Margot Wallström est vice-présidente de la Commission européenne, chargée de la communication. En matière de communication, on se souvient surtout de sa maladresse lors de la campagne référendaire :
En visite dans la ville tchèque de Terezin, qui était le site d’un camp de concentration nazi pendant la Seconde Guerre mondiale, la vice-présidente de la Commission européenne, Margot Wallstrom, a fait un lien entre le rejet possible de la constitution et le retour de l’Holocauste. Elle a déclaré qu "Ils (les opposants à la constitution) veulent l’Union Européenne de retourner à la vieille méthode purement intergouvernementale. Je dis à ces gens de venir à Terezin pour voir où mène cette vieille voie."
Mme Wallstrom, toujours pour "communiquer", tient un blog – malheureusement en anglais. Malheureusement, parce qu’il est une source d’hilarité régulière pour les souverainistes anglophones (même si certains français l’ont remarqué aussi). Le carnet de la vice-présidente est maintenant surtout connu pour les commentaires narquois qu’y inscrivent des eurosceptiques.
Les francophones ont toutefois la chance de pouvoir lire enfin du Wallström en V.F. : la vice-présidente signe une tribune dans le Figaro d’aujourd’hui. Son texte alterne joyeusement les truismes atterrants ("L’Europe évolue désormais dans un environnement mondial marqué par la concurrence et des changements rapides." – sans blague ?); les affirmations péremptoires ("l’intégration européenne […] a contribue à l’effondrement du bloc soviétique" – l’OTAN peut-être, mais l’UE ?); les bons conseils ("les parlements nationaux peuvent jouer un rôle majeur […] en exerçant un contrôle plus efficace sur les gouvernements nationaux"); et offre une solution à la crise de l’UE : le "plan D (D comme démocratie, dialogue et débat)" !
Avec Mme Wallström, on a l’impression de lire "l’après 29 mai expliqué aux enfants". Mais cette impression s’explique, ou se relativise, par deux faits :
– D’abord, Mme Wallström, sous son titre ronflant de "vice-présidente de la Commission", n’en est en fait que la porte-parole. Ce n’est pas à son niveau que se fait le vrai travail de la Commission. Les idées qu’elle lance à ses lecteurs (transparence, consultation, démocratie…) sont donc creuses, car Wallström ne définit pas une politique, elle fait de la communication.
– Ensuite, cette tribune ne sera pas réellement lue par grand monde. Un manuel destiné aux membres des cabinets ministériels britanniques estimait qu’une tribune publiée dans le prestigieux Financial Times n’était lu de bout en bout que par 20.000 personnes, tandis que 500.000 en lisaient le titre. La plupart des lecteurs du Figaro retiendront vaguement qu’une commissaire avec un nom bizarre veut "redéfinir les termes du débat sur l’Europe…", et se diront que c’est plutôt une bonne idée.