Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio répond à Corse Matin. Extraits :
"On peut dire qu'avec le slogan : « Le mariage pour tous »,
le gouvernement ne redéfinit pas le mariage, mais qu'il renonce à le
définir. Or le mariage fondé sur l'union d'un homme et d'une femme est
une des institutions de base de la société. La famille est la cellule de
base, le fondement de notre société. Il est dangereux de toucher à ce
socle, sans un véritable débat public. C'est la raison pour laquelle
j'ai tenu, hier soir à l'Empire à Ajaccio, une conférence sur le thème.
Je me rendrai également à Porto-Vecchio et Bastia.Les bases de la société telles que nous les connaissons, sont donc fragilisées par le mariage gay ?
Oui
sans aucun doute, dans la mesure où il va brouiller les repères. Cette
nouvelle loi nous fait croire qu'il s'agit d'un mariage, alors que, par
définition, il ne peut permettre de fonder une famille, en tout cas pas
une famille qui respecte le droit de l'enfant à avoir un père et une
mère.Pourquoi cette levée de boucliers alors qu'il ne s'agit que d'un mariage civil ?
L'Église
s'intéresse à tout ce qui touche à l'humain et à la société, or le
mariage civil est au fondement du lien social. Il intéresse donc
l'Église, mais pas seulement. Le débat n'est pas d'ordre religieux. Nous
ne remettons pas en cause ce mariage au titre de notre foi, mais pour
des questions anthropologiques. Toutes les grandes religions sont
d'ailleurs opposées à ce mariage, comme de nombreux athées ou encore des
personnes homosexuelles.Est-ce le terme qui vous semble mal approprié ?
C'est
à la fois le terme et la réalité du projet de loi qui sont
inappropriés. Le mariage, par définition, c'est l'union d'un homme et
d'une femme. Cette loi, si elle était votée, serait en quelque sorte un
mensonge public.Deux hommes ou deux femmes n'ont pas le droit de s'aimer et de s'unir ?
L'amour
entre deux êtres, c'est du domaine du privé. Lors d'un mariage civil,
l'État ne demande pas aux futurs époux s'ils s'aiment, par contre, il
faut qu'ils aient le désir de fonder une famille. C'est pourquoi le
mariage blanc est interdit.Seront-ils toujours acceptés au sein de l'Église ?
L'Église
est ouverte à tous parce qu'elle n'est pas un cercle de gens parfaits.
Elle est une communauté de personnes qui s'efforcent de conformer leur
vie à l'Évangile. Les personnes homosexuelles et catholiques ont donc
leur place dans l'Église, mais, comme tous les autres, elles ont à
suivre un chemin de conversion.Si demain, les
homosexuels obtiennent le droit d'adopter des enfants et qu'ils
demandent le baptême comment se positionnera l'Église ?Par
principe, le baptême d'un petit enfant n'est pas refusé, sauf si les
parents refusent de donner une éducation chrétienne à l'enfant. Il est
sûr que dans le cas d'un « couple » homosexuel, cela posera des
questions pastorales sur lesquelles nous devons encore réfléchir, je
pense en particulier à ce qui sera inscrit sur le registre de baptême : «
Qui est la mère ? » « Qui est le père ? »[…] Quant à l'avortement, c'est une question
dramatique et délicate. Derrière les statistiques il y a des femmes en
souffrance. Il est donc toujours délicat de parler de ce sujet. Mais
doit-il pour autant être tabou ? Qui ose parler aujourd'hui des
souffrances post-avortement, voire des dépressions qui peuvent survenir
après un tel acte ? Je crois qu'il faut un vrai débat sur cette
question.[…]"