Mgr Hubert Herbreteau, évêque d'Agen, vient de publier un message dont voici des extraits :
"Le projet de
loi concernant le mariage et l’adoption « pour tous » doit être présenté au
Conseil des ministres, le 7 novembre. L’examen de ce texte à l’Assemblée
nationale aura lieu dans la deuxième quinzaine de janvier 2013.Il suscite
aujourd’hui de nombreuses réactions. Comment dépasser un climat un peu trop
passionnel parfois ? Comment réfléchir aux enjeux humains d’un tel projet ? Les
chrétiens doivent prendre toute leur place dans un débat qui touche le fondement
même de notre société française. […]Il importe de constater ensuite que ce projet de
loi concernant les personnes de même sexe suscite des réactions qui manquent
souvent d’argumentation. Ce n’est pas suffisant d’affirmer : « Du moment que ces
personnes s'aiment, acceptons ce type d’union, faisons-le ! » On ne bâtit pas
une institution comme le mariage uniquement à partir de sentiments. De même,
lorsque l'on dit : « D'autres pays d'Europe l'ont bien fait, pourquoi pas
nous ? » L’argument n’est pas vraiment juste. Peu de pays, en fait, ont élaboré
le même type de projet. Et là où cela s’est réalisé, une évaluation correcte
a-t-elle été entreprise ? Ou encore, c’est trop facile de dire : « L'opinion
publique est pour, alors faisons-le !» Est-ce si sûr ?Ce qu’il faut surtout approfondir et préserver,
c’est l’institution du mariage civil, républicain. À travers cette institution,
la société reconnaît et protège le libre engagement de l’homme et de la femme
dans le respect mutuel, la fidélité et l'ouverture à la vie. 250000 mariages
sont célébrés en France chaque année et c'est toujours un événement important
pour ceux qui s'y engagent. La position des catholiques concerne avant tout le
mariage civil. Mais, bien sûr, la réflexion des catholiques est forcément
marquée par la lecture de la Bible et par l'importance qu’ils accordent au
sacrement du mariage chrétien. Ce que promeut l’Église, c'est une conception du
mariage et de la famille qui n'est pas une particularité confessionnelle.
L’Église se met simplement au service non pas d’abord d’elle-même mais tout
simplement de l'humanité.Alors que peut-on souhaiter ? Une réforme en
profondeur du mariage civil et de la filiation concerne tous les citoyens et
devrait faire l'objet d'un large débat. Pourquoi se presser ? Certes, il s'agit
d'une promesse du président actuel, mais sur une question qui touche à l'avenir
de notre société, la réflexion s'impose au plan juridique, psychologique,
philosophique.Ainsi, la question de l'égalité est une vraie
question. Mais l'égalité n'est pas la similitude. Le respect des droits
supposés de certains n’efface pas les droits réels des autres. Dans le cas de
l’adoption d’enfant par des personnes de même sexe, il y aurait à prendre en
compte non seulement le droit à l’enfant mais surtout le droit
de l’enfant. […]Ce qui doit nous interroger, c'est finalement le
rôle de l'État dans cette affaire. Doit-il satisfaire des demandes particulières
? Ne doit-il pas plutôt légiférer en vue du bien commun ? N’y aurait pas grand
profit à développer une réflexion d’ordre anthropologique ? C’est un fait : on
ne sait plus aujourd’hui parler de la dignité de la masculinité et de la
féminité. On récuse la différence sexuelle et on dissocie la sexualité de la
fécondité. […]"