Le Primat des Gaules était interrogé hier par le Parisien, et s'est prononcé, entre autres sujets, sur le vote des catholiques et sur le renouveau de la foi en France :
[…]La France est-elle indifférente au sort des chrétiens d’Orient ?
Non, traditionnellement, elle est leur protectrice. Ce n’est pas du baratin. Elle est, par exemple, actuellement active pour aider à la reprise de Mossoul, en Irak. En revanche, elle se sent peut-être moins concernée par le martyre des coptes d’Egypte, alors qu’une église au Caire vient d’être la cible d’un attentat de l’Etat islamique qui a fait 27 morts. Je le regrette. Pour des raisons historiques, notre engagement en Irak, en Syrie ou au Liban est beaucoup plus fort.
La communauté catholique a-t-elle suffisamment tendu la main aux migrants ?
Plus que suffisamment, puisque toutes les propositions d’accueil émanant des paroisses n’ont pas été satisfaites. Quand des familles venues d’ailleurs, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes, débarquent en France, on leur ouvre nos portes mais nous nous attendions à voir arriver beaucoup plus d’Irakiens ou de Syriens chrétiens chassés de chez eux.
[…]La Conférence des évêques de France a publié une longue lettre dans laquelle elle appelle les habitants à retrouver «le sens du politique», François Fillon, lui, doit sa victoire aux primaires en partie à l’électorat catholique. Plus que jamais, les «cathos» veulent peser dans le débat public ?
On a toujours publié des documents avant les élections pour dire : Attention, c’est une échéance importante. Ce pays, on l’aime, et voter, c’est prendre ses responsabilités. Nous n’avons pas pris position sur les primaires. Mais que les chrétiens votent en fonction de leurs convictions, c’est la moindre des choses.
Que dîtes-vous aux catholiques qui entendent voter FN à la présidentielle ?
Je leur dis : Votez pour ce qui vous paraît être le bien véritable de ce pays, pour celui qui fera progresser la paix, la sécurité, l’emploi, l’éducation, la santé, le respect des plus petits…. Et pas parce que vous êtes révoltés et que vous jugez que les politiques sont pourris. Il est facile de tout critiquer. On a le droit de contester, mais il faut surtout construire. A mon avis, chacun doit voter d’abord pour le candidat qui lui semble le plus apte à exercer la fonction. […]
En ces temps d’incertitudes et de peurs, percevez-vous un renouveau de la foi ?
Pas assez ! Mais oui, il y a énormément de gens qui s’approchent, qui se réveillent. C’est très touchant. Quand je suis arrivé dans le diocèse de Lyon en 2002, 60 adultes demandaient la confirmation chaque année. Maintenant, j’en compte 350. Parmi eux, des fidèles de 60, 70 et même 80 ans ! Chez les jeunes aussi, je constate un changement. Dans les années 80, ils contestaient le curé, les sacrements… Maintenant, ils me disent : Cela va être dur d’être chrétien, alors expliquez-nous comment faire pour prier, pour se confesser… On ne leur a pas donné assez de repères alors ils en cherchent pour la solidité de leur vie. Ce renouveau est peut-être lié à une déstabilisation générale.[…]