Extrait de l’entretien donné par Mgr Aillet dans Présent, paru samedi :
“N’y a-t-il pas une petite confusion qui se fait actuellement
chez certains catholiques, qui disent : « Alors, finissons-en avec le
mariage civil, et faisons des mariages religieux sans mariage civil. »
Sans penser à la nécessité de régler les aspects civils du mariage.
Qu’en pensez-vous ?
Moi, je n’en suis pas là. Et je crois qu’il faut pas trop jouer
avec cela, car nous sommes déjà dans une société sécularisée, dominée
par cette loi de séparation des Eglises et de l’Etat, où on a tendance,
et plus que tendance, à confiner les religions, et en particulier
l’Eglise, dans la sphère du privé. Alors si aujourd’hui on renonce à
cette loi, eh bien dans le contexte civil dans lequel nous sommes
aujourd’hui, cela reviendrait une fois de plus à se retirer de l’espace
public, et à donner des bâtons pour nous faire battre.Et donc je n’en suis pas encore là. Et c’est pour cette raison que
je pense qu’il est utile de conserver droit de cité au mariage. Pourquoi
en est-on aujourd’hui à l’idée folle d’un mariage entre personnes de
même sexe ? Tout simplement parce que dans la société, et parfois même
chez beaucoup de chrétiens hélas, le mariage n’a plus vraiment de
valeur. Et c’est d’ailleurs ce que nous diront nos adversaires, ou en
tout cas ceux qui défendent ce projet de loi, en particulier des
parlementaires ou des députés et des sénateurs socialistes. Ils diront :
« Mais de toute façon, le mariage n’a plus de valeur ! Donc,
qu’importe ? » Si le mariage n’a plus de valeur au civil, il aurait
encore de la valeur pour les derniers des Mohicans que nous sommes. Mais
cela reste encore le moyen d’évangéliser le mariage et la famille que
de maintenir ce socle anthropologique de la société.Vous évoquez le point de départ de la mobilisation dans les
propos du cardinal Vingt-Trois et dans ceux du cardinal Barbarin. Il y a
eu avant cela – je ne dis pas qu’il y ait un rapport – la décision de
l’institut Civitas de lancer une manifestation, décision antérieure au
mois d’août. Il y a d’ailleurs eu des tentatives de conciliation avec la
Manif pour tous qui ne se sont pas concrétisées. Cela veut-il dire que
le cardinal Vingt-Trois a vécu cela un peu comme un aiguillon ? Peut-on
dépasser cette « distinction » entre catholiques ?Je ne peux pas répondre à la place du cardinal Vingt-Trois. Je ne
sais pas dans quelle mesure, quand il lançait cette prière du 15 août,
il y a eu un lien, ou non, avec l’initiative de Civitas. Je pense que
Civitas – que je n’ai pas, moi, accusé de quoi que ce soit – qui s’est
mobilisé en effet, n’a pas la surface, disons la crédibilité ecclésiale
et sociale pour pouvoir mener, seul, un combat comme celui-là. Je pense
donc qu’il y a un moment où il faut dire qui est le plus crédible, ou
qui sont les plus crédibles pour lancer un mouvement qui nous dépasse
nous-mêmes. On n’est pas là pour se défendre soi-même, ni pour se mettre
en scène. Voilà. C’est tout. Mais je ne porte pas de jugement. Je pense
qu’il faut que le consensus soit le plus large possible, et que tout le
monde a le droit de marcher avec tout le monde.”
Dimanche 13, Mgr Aillet célèbrera la messe à 10h30, à la chapelle de ND des Champs, 20 bis rue Notre Dame des Champs.