A la question "Faut-il aller jusqu'à manifester" dimanche, Mgr Pontier, président de la Conférence des évêques de France, avait répondu à la Croix, le 2 octobre :
« La Manif pour tous n'étant pas un mouvement d'Église, il n'est pas de mon rôle de commenter leur choix politique de manifester dans les rues. La manifestation est l'une des formes de la liberté d'expression dans nos démocraties. Mais cela ne peut pas devenir le seul moyen. Nous, évêques, sommes davantage engagés dans un processus de réflexion, plutôt que dans un combat contre une loi future. On ne se situe pas sur le plan politique mais sur le plan anthropologique, même si une loi a des conséquences anthropologiques. »
Extrait du décryptage de Jean-Marie Guénois paru le lendemain dans les pages Opinion du Figaro (via) :
"C'est exactement ici que se pose le problème de la méthode d'action. Car c'est bien pour les «conséquences anthropologiques» de ces lois — mariage homosexuel, PMA et GPA (…) —, et non pour des raisons politiques, que des centaines de milliers de familles sont descendues et vont encore descendre dans la rue dimanche. Elles s'opposent - non pas aux homosexuels, comme on leur en fait le procès - mais à une vision de la société et de l'éducation qui met sur le même plan l'union d'un homme et d'une femme et celle de deux personnes du même sexe.
Voilà la «conséquence anthropologique» à laquelle le président des évêques veut encore «réfléchir», alors qu'une loi est déjà passée et que d'autres se préparent. Ce faisant, il abandonne officiellement ceux qui combattent et assume du même coup une lourde responsabilité : il ne souhaite certainement pas cette législation, mais, en se taisant, sur ces lois et en tournant le dos à ses opposants, il donne un aval «politique» à l'avancement concret de cette évolution «anthropologique» au cœur de la famille, donc de la société. C'est maintenant acté.
Autre conséquence interne, alors que s'est levée, par cette actualité, une jeune génération de catholiques, ce pasteur choisit de la laisser orpheline. Ces jeunes s'organisent aujourd'hui, seuls, loin de l'épiscopat. L'Église de France se coupe là, et pour longtemps, de ses forces vives."