Trente ans après les sacres au cours desquels Mgr Marcel Lefebvre avait transmis l’épiscopat à quatre prêtres le 30 juin 1988, le supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, Mgr Bernard Fellay, est revenu dans un entretien consacré au Tagespost sur cet évènement, le contexte de l’époque, en précisant les motifs des différends et en se disculpant de certaines accusations journalistiques. Il en a profité pour aborder la question de la régularisation de la Fraternité, indiquant que la solution raisonnable était « la prélature personnelle » :
« Je suis optimiste. Mais je ne peux pas précéder l'heure de Dieu. Si le Saint-Esprit est capable d'influencer le pape actuel, il fera la même chose avec le prochain. C'est de fait ce qui s'est passé. Aussi avec le pape François. Quand il a été élu, j'ai pensé : maintenant l'excommunication arrive. Cela a été le contraire : le cardinal Müller a voulu obtenir notre excommunication et le pape François a refusé de le faire. Il me l'a dit personnellement : « Je ne vais pas vous condamner ! » La réconciliation va venir. […] »
« Depuis des années, nous travaillons de concert avec Rome pour rétablir la confiance. Et nous avons fait de grands progrès malgré toutes ces réactions. Si nous parvenons à un accord raisonnable avec des conditions normales, très peu resteront en retrait. Je ne crains pas tellement une nouvelle division dans la Tradition, si une bonne solution est trouvée avec Rome. Nous pouvons désormais contester certains points du Concile. Nos interlocuteurs à Rome nous ont dit : les points principaux – la liberté religieuse, l’œcuménisme, la nouvelle messe – sont des questions ouvertes. C'est un progrès incroyable. Jusqu'à maintenant, on nous disait : vous devez obéir. Aujourd’hui des membres de la Curie nous disent : vous devriez ouvrir un séminaire à Rome, une université pour la défense de la Tradition… – Tout n’est plus noir ou blanc. »
À propos du pape François, Mgr Fellay a indiqué avoir de bons rapports :
« Nous avons une très bonne relation. Si nous lui faisons savoir que nous sommes à Rome, sa porte nous est ouverte. Il nous aide à une moindre échelle. Il nous a par exemple dit : « J'ai des problèmes quand je fais quelque chose de bien pour vous. J'aide les protestants et les anglicans, pourquoi ne puis-je pas aider les catholiques ? » Certains veulent empêcher un accord, car nous sommes un élément perturbateur dans l'Eglise. Le pape se trouve entre les deux. »
À partir du 11 juillet s’ouvrira le 4e chapitre général de la Fraternité Saint-Pie X à Écône qui désignera un supérieur général pour douze ans et deux assistants. D’après en.news, « beaucoup pensent que Mgr Fellay sera une nouvelle fois élu ».