Suite à la provocation, Mgr Marc Aillet déclare à Famille chrétienne :
"Il ne faut pas dramatiser. Cet incident a eu lieu dans le cadre d’un carnaval dont l’exercice de style prête à un humour grinçant et à la caricature. Cela dit, on n’imaginerait pas un représentant d’un autre culte victime d’une telle mascarade. Ce qui m’inquiète, c’est que la laïcité devient parfois hyper agressive. Cette dérive est grave pour la laïcité qui implique par définition le respect des croyances et des opinions. Franchement, j’ai mal à ma laïcité ! En France, on devrait pouvoir porter des convictions sans s’excuser.
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent justement de tenir des discours « réactionnaires » ?
J’ai la conviction de m’appuyer sur les affirmations très fermes du pape François lui-même. Je pense par exemple à sa réponse aux journalistes dans son avion de retour du Mexique : « L'avortement n'est pas un mal mineur, c'est un crime. » En 2015, le pape avait déjà comparé l’avortement au terrorisme. Cette parole prophétique n’est pas politiquement correcte. Mais je crois qu’il revient à l’Église catholique de prendre la défense des plus vulnérables. Les enfants à naître et tous les autres hommes qui ont besoin de protection.
En France ou aux États-Unis, la protection de la vie est-elle le fait des conservateurs ?
Cette vision politique ne me satisfait pas du tout. Ce qui importe, c’est d’abord la souffrance à la pensée de tous ces enfants innocents supprimés avant leur naissance. C’est une question qui relève des droits humains et pas du conservatisme !
Pourquoi la parole est-elle interdite en France sur l’avortement ?
Nous, hommes d’Église, nous devons assumer un certain passif. En 1975, lors de la loi Veil, les évêques n’ont pas voulu réagir pour des raisons que je ne veux pas juger. Le légal est devenu moral dans la conscience de beaucoup de Français, y compris parmi les catholiques. Notre silence sur la gravité de l’avortement a suscité beaucoup de méprises. Résultat, l’opinion est sous le choc quand un évêque dénonce la gravité de l’avortement.
Quelle est la réponse de l’Église au-delà de la défense des principes ?
Charité et vérité vont ensemble. Le pape François a raison de comparer l’Église à un hôpital de campagne. J’essaye de soutenir la mise en place d’une maison maternelle dans mon diocèse – naissance et vie 64 – à destination des jeunes femmes qui cherchent un soutien dans leur grossesse. Dans le même esprit, nous avons ouvert un accueil Louis et Zélie avec une quinzaine de bénévoles. Ils reçoivent tous ceux qui souffrent de problèmes de couple, notamment face aux grossesses non désirées.
Comment rester serein face à une attaque ad hominen ?
En pleine année de la miséricorde, il faut aimer ses ennemis, prier pour ceux qui nous persécutent et surtout bénir ceux qui nous maudissent ! Ce n’est pas toujours facile. Cet événement me donne l’occasion de m’y mettre en fixant mon regard sur Jésus. Quand le Seigneur revient dans sa ville de Nazareth, le récit de saint Luc nous montre qu’il allait son chemin au milieu de ceux qui voulaient le précipiter en bas de la falaise. Jésus témoigne d’une grande paix et d’une liberté souveraine. Voilà notre modèle."