint entre 50 et 90 %, selon les régions. L’islam traditionnel est certes modéré au Malawi, reconnait Mgr Monfort, évêque de Mangochi, et la coexistence entre les religions a toujours été pacifique. Mais des prédicateurs musulmans venus du Soudan entrent de plus en plus souvent au Malawi pour y prêcher un islam plus radical. Ils sont difficiles à contrôler, ils se disent « insatisfaits » de l’islam traditionnel local et veulent apporter « le véritable islam » au Malawi. Il y a déjà eu des exactions au cours des années passées. La plupart du temps, elles ont été commises après les prières du vendredi. Mgr Monfort a interpellé les chefs religieux islamiques à ce sujet, qui ont en effet reconnu que les imams appelaient les gens à la violence, rajoutant « vous devez prier pour les imams, car ils sont mal formés. » L’évêque souligne que même pour les chefs religieux, il est difficile de contrôler les imams, car
« n’importe qui disposant de suffisamment d’argent a le droit de construire une mosquée. Et celui qui l’a construite contrôle aussi l’imam. Ainsi, dans certains villages, il y a quatre mosquées : une mosquée traditionnelle, qui s’y trouve depuis toujours, ainsi que d’autres mosquées nouvellement construites. »
De plus en plus d’adolescents obtiennent des bourses pour suivre des études au Soudan ou en Arabie Saoudite, et qu’ils retournent ensuite au Malawi, mais radicalisés.
Concernant le nombre de musulmans, l’évêque explique que
« beaucoup d’entre eux ont plusieurs épouses, ce qui augmente le nombre de leurs enfants et accroît le taux de musulmans dans la population. Souvent, ces familles n’ont pas les moyens pour permettre une éducation scolaire régulière à autant d’enfants, de sorte qu’elles peuvent seulement les envoyer dans les écoles coraniques, les madrasa. »
La polygamie joue aussi un rôle pour les adeptes des religions traditionnelles africaines souhaitant rejoindre une grande communauté religieuse. Tandis que la polygamie est inacceptable pour l’Église catholique, les personnes qui se convertissent à l’islam peuvent conserver ce mode de vie familial. Il explique que ces gens sont donc « plus faciles à convertir ». Les musulmans sont invités à épouser les jeunes filles chrétiennes, car même lorsque l’épouse ne se convertit pas à l’islam, ses enfants sont automatiquement des musulmans.
« Nous encourageons les prêtres à être proches des gens et, comme le dit le pape François, à sortir de la sacristie. Pour certains croyants, c’est une grande tentation de se convertir à l’Islam – surtout lorsque le seul établissement scolaire du village est une institution musulmane. Ils ont besoin d’aide et d’encouragement. »