Le JDD a enquêté sur la politisation de cette ONG.
Aucun membre actuel du staff de Médecins sans frontières n’a souhaité s’expliquer et les fondateurs de l’ONG ont préféré botter en touche lorsque nous les avons contactés pour s’exprimer sur les dérives de l’association humanitaire.
Depuis un an, MSF est sous le feu des critiques pour sa communication très orientée en faveur du Hamas. À Gaza, l’ONG dispose de huit cents collaborateurs locaux sur lesquels elle s’appuie pour alimenter la presse en témoignages sans avoir la possibilité de vérifier les informations. C’est ainsi que, dès le début de la guerre entre Israël et le Hamas, MSF a diffusé une fake news sur l’attaque de l’hôpital Al-Ahli à Gaza qui a fait le tour de tous les grands médias internationaux. L’association a aussi affirmé ignorer que l’hôpital Al-Shifa servait de base de combat aux terroristes du Hamas, malgré les témoignages et les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant des otages emmenés de force par des hommes armés dans les couloirs du bâtiment.
Dans les colonnes du JDD, en juin dernier, un médecin de l’ONG nous confirmait qu’une partie de l’hôpital Al-Shifa était interdite aux soignants par des hommes armés bien avant le début du conflit et qu’il avait alerté sa hiérarchie sur cette situation. Des faits contestés par la direction de MSF France.
Interrogée, l’association qualifie notre enquête de « démarche dangereuse et irresponsable » qui « soutient la rhétorique des autorités israéliennes ». La meilleure défense reste l’attaque. Mais cette réponse semble bien légère vu la gravité des accusations portées par d’anciens membres de l’ONG. À commencer par celles de l’ancien secrétaire général de MSF, Alain Destexhe, qui a publié un rapport dans lequel il reproche à l’association d’être complice du Hamas et d’être sortie du cadre humanitaire pour se politiser.
L’ONG n’a jamais condamné les violations du droit humanitaire commises par le Hamas à Gaza selon le rapport Destexhe, qui a analysé pendant plusieurs mois les publications de MSF et de ses salariés sur les réseaux sociaux. Officiellement guidés par les principes de « neutralité et impartialité », une cinquantaine de salariés de MSF ont pourtant fait l’apologie des massacres du 7 octobre.
Certains étaient même engagés dans des organisations terroristes comme Fadi Al-Wadiya, membre du Jihad islamique palestinien et tué par Tsahal en juin dernier. « C’était un spécialiste dans la fabrication et l’utilisation de missiles et de roquettes », nous précise le porte-parole de l’armée israélienne, Olivier Rafowicz. Combien sont-ils à avoir infiltré l’ONG ? Impossible d’obtenir un chiffre précis. Il confirme cependant que « des éléments terroristes utilisent la couverture d’organisations internationales pour mener une activité de guerre contre Israël ».
D’autres personnalités inquiétantes ont aussi émergé du rapport Destexhe, comme le docteur Ghassan Abu Sitta, ce médecin qui a témoigné dans de nombreux médias (dont la BBC) sur le « massacre de cinq cents civils à l’hôpital Al-Ahli » suite à un bombardement israélien. En réalité, il s’agissait d’un tir raté de roquette du Hamas dont le bilan est évalué à une cinquantaine de morts.
Sur les réseaux sociaux, Abu Sitta a appelé les Palestiniens « à se battre et mourir en martyr ». Des positions qui lui ont valu un signalement de l’Allemagne et une interdiction d’entrée dans l’espace Schengen pour apologie du terrorisme, radicalisation et antisémitisme. Ce qui n’a pas empêché la sénatrice EELV, Raymonde Poncet-Monge, de l’inviter au Sénat en mai dernier pour partager son témoignage avec les élus. Pourquoi inviter un islamiste diffuseur de fake news au sein du Parlement français ? Une question embarrassante sur laquelle la sénatrice (contactée par le JDD) ne souhaite pas s’étendre.
En France, Médecins sans frontières semble aussi avoir sa part d’ombre. Ghassan Abou Chaar, vice-président de MSF France, a publié sur X un message très ambigu après l’attaque du 7 octobre, demandant « aux gens d’être informés avant de cracher ». Un appel à la retenue troublant face à l’émotion du moment et à la barbarie mise en œuvre ce jour-là. Mais ce qui surprend le plus, ce sont les liens entre Médecins sans frontières et l’activiste Rima Hassan. Avant d’être élue députée européenne, la militante politique a fait partie du conseil d’administration de Médecins sans frontières entre 2021 et 2022 en tant que membre coopté et en sa qualité de fondatrice et présidente de l’Observatoire des camps de réfugiés. Quel était son rôle ? Contactée, l’élue de La France insoumise n’a pas voulu répondre à nos questions.
« MSF est devenue une organisation politique engagée. » C’est la principale critique formulée en off par ses anciens membres qui ne se reconnaissent plus dans l’ONG créée en 1971. Ils sont peu à oser prendre la parole publiquement face à une organisation qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1999 et qui pèse, à l’international, plusieurs milliards d’euros. […]
A propos des ONG, la revue Conflits consacre son dossier de novembre aux ONG, bras armés des Etats :