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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Mercredi des Cendres

Mercredi des Cendres

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir. Vous aurez la totalité des textes sur le site et nous ne pouvons que vous encourager à vous abonner à la newsletter hebdomadaire en cochant dans la case adéquate sur la page d’accueil.

Les chants de la Quinquagésime étaient empreints de joie et d’espérance car, avant d’aborder les pénitences du Carême, l’Église veut nous faire entrevoir la victoire finale de la Résurrection qui en constitue le but. Les trois jours qui nous séparent du mercredi des Cendres étaient autrefois des jours de grandes réjouissances, parfois même d’excès. Il avait même été institué dès le XVIe siècle la prière des 40 heures, une adoration au Saint Sacrement pour réparer ces débordements et ces désordres. Les festivités du Carnaval durent donc jusqu’au mardi, dit Mardi gras, veille du mercredi des Cendres, jour d’entrée en Carême.

Le Carême commence le mercredi des Cendres ainsi appelé parce qu’en ce jour on bénit des cendres que l’on impose en forme de croix sur le front des fidèles. Les cendres, comme la poussière, sont l’emblème de la fragilité et de la destruction des choses d’ici-bas, du néant et de la mort de l’homme, de la douleur et de la pénitence. La cérémonie des Cendres est un vestige d’une ancienne pratique qui ouvrait le Carême.

Pendant l’imposition des Cendres, le chœur peut chanter plusieurs antiennes dont celle-ci :

Immutémur hábitu, in cínere et cilício…
Changeons de vêtement, couvrons-nous de cendres et du cilice, jeûnons et pleurons devant le Seigneur, car Dieu, tout miséricordieux est prêt à nous remettre nos péchés.

Les paroles ne sont pas à proprement parler dans l’Écriture mais on les trouve en divers livres, notamment en Joël.

La mélodie est pénétrée de confiance et de paix. Nous sommes en compagnie des moines bénédictins de Triors qui ont complété judicieusement le disque sur les messes de la Septuagésime avec le mercredi des Cendres.

Continuons avec une autre antienne qui peut être chantée lors de l’imposition des Cendres : Juxta vestíbulum

Entre le vestibule et l’autel se lamenteront les prêtres et les lévites du Seigneur et ils diront :
Épargnez, Seigneur, épargnez votre peuple et ne fermez pas la bouche de ceux qui chantent vos louanges.

C’est l’ordre donné par Joël pour la pénitence. La mélodie commence par une plainte sombre puis se transforme en une prière très suppliante.

Achevons la cérémonie de l’imposition des Cendres avec le répons Emendémus dont le texte s’inspire de nombreux passages d’Esther et de Joël :

Réparons par une vie meilleure les péchés que, dans notre ignorance, nous avons commis ; de peur que soudain préoccupés, le jour de la mort, nous cherchions le temps de la pénitence sans pouvoir le trouver.

Et voici la dernière phrase qui est reprise comme refrain après les versets, et dont le texte tiré du prophète Baruch est aussi le refrain d’un chant populaire du Carême que nous aurons l’occasion d’écouter prochainement :

Atténde Dómine et miserére, quia peccávimus tibi
Soyez attentif, Seigneur,  et ayez pitié, car nous avons péché contre Vous.

La mélodie de cette phrase s’enfonce dans le grave sur le mot miserére d’une façon très expressive.

Ce répons comme c’est généralement le cas comporte deux versets dont le 2e est le Glória Patri. Le texte du 1er est pris dans le psaume 78 ; c’est un refrain du temps de Carême, que l’on retrouve dans le Trait de la messe de ce mercredi des Cendres.

Adjúva nos, Deus salutáris noster : et propter honórem nóminis tui, Dómine líbera nos…
Venez à notre secours, ô Dieu qui opérez notre salut, et pour l’honneur de votre nom, délivrez-nous, Seigneur.

 Ainsi nos méditations de Carême doivent-elles porter en nous des fruits de conversion, de zèle et de charité accrus. Après un grand élan vers l’aigu à l’intonation, la mélodie redescend calmement pour se terminer dans une ambiance contemplative.

Après le répons Emendémus chanté pendant l’imposition des cendres aux fidèles ce Mercredi des Cendres, passons à quelques chants du propre de la messe qui suit cette cérémonie. Elle commence par un nouvel introït plus développé que celui qui précédait la bénédiction des Cendres : le texte vient du livre de la Sagesse, et plus précisément d’une grande prière de louange à Dieu pour sa miséricorde toute puissante :

Miseréris ómnium, Dómine, et nihil odísti eórum quæ fecísti,
Vous avez pitié de tous, Seigneur, et vous ne haïssez aucun de ceux que vous avez créés ;

Dissímulans peccáta hóminum propter pæniténtiam, et parcens illis quia tu es Dóminus Deus noster.
Vous dissimulez les péchés des hommes à cause de leur repentir et vous leur pardonnez car vous êtes le Seigneur notre Dieu.

Il s’agit donc d’une affirmation de la miséricorde divine, et de notre certitude d’être pardonnés si nous nous reconnaissons humblement pécheurs. Elle s’exprime par une mélodie expressive, d’abord calme et grave, puis s’élevant dans la 2e phrase en un grand crescendo vers le mot pæniténtiam, le repentir, avant de retrouver dans la dernière phrase une affirmation calme et solennelle.

Cet introït est accompagné par le 1er verset du psaume 56, que nous allons retrouver au graduel. C’est une prière suppliante, faisant appel à cette miséricorde divine que nous venons d’affirmer :

Miserére mei, Deus, miserére mei, quóniam in te confídit ánima mea.

Ayez pitié de moi, mon Dieu, ayez pitié de moi, car mon âme met en vous sa confiance

Après l’introït de la messe du Mercredi des Cendres, en voici maintenant le graduel, où nous retrouvons exactement, dans la 1re partie, le 1er verset du psaume 56 qui accompagnait l’introït.

Ce psaume est une des nombreuses prières suppliantes de David dans un grand danger et le mot miserére répété deux fois montre l’intensité de cette supplication. Mais celle-ci reste pleine de confiance, et la 2e partie du graduel reprend un verset suivant du psaume qui est déjà une action de grâces pour la délivrance entrevue :

Misit de cælo, et liberávit me :
Il a envoyé du ciel son secours et m’a délivré ;

dedit in oppróbrium conculcántes me.
Il a couvert d’opprobre ceux qui me foulaient aux pieds.

La mélodie est dans l’ensemble calme et douce. Le 1er miserére se tient humblement dans le grave, et le 2e s’élève en un beau crescendo, toute la suite se déroulant en souples ondulations.

Le graduel du Mercredi des Cendres est suivi d’un Trait, comme c’est le cas pour les dimanches de ce temps liturgique, mais celui-ci n’est pas propre à cette messe et n’en faisait pas partie primitivement, les messes des féries de Carême ne comportant d’abord qu’un  chant après la 1re lecture ; il a été rajouté par la suite à toutes les messes des lundis, mercredis et vendredis de Carême. C’est vraiment un refrain de ce temps liturgique.

Le texte est un peu hétéroclite puisque les trois versets qui le composent sont empruntés à deux psaumes différents. Le premier modifie d’ailleurs quelque peu un verset du psaume 102, grand cantique de louange pour les merveilles de la création et les bontés dont le Seigneur nous comble. Le texte affirmatif du psaume chantait les bienfaits du pardon divin. Il est ici mis à la 2e personne transformé en prière de demande :

Dómine non secúndum peccáta nostra, quæ fécimus nos :
Seigneur ne nous traité pas selon les péchés que nous avons commis : ni selon nos fautes.

Les deux autres versets sont pris littéralement dans le psaume 78, dans lequel le peuple d’Israël vaincu et envahi reconnaît dans ses malheurs le châtiment de ses péchés et supplie le Seigneur de les pardonner.

Seigneur ne vous souvenez pas de nos fautes d’autrefois. Que vos miséricordes s’avancent vite au devant de nous, car nous sommes devenus très malheureux. Secourez-nous, ô Dieu notre sauveur, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous, pardonnez-nous nos péchés à cause de votre nom.

On voit que ce texte insiste beaucoup sur le nom du Seigneur, ce qui est dans la bible, nous l’avons vu à l’introït de ce dimanche, une manière de lui rappeler ses promesses. Traditionnellement on se met à genoux durant le chant de ce 3e verset ce qui accentue encore son caractère suppliant.

Le texte de l’offertoire de cette messe du Mercredi des Cendres est formé des 1ers versets du psaume 29, encore un cantique d’action de grâces de David, délivré des périls qui l’entouraient. Nous entendrons de nouveau  cette pièce car elle a été reprise au XIe dimanche après la Pentecôte.

 Exaltábo te Dómine, quóniam suscepísti me,
Je vous glorifierai Seigneur parce que vous m’avez relevé et que vous n’avez pas réjoui mes ennemis à mes dépens.

Nec delectásti inimícos meos super me Dómine clamávi ad te
Seigneur j’ai crié vers vous

Et sanásti me.
Et vous m’avez guéri.

L’abbé Ferdinand Portier a longuement décrit cet offertoire dans un numéro d’Una Voce de 2001. Il s’adressait toujours à des chantres. Écoutons-le commenter, Sanásti me – vous m’avez guéri :

Ce dernier mot sanásti me, malgré ses tristrophas ne semblera point long ni à vous, ni à ceux qui vous entendront. En effet vous avez tant de remerciements à adresser au Seigneur, que, de vous-même, vous ne serez nullement pressé d’en finir et vous serez heureux que toutes ces valeurs longues se présentent à vous pour redire à Dieu votre merci sans fin. Il en est ainsi quand la contemplation se joint à la reconnaissance. Les neumes se prolongent sans même qu’on s’en aperçoive tellement le cœur est attaché à Celui qui lui a porté secours.

Ainsi « la prière chantée de l’Église » doit développer en nous de vrais sentiments de piété et de reconnaissance ! Redites dans cet esprit les neumes répétés qui sont indiqués sur votre livre à sanásti et vous terminerez, sans terminer, car le Seigneur est toujours à nos côtés pour nous secourir. Sa miséricorde est sans limite.

L’antienne de communion de cette messe est extraite du psaume 1 :

Qui meditábitur in lege Dómini die ac nocte, dabit fructum suum in témpore suo.
Celui qui médite jour et nuit la loi du Seigneur donnera son fruit en son temps.

La mélodie est un beau mouvement de joie, simple et alerte au début, puis plus intérieure dans sa dernière partie.

Citons derechef feu l’abbé Ferdinand Portier qui a commenté durant de nombreuses années des pièces de grégorien dans la revue Una Voce et qui achevait ainsi, à propos de cette antienne :

Chantez cette communion pour mieux accorder votre âme à la Divinité et continuez votre méditation, jour après jour, pour vous hausser sans cesse et mériter de nouvelles grâces d’union.

Quand il s’agit des choses humaines nous savons bien nous dépenser, à fortiori devons-nous le faire avec une plus grande joie quand il s’agir d’aimer un Amour qui ne cesse de se donner pour nous !

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