L'évêque de Vannes s'inquiète également du matraquage fiscal généralisé :
"Samedi dernier, des heurts violents ont opposé en Finistère manifestants
et forces de l’ordre, au prix de blessés graves auxquels nous adressons
personnellement aujourd’hui toute notre solidarité et l’assurance de nos prières
pour leur rétablissement. J’appelle les Bretons à manifester concrètement leur
solidarité envers ces travailleurs que menacent aujourd’hui la précarité et le
chômage.Le point de
cristallisation des colères se fait aujourd’hui sur les portails
« écotaxe » mais le désarroi et le désespoir sont, plus largement, la
conséquence du « matraquage fiscal » généralisé qui empêche une
part croissante de la population de vivre dignement de son travail. Les
entreprises elles-mêmes sont prises à la gorge par une mondialisation sauvage effrénée
qui les contraint à mettre la clef sous la porte les unes après les autres,
victimes d’une concurrence déloyale.En 2013, comme en 1675 lors de la Révolte des Bonnets
rouges, ce sont les mêmes raisons qui poussent nos compatriotes à se
lever : le travail - leur travail –
est pour eux source et synonyme
d’identité et de dignité. Le sursaut salvateur de leur identité et de leur
dignité est sans doute ce qui explique le mieux leur soulèvement et leur forte
détermination.« Je suis un homme et rien de ce qui est
humain ne m'est étranger » disait le poète latin Térence. C’est le
même constat qui nous pousse aujourd’hui à manifester notre solidarité aux
personnes qui occupent les voies de circulation pour préserver la liberté
constitutionnelle d’aller et venir mais surtout, pour les employés, la liberté
de posséder une partie raisonnable du fruit de leur travail et, pour les
employeurs, la possibilité de constituer une trésorerie suffisante pour
investir et embaucher.Les crises économiques et sociétales qui divisent depuis
plusieurs années les Français ou les opposent à leurs gouvernants sont en
partie dues à l’ignorance ou au refus de ce que doit être une véritable action
politique : une attention, non seulement à l’intérêt général, mais surtout
au « Bien commun », c’est-à-dire au bien de tous les hommes et de tout
l’homme : l’homme, la femme, les enfants, ne peuvent se réduire à des
objets de consommation égoïste pas plus qu’ils ne peuvent être réduits en
esclavage par un ultra-libéralisme sauvage et agressif que ne parvient plus à
maîtriser un Etat affaibli, qui s’est volontairement soumis aux directives
supranationales d’une Union européenne ultra-libérale.Samedi prochain, à Quimper ou en Morbihan, de grandes
manifestations s’annoncent pour tenter de sauver une Bretagne au bord de
l’asphyxie. Ne croyons pas que les problèmes rencontrés par les agriculteurs ou
les routiers soient catégoriels et régionaux. Ces problèmes nous menacent tous,
ici et partout en France. Le bien légitime des uns est aussi celui du corps
social tout entier. C’est pourquoi j’encourage tous les Morbihannais, soucieux
du bien des autres, au-delà de leurs diverses sensibilités, à manifester leur
solidarité et leur engagement altruiste de la manière qu’ils jugeront la plus
utile.En ces jours où nous prions les Saints de Bretagne et les
défunts de nos familles, et à l’occasion du 500ème anniversaire de
sa mort, qu’Anne de Bretagne soit pour nous un guide,
elle qui fit graver dans le marbre de son contrat de mariage « pas
d’octroi sur mes terres », ce qui vaut encore aux Bretons aujourd’hui
la gratuité de leurs voies expresses…"