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France : Politique en France

Marine Le Pen et les catholiques

Extraits d'un entretien donné par Marine Le Pen à La Vie :

"Vous êtes en rupture par rapport à l’ancien FN. Toutefois, en ne vous opposant pas au droit à l’avortement, vous avez choqué votre électorat traditionaliste. Avez-vous encore besoin des catholiques ?

M Je n’ai pas une vision communautariste de la politique. Je défends tous les Français et ne cherche pas à séduire les uns ou les autres en fonction de leur religion ou de leur origine. Je ne crois pas que les catholiques se soient détournés de moi. Beaucoup partagent la même vision que moi sur ces sujets : nous sommes aujourd’hui face à une véritable incitation à l’avortement. L’État ne met pas les femmes en condition de pouvoir conserver leur enfant. On doit revenir au texte de la loi Veil, à l’avortement comme exception. Nous devons tourner la société française vers la vie. L’enfant ne doit plus être considéré comme une charge, mais comme une chance. Mais annuler la loi Veil serait inapplicable. Dans la classe politique, personne ne le réclame.

Vous utilisez beaucoup le terme « laïcité ». Ne craignez-vous pas que cela vous éloigne davantage des traditionalistes, attachés au rappel des racines chrétiennes de la France ?

En quoi est-ce contradictoire ? J’ai plaidé pour que les racines chrétiennes de la France soient inscrites dans la Constitution européenne. Elles fondent les principes de la République française : « Liberté, Égalité, Fraternité », concepts qui ne sont pas partagés par d’autres religions. La laïcité est un moyen utilisé à l’issue d’une histoire sanglante, pour que la religion ne soit plus un sujet de conflit et puisse être exercée librement dans notre pays sous un certain nombre de conditions. Tout le monde les a acceptées. Mais elles sont remises en cause aujourd’hui par des fondamentalistes musulmans. […]

La laïcité s’est mise en place dans des conditions d’exceptionnelle brutalité. Mais elle a plus de 100 ans. On était arrivé à un équilibre où chacun vivait sa religion, où il y avait un respect entre espace public et privé. Il ne faut pas faire de combat d’arrière-garde. On n’est pas en 1905. La laïcité n’est pas de la même nature. […]

La laïcité n’a pas à être positive ou négative. Ce n’est pas un combat contre les religions. Elle ne peut pas non plus être le support d’une religion qui devrait accéder à égalité avec celle qui fonde notre civilisation. Les seuls qui dans les faits s’opposent à la laïcité ou la contestent, ce sont les fondamentalistes musulmans. Ce serait les fondamentalistes bouddhistes, je le dirais aussi. D’aucuns me rétorquent : « Et les catholiques traditionalistes, alors ? » Eh bien, ceux-ci ont parfaitement admis le concept de ­laïcité. Ils ne s’approprient pas la voie publique. […]

Vous discutez avec des évêques, des membres de l’épiscopat ?

Non, car on a été ostracisés par le clergé pendant de nombreuses années. J’ai tout de même le sentiment que les nouvelles générations de prêtres ne sont pas aussi idéologues que leurs aînés.

La préférence nationale, le discours anti-immigrés s’accordent mal des valeurs d’accueil prônées dans l’Évangile, comment gérez-vous ce paradoxe ?

Je ne tiens pas un discours anti-immigrés ! Cela fait 40 ans que nous répétons que nous ne nous en prenons pas aux immigrés, mais à la politique d’immigration, phénomène économique, géopolitique choisi, contraire aux intérêts de notre pays. Quelles que soient la forme de l’immigration et son origine, cela revient au même sur les finances publiques. Le fait que cette immigration vienne de pays de cultures différentes de la nôtre crée des problèmes supplémentaires. Il n’y a donc pas de paradoxe. Quant à la préférence nationale, elle consiste à accorder des avantages économiques à ceux qui ont la nationalité française. En quoi est-ce critiquable ? C’est appliqué dans d’autres pays comme la Suisse, le Maroc. À compétence égale, on donne un avantage aux Français dans l’accès à l’emploi, au logement social, aux aides sociales.  […]

Votre politique valorise la notion de vie. Or vous voulez rétablir la peine de mort…

Je comprends que des gens soient opposés à la peine de mort par conviction religieuse. Mais l’Église a toujours fait la différence entre la vie innocente et la peine de mort appliquée en condamnation des crimes les plus violents. L’Église ne s’est jamais opposée à l’existence de la peine de mort lorsqu’elle était encadrée. […]

Le clergé vous a beaucoup combattu vous, votre famille et le FN. Êtes-vous toujours croyante ?

Heureusement que le clergé n’a pas atteint ma foi ! Je suis absolument croyante, mais je suis un peu fâchée avec l’Église. Du coup, je suis une catholique de parvis. Je ne dois pas être la seule en France. Je vais à l’église pour les grandes occasions, mariages, baptêmes, Noël et Pâques. Mes enfants sont baptisés, et ils ont fait leur ­communion."

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