Lu ici :
« Comme prêtre je suis célébrant de mariages religieux. La loi me fait obligation de garantir que le mariage civil précède le religieux. Pour cela un certificat doit figurer au dossier du mariage religieux. Depuis la loi d’ouverture du mariage civil aux personnes de même sexe j’ai cessé de faire figurer au dossier le certificat réglementaire car je le considère devenu infamant. Célébrer le religieux en absence du civil me conviendrait très bien désormais. Seul mon évêque à qui j’ai promis obéissance pourrait me faire changer de pratique. Mais je ne manquerais pas de lui présenter mon objection. Autre risque, voir arriver une demande de baptême pour un candidat ayant deux pères ou deux mères : Encore un cas où ma conscience fera objection ».
Ce prêtre qui fait objection risque tout simplement six mois d’emprisonnement et 7.500 euro d’amende. Revenons sur cette affaire et donnons en tous les tenants et aboutissants La mise en place du mariage pour tous n’est pas sans conséquence sur le mariage religieux. D’une part, il existe une pression d’une partie du lobby (très minoritaire) homosexuel pour pouvoir se marier à l’église. D’autre part, certains curés (mais cela reste également très très marginal, et radicalement contraire au droit canonique) sont tentés de marier religieusement des personnes de même sexe. Enfin, il existe cette subordination du mariage religieux au mariage civil. Car un mariage religieux ne peut avoir lieu que si le mariage civil a été célébré.
[…] Avec la dénaturation du mariage opérée par la loi Taubira, une nouvelle étape est franchie et l’Eglise peut se poser la question d’une forme de rupture définitive du contrat tacite entre Etat et Eglise au sujet du mariage. La mise en place du divorce avait déjà produit une pression qui n’est pas sans conséquence sur l’institution du mariage mais la mise en place du mariage pour tous est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Si je n’accorde aucune valeur au « mariage » dénaturé, pourquoi ne pourrais-je pas avoir toute liberté de choisir mon statut civil (concubin, pacs, mariage) tout en choisissant ou non de me marier religieusement. Finalement seuls aux chrétiens (le mariage des musulmans se fait bien souvent de manière privée sans intervention d’un ministre) est dénié le droit de choisir leur statut civil. Du côté des prêtres, le malaise est le même et l’on peut comprendre ce refus d’obéir à une loi qui implicitement les oblige à reconnaître la légitimité du mariage civil alors que celui-ci a été complètement dénaturé. Par ailleurs avec le mariage des personnes de même sexe se pose immédiatement la question de la filiation et du baptême. Si l’on accepte la règle de conditionnalité du mariage religieux par rapport au mariage civil, alors comment refuser à des parents de même sexe qui sont mariés civilement et qui tout naivement demandent le baptême pour leur enfant ?"