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Europe : politique / Médias : Désinformation

Mediapart découvre le poids de la Manif pour Tous en France et en Europe

Mediapart découvre le poids de la Manif pour Tous en France et en Europe

En juin 2013, Mediapart évoquait

La lente dislocation du collectif “Manif pour tous”. Que reste-t-il de la “Manif pour tous” ?

En juin 2024, Mediapart souligne cette fois :

Parmi les membres d’Agenda Europe figuraient, selon l’EPF, d’autres Français, comme Ludovine de La Rochère, qui présidait La Manif pour tous, devenue Le Syndicat de la famille, après avoir été chargée de communication de la Fondation Jérôme Lejeune, ou encore Émile Duport, également ancien de La Manif pour tous et créateur du mouvement anti-IVG « Les Survivants ».

C’est compliqué de suivre l’actualité avec Mediapart :

Auparavant rassemblés sous l’organisation Agenda Europe, née en même temps que La Manif pour tous, les mouvements antichoix se multiplient en Europe. Dans la ligne de mire de cette galaxie chrétienne conservatrice, le droit à l’avortement et les personnes LGBT+.

Des figurines en forme de fœtus envoyées par courrier, ou prises en photo, au creux d’une main, et diffusées par mail à l’ensemble des député·es europée·nnes. L’appel au visionnage d’une vidéo, affichant près de 10 000 vues depuis le 22 mars, dans laquelle trois femmes anonymes témoignent de leurs avortements traumatisants, qui auraient été « subis », la société n’ayant « rien prévu pour les protéger des pressions ». Ou encore, pas plus tard que le 15 mai, l’invitation à une rencontre entre des parlementaires et « un collectif de femmes » ayant avorté.Telles sont certaines des méthodes du Centre européen pour le droit et la justice (European Centre for Law & Justice, ECLJ), une ONG accréditée aux Nations unies et association de droit local, catholique conservatrice, pour tenter, tour à tour, d’empêcher la constitutionnalisation de l’IVG en France ou le vote d’une résolution pour inscrire l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Issu du très influent American Center for Law and Justice (ACLJ), organisation américaine chrétienne et conservatrice, l’ECLJ fait aujourd’hui partie des principaux groupes de pression anti-IVG en Europe, qui se fédèrent depuis une dizaine d’années et gagnent en influence.

En 2013, le directeur de l’ECLJ, Grégor Puppinck, faisait partie du réseau « Agenda Europe » (selon un rapport du Forum parlementaire européen sur la population et le développement, l’EPF) qui s’attache à améliorer la santé et les droits sexuels et reproductifs. Soit d’un groupe « inspiré par le Vatican » ayant pour but de « restaurer l’ordre naturel ». Autrement dit, de faire reculer l’accès à la contraception, à l’avortement, mais aussi les droits des personnes LGBT+.

À sa création, le manifeste de l’organisation établissait cinq priorités : déployer des stratégies contre l’euthanasie, pour la liberté de religion, pour le mariage et la famille, contre la législation antidiscrimination et contre la gestation pour autrui (GPA). L’auteur, anonyme, y défendait notamment « la réintroduction de lois réprimant l’homosexualité » face aux « effets dangereux de la décriminalisation de la sodomie », ou encore que « l’acceptation des relations homosexuelles, lesbiennes et (finalement) pédophiles semble donc une conséquence logique de l’acceptation de la contraception artificielle ».

Un lobbying antidroits humains qui a porté ses fruits dans certains pays, selon l’EPF, les membres d’Agenda Europe ayant réussi à freiner l’avancée des droits LGBTI en Croatie en 2013 puis en Slovénie en 2015 via des pétitions. En septembre 2016, la proposition de loi « Stop à l’avortement » portée par la fondation privée Ordo Iuris, dont le président et le conseiller juridique appartenaient à Agenda Europe, a été présentée en séance plénière au Parlement polonais.

En 2019, cette même organisation était également à l’origine d’une « Charte des droits de la famille », signée par de nombreuses collectivités locales dites « sans LGBT ». À l’échelle européenne, le Slovaque Ján Figeľ, qui était aussi membre d’Agenda Europe, était nommé en 2016 par la Commission européenne premier « envoyé spécial pour la promotion de la liberté de religion et de conviction en dehors de l’Union européenne ».

Parmi les membres d’Agenda Europe figuraient, selon l’EPF, d’autres Français, comme Ludovine de La Rochère, qui présidait La Manif pour tous, devenue Le Syndicat de la famille, après avoir été chargée de communication de la Fondation Jérôme Lejeune, ou encore Émile Duport, également ancien de La Manif pour tous et créateur du mouvement anti-IVG « Les Survivants ».

Interrogée à ce sujet, Ludovine de La Rochère assure qu’elle « ne connaît pas du tout les membres de cet Agenda Europe », et raconte avoir simplement reçu, entre 2016 et 2019, « une dizaine de mails » provenant de cette organisation. Grégor Puppinck n’a quant à lui pas répondu. Car si Agenda Europe n’existerait aujourd’hui plus sous cette forme, selon Neil Datta, directeur exécutif de l’EPF, ce réseau conservateur catholique a continué de tisser sa toile.

« Force est de constater qu’on retrouve dans chaque événement organisé autour de ces questions les mêmes organisations religieuses, les mêmes acteurs. C’était par exemple le cas au sommet sur la démographie à Budapest. Même s’ils n’ont plus une structure uniforme, ces associations ultraconservatrices existent encore », observe Amandine Clavaud, codirectrice des études à l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes de la Fondation Jean Jaurès.

Organisé à l’initiative du premier ministre hongrois Viktor Orbán, ce « sommet démographique » sur la famille  accueillait, en septembre 2023, la première ministre italienne Giorgia Meloni, les présidents serbe et bulgare, Aleksandar Vučić et Rumen Radev, mais également des présidents d’organisations internationales profamille et conservatrices comme la présidente de Family Watch International, le directeur de l’International Federation for Family Development (IFFD) Ignacio Socías, le directeur exécutif d’Alliance Defending Freedom (ADF) Paul Coleman, ou encore l’ancienne présidente hongroise Katalin Novák, du parti d’extrême droite Fidesz.

Amandine ClavaudUn de leurs nombreux points communs ? La plupart sont cité·es dans un autre rapport de l’EPF, nommé « La partie émergée de l’iceberg », qui liste cette fois les financements antigenre. Paul Coleman comme Sharon Slater, de Family Watch, faisaient en outre partie des membres actifs d’Agenda Europe, listés par l’EPF.

Chaque année ou presque, on retrouve peu ou prou ces mêmes protagonistes au Congrès mondial des familles. En 2019, son édition italienne, à Vérone, était sponsorisée par Generazione Famiglia, « La Manif pour tous » italienne, ou encore CitizenGO, « un des groupes de lobby chrétien les plus importants aujourd’hui à l’ONU », selon Jeanne Hefez, chargée de plaidoyer pour l’ONG Ipas, qui œuvre pour faire progresser l’accès à l’avortement et à la contraception dans le monde.

À propos du poids politique de ces groupes, Amandine Clavaud alerte : « Certaines de ces organisations sont accréditées aux Nations unies. Elles bénéficient du statut Ecosoc, alors que des associations de la société civile féministes ont parfois du mal à l’obtenir. » Parmi les organisations disposant d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l’ONU figuraient en 2022, outre l’ECLJ de Grégor Puppinck, la Fondation Jérôme Lejeune, SOS Éducation, Alliance VITA, l’association conservatrice Juristes pour l’enfance, composée d’anciennes de LMPT et… La Manif pour tous elle-même.

Interrogée à ce sujet, sa présidente, Ludovine de La Rochère, affirme que son mouvement « intervient à l’ONU depuis 2015 », et ce « sur la question de l’exploitation reproductive, notamment à travers des prises de parole ».

À un niveau transnational, sont aussi accrédités l’Alliance Defending Freedom (ADF), qui a récemment soutenu la procédure judiciaire d’élus d’extrême droite, dont Éric Zemmour, à la suite de l’annulation d’une conférence à Bruxelles, mais aussi le groupe de pression espagnol anti-IVG, antimariage pour toutes et tous et anti-euthanasie HazteOir, qui a fondé CitizenGO, et qui figure également dans la liste des principaux bailleurs de fonds anti-genre en Europe.

À l’échelle européenne, certaines de ces organisations se retrouvent dans l’« initiative citoyenne européenne » (ICE) One of us « pour la défense de la vie et de la dignité humaine ». En premier lieu la Fondation Jérôme Lejeune et l’ECLJ, mais aussi l’Alliance VITA, les Associations familiales catholiques (AFC), HazteOir et CitizenGO. Rejetée par l’Union européenne, One of us s’est depuis transformée en fédération.

Qu’à cela ne tienne : une autre initiative citoyenne européenne a été enregistrée en 2015 auprès de la Commission européenne « pour protéger le mariage et la famille ». Nommée « Mum, dad and kids » et rappelant le slogan principal de LMPT, celle-ci est portée par une dizaine de personnes, parmi lesquelles encore Ludovine de La Rochère et Grégor Puppinck. […]

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6 commentaires

  1. Article très détaillé de Mediapart qui ressemble à un rapport écrit par un informateur de la police politique de la Stasi est-allemande d’Erich Honecker ou de la Securitate roumaine sous Nicolae Ceausescu; rapport que Mediapart pourrait intituler : “activités subversives de groupes contre-révolutionnaires et réactionnaires dénonçant l’infanticide intra-utérin”.

  2. Bravo à ces courageux qui défendent la loi naturelle avec une intelligence et un zèle hors du commun. Merci à Médiapart de nous informer si précisément sur ces associations et fédérations d’associations et de constater l’expansion de leur enracinement profond. Je sais désormais que je peux participer, par exemple, au financement de citizengo que je n’identifiais pas jusqu’à présent. Cette information (donnée par notre ennemi) fait l’état des forces de reconstruction de notre civilisation à l’oeuvre dans le domaine de la vie et de la famille, colonnes de base de l’édifice. Courage : un vaste mouvement de résistance est en marche comme une attention soutenue nous permet de le deviner à travers d’autres manifestations : le pélérinage de Notre-Dame de Chrétienté par exemple et l’émergence de bien d’autres initiatives.
    A nous de participer à ce large mouvement par le soutien que nous pouvons apporter à telle ou telle de ses branches.

  3. Il existe encore ce torchon bolchévik, le petit homme gris qui le dirige avec sa moustache à la Hitler doit être vert de rage qu’il y est des gens intelligents qui soient contre l’avortement, les invertis, la GPA et toutes ces sornettes modernistes éculées qui ne sont rien de moins que des régressions . Il va falloir qu’il se recycle là où il serait le mieux serait la Corée du nord il ne déparerait pas dans le paysage politique

  4. C’est rigolo comme article car c’est comme un négatif de nos convictions.

  5. Longue vie à l’ECLJ – et je propose “l’aide à mourir dans la dignité” pour Mediapart !

  6. Et les membres de l’EPF, la Fondation Jean-Jaurès et l’IPAS, ils sont la partie émergée de l’iceberg de qui ?
    Ils ne précisent évidemment pas que l’initiative One of Us a été rejetée au mépris de toutes les règles européennes, car elle répondait à tous les critères pour être entendue. Prions pour que ça n’arrive plus avec l’aide du nouveau parlement élu hier.

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